Pour le ministre de l'Équipement, c'est un choix difficile, d'autant qu'il y a dans cette région beaucoup de forêts privées, et que le ministère de la Défense nationale y possède des installations.

Pour certains, l'utilité même d'une autoroute n'est pas évidente. Ils suggèrent un simple élargissement de la RN 20 à quatre voies, quitte à aménager des déviations pour contourner les bourgs.

Il semble toutefois que le choix du ministre soit fait : le tracé suivra la RN 20 (à 2 km) et la voie ferrée Paris–Toulouse (à 4 km à l'ouest). Il épargnera la Sologne des étangs, mais laissera subsister une bande de forêt étroite, serrée par l'étau que constitueront la route à l'est et l'autoroute à l'ouest.

Limousin

Limoges rattrape son retard sur Poitiers

Pour le Limousin, 1973 constituera l'an I du désenclavement. Limoges devient une véritable plaque tournante d'où l'on peut rallier par la voie des airs Bordeaux en 35 minutes, Dijon en une heure, Paris en 80 minutes, Lyon en 90 minutes, Nancy en 2 heures. C'est depuis le mois d'avril 1973 que sont achevées les installations du jeune aérodrome de Limoges-Bellegarde et qu'a été mis en service l'ILS, permettant les atterrissages en toute sécurité, même en cas de mauvaise visibilité.

Aux trois lignes régulières qui fonctionnent déjà, Limoges–Paris (Air Inter), Limoges–Lyon et Bordeaux–Limoges–Dijon–Nancy (Air Limousin), vont, dans les mois qui suivent, s'ajouter de nouvelles liaisons.

Les 20 millions de F jusqu'alors consacrés à l'aéroport de Limoges-Bellegarde auront permis de mettre fin à l'isolement du Limousin, tout au moins pour le moyen le plus moderne de communication. S'il n'est pas question pour l'aéroport de Limoges de prétendre rivaliser dans les dix années à venir avec Clermont-Ferrand, on peut penser que le trafic y sera vite égal à celui de Poitiers.

Dans le domaine économique, Limoges a bénéficié d'heureuses retombées : Ferodo ainsi qu'un grand laboratoire suédois spécialisé dans la recherche ont décidé de s'implanter en zone industrielle, ce qu'ils n'auraient pas fait si la capitale du Limousin n'avait disposé d'un aéroport moderne et bien desservi.

Tous les moyen-courriers peuvent s'y poser. Si l'on en juge par les chiffres des premières semaines, le coefficient de remplissage des trois lignes régulières atteint 72 %, seuil que, dans leurs prévisions les plus optimistes, des responsables n'entrevoyaient que pour 1975. Il est vrai que Limoges constitue la tête de pont non seulement de l'ensemble des trois départements du Limousin, mais aussi d'une partie de la Charente, de la Dordogne, de la Vienne et de l'Indre.

Autour de Limoges existent des terrains satellites qui ne manqueront pas, par un système d'avions-taxis actuellement à l'étude, de drainer sur la capitale régionale une importante clientèle. Déjà Guéret a décidé de remplacer la piste en herbe de l'aérodrome de Saint-Laurent par une piste en dur de 940 m. Ussel envisage de porter de 600 à 1 200 m la longueur de sa piste goudronnée. Reste le problème de Brive, dont l'ambition avouée est de créer sa propre compagnie aérienne. Hélas ! l'actuel aérodrome de Brive-Laroche ne permet pas de trafic régulier. Sa piste en dur ne peut accueillir d'avions de plus de neuf places, et les approches du terrain sont extrêmement délicates.

L'aéroport de Limoges ne constitue qu'une étape dans le désenclavement du Limousin. Beaucoup reste à faire pour les routes et les voies ferrées. Côté SNCF, le Capitole, qui met Limoges à 2 heures 50 minutes de Paris et à 3 heures de Toulouse, ne peut faire oublier la grande misère des lignes transversales. Même la mise en service du turbotrain, en 1974, sur la ligne Bordeaux–Limoges–Lyon ne permettra de gagner qu'une heure entre Limoges et Lyon.

La grande liaison transversale routière Centre Europe–Atlantique, qui desservira tout le Limousin, ne prendra vraiment forme qu'en 1980. Et la pauvre RN 20 Paris–Limoges–Toulouse s'améliore à la vitesse des diligences, alors que l'autoroute Paris–Poitiers–Bordeaux ne va pas tarder à entrer en service. Il était temps que, d'un grand coup d'aile, le Limousin refasse son retard dans un domaine au moins.

Auvergne

Un tournant : le début du désenclavement

L'effort de désenclavement routier et aérien entrepris en 1972 marque un tournant pour l'Auvergne. Même s'il n'est pas ressenti directement par l'ensemble de la population, il devrait avoir d'heureuses répercussions pour l'avenir.