Élaboré par des technocrates parisiens, adopté par la municipalité qui participera avec l'État à son financement, ce plan écarte toute la circulation automobile du centre de la vieille ville et la dévie sur une rocade périphérique, elle-même reliée à l'échangeur de la future autoroute.
À peine connu, ce plan, qui devait en principe recevoir un commencement d'application au mois de septembre 1973, suscite l'hostilité des 129 000 habitants. Ils admettent difficilement de ne pas avoir été consultés au préalable par les Parisiens, et ne veulent pas être privés de l'usage de leur voiture au profit des autobus. Par le truchement des chambres de commerce, de l'Union des commerçants, des associations familiales et de la presse locale, ils ont manifesté leur opposition avec une telle virulence que le maire a dû déclarer que rien ne serait fait sans l'accord de ses administrés et nommer une commission extra-municipale chargée de concilier les points de vue.
Les hôteliers-restaurateurs (500 chambres nouvelles normes dans le centre) pensent que l'application stricte du plan éloignerait les touristes d'une ville qui leur serait ainsi fermée. Les commerçants ne sont pas moins inquiets malgré les avantages que pourraient leur procurer les deux rues piétonnières inscrites au plan. À tel point que certains grands magasins ont brutalement stoppé leurs investissements.
Alsace
Les vallées vosgiennes ne veulent pas mourir
Les électeurs des vallées vosgiennes ont voulu, à la faveur des élections, souligner leur mécontentement et leur inquiétude. Les vallées vosgiennes refusent d'être transformées en zones vertes de loisirs.
Brutalement, à l'occasion de manifestations organisées dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines ou dans la vallée de Schirmeck, les Alsaciens ont découvert qu'ils avaient leurs laissés pour compte de l'expansion, car l'industrialisation de la plaine d'Alsace a commencé à vider les vallées vosgiennes de leur main-d'œuvre et les usines de leurs capitaux.
Favorisée par l'aménagement du Rhin, qui se hérissa de barrages hydro-électriques et de zones industrielles bien placées à proximité des grands axes de circulation et de cités riches en ressources (Strasbourg, Colmar et Mulhouse), l'industrialisation de la plaine du Rhin a été relativement rapide. Mais l'essor connu par la plaine, la situation favorable du marché régional du travail qui ignore pratiquement le chômage (il est vrai que 25 000 travailleurs gagnent leur vie en Allemagne ou en Suisse) ne doivent pas faire oublier que l'expansion n'a pas été uniforme en Alsace. Elle a omis des secteurs qui demeurent insuffisamment développés au regard de la moyenne régionale. Les vallées vosgiennes se situent au premier plan de ces zones d'ombre.
Dans ces vallées, la situation économique pousse de nombreux travailleurs à émigrer, et les fermetures d'usines et de magasins sont nombreuses. À quoi s'ajoute l'exode rural, dû à la mauvaise rentabilité de l'agriculture de montagne. Enchaînement fatal : parce que la situation économique est peu favorable, une part croissante de population est obligée de trouver du travail ailleurs. L'émigration, à son tour, en hypothéquant les possibilités d'industrialisation, provoque de nouveaux départs.
C'est contre cet enchaînement que les populations des vallées vosgiennes s'élèvent. Leur action a provoqué une prise de conscience salutaire. Au rapport présenté en avril 1969 par le comité d'expansion régional sur les zones d'ombre de l'économie alsacienne est venue s'ajouter une étude précise et détaillée présentée en février 1973 par l'Organisation d'études, de développement et d'aménagement de la région Alsace (OEDA).
Cette étude, qui jette les bases d'orientation du VIIe Plan, insiste sur le devoir de solidarité dans le développement de la région : l'expansion ne doit pas laisser subsister des poches de sous-développement. Un groupe de travail, composé d'élus, de fonctionnaires, de représentants des organisations professionnelles et syndicales, de personnes qualifiées, a été mis en place : il dressera un plan de développement à long terme des vallées de Ville et de Schirmeck. Ce groupe de travail devra définir des objectifs précis et élaborer les moyens de les atteindre. Mais, déjà, certains espoirs se font jour.