Information
Une situation qui demeure précaire
Susceptible quant à son indépendance, inquiète quant à ses impératifs économiques, la presse ne connaît pas, au cours de cette année 1973-74, de drames qui révèlent aux feux de l'actualité l'instabilité de sa situation dans la société moderne. Par contre, elle doit faire face à des conflits dont l'issue ne sera pas sans effet sur son avenir.
C'est, d'abord, la plus « grande usine à information » qui est touchée : quatrième agence mondiale de presse (avec 919 journalistes et correspondants et 1 500 pigistes), l'Agence France-Presse (AFP) est paralysée par des grèves au milieu de l'année 1973 et en février 1974. L'Intersyndicale (SNJ, CGT, CFDT, FO) déclare : « On ne se contente plus de refuser toute embauche, pourtant indispensable à la vie même de l'agence, mais le personnel, payé déjà au seul barème syndical, se voit maintenant frustré de tout espoir de promotion. » Elle souligne également que « la crise présente provient essentiellement d'un statut de plus en plus inadapté aux réalités et au développement d'une agence mondiale, d'un mode de financement périmé mettant en danger la compétitivité de l'agence face à la concurrence internationale ». Le conseil d'administration autorise le P-DG Jean Marin à rétablir dans leur intégralité les crédits (400 000 F) du budget destiné aux primes et promotions et à l'embauche de sept nouveaux collaborateurs. Mais aucun crédit supplémentaire n'étant débloqué, des économies, des recettes supplémentaires et des transferts d'autres budgets doivent être envisagés. La crise prend une nouvelle ampleur lorsque les employés réclament une augmentation sous la forme d'une prime de 200 F et des réformes de structures à la veille du vote du budget par le conseil d'administration. Les tarifs des abonnements sont majorés de 13 %, et le maintien du statut d'indépendance de l'agence est réaffirmé par le ministre de l'Information à l'époque, Jean-Philippe Lecat.
À Combat, la rédaction entre en lutte avec la direction pour la qualité du journal. Plusieurs grèves aboutissent à une scission complète : Philippe Tesson, rédacteur en chef et éditorialiste, quitte le journal en raison de l'insuffisance des moyens techniques. Suivi par la rédaction, il crée en avril 1974 le Quotidien de Paris, mais Combat continue, « pauvre mais envié, libre, debout ». Malgré des offres d'achat formulées par des groupes politiques, son directeur, Henri Smadja, parvient à préserver son indépendance. Tout en pratiquant la politique d'austérité qui a toujours été la sienne, il réussit à améliorer sensiblement la qualité du journal.
À France-Soir, un conflit éclate, à propos du choix du directeur de la rédaction, entre la librairie Hachette et Jean Méo, directeur général délégué de France Édition et Publication. Le conseil de gérance fait appel à Henri Amouroux – avec le titre de directeur de France-Soir, donc des attributions plus étendues que celles de directeur de la rédaction –, ce qui entraîne la démission de Jean Méo.
Aux Échos, enfin, une demande d'amélioration des salaires et d'allégement des charges de travail provoque plusieurs arrêts de travail. La direction décide d'élaborer un contrat d'entreprise.
Nouveaux titres
Prolétariat, revue théorique et politique marxiste-léniniste et de la pensée de Mao Tsé-toung (juin 1973)
Prospectives prend la relève des Cahiers de prospective (août 73)
Bulletin quotidien, le « journal de l'essentiel », édité par la Société générale de presse (octobre 73)
Connaissance de l'histoire-Jésus, encyclopédie hebdomadaire (octobre 73)
L'appel, mensuel ayant pour but de « donner un contenu politique à la pensée gaulliste » (octobre 73)
L'économiste du tiers monde, bimestriel lancé par la société éditrice d'Afrique-Asie (janvier 74)
Investir, hebdomadaire économique et financier, lancé par les rédacteurs démissionnaires de la Vie française (janvier 74)
Larousse des animaux familiers, encyclopédie hebdomadaire des animaux de compagnie (février 74)
Le bavard, journal des avocats (février 74)