La RFA, très touchée par la crise économique et confrontée à de nouvelles formes de contestation, apparaît de plus en plus comme un pays incapable de prendre de grandes décisions. Les élections communales et régionales du printemps 1981 se traduisent par un net recul des vainqueurs du 5 octobre 1980 et par une remontée sensible des chrétiens-démocrates.

L'issue des élections fédérales ne faisait guère de doute. Les sondages d'opinion et les résultats des élections régionales montraient que la candidature de Franz Josef Strauss, président du parti chrétien social CSU de Bavière et chef du gouvernement régional de Bavière, suscitait un fort mouvement de rejet (Journal de l'année 1979-80), en raison de son passé agité et de ses prises de position excessives.

La campagne électorale se distingue par sa médiocrité et sa démagogie. Le chancelier promet la continuité dans la stabilité et son adversaire met en cause sa crédibilité. L'intervention des évêques en faveur de F. J. Strauss et l'attentat commis à la Fête de la bière de Munich, quelques jours avant les élections par un étudiant d'extrême droite, provoquèrent une indignation vite utilisée à des fins politiques.

Succès

Pour 43 231 000 électeurs, il y a une participation électorale de 88,7 %, moins élevée qu'en 1976 (– 2,1 %). Les partis gouvernementaux l'emportent largement avec 53,5 % des voix (+ 3 %) et 271 sièges sur 497 (+ 18). Mais, au sein de la coalition, la répartition des gains profite davantage au parti libéral PDP (+ 2,7 % des voix et + 14 sièges) qu'au parti social démocrate SPD (+ 0,3 % et + 4 sièges).

Ce vote est interprété comme le désir d'une partie de l'électorat de poursuivre l'expérience social-libérale engagée à Bonn depuis 1969, mais en renforçant l'aile libérale et non le SPD, de façon à ne pas soumettre Helmut Schmidt à l'emprise accrue de l'aile gauche de son parti.

La différence entre les partis gouvernementaux et ceux de l'opposition passe de 10 sièges, en 1976, à 45 sièges en 1980. La démocratie chrétienne enregistre un des plus mauvais résultats de son histoire ; elle conserve cependant la présidence de lé Chambre, assumée depuis 1979 par le Bavarois Richard Stücklen (CSU).

Helmut Schmidt est réélu chef du gouvernement le 5 novembre 1980, avec une large majorité (266 voix), sans obtenir toutefois la totalité des voix des députés SPD-FDP présents. Le 3e gouvernement Schmidt est peu remanié. La seule innovation notable tient au dédoublement du ministère des Transports et des Postes. Quelques modifications sont rendues nécessaires en janvier 1981 par le départ de Hans Jürgen Vogel (SPD), ministre fédéral de la Justice, devenu maire régnant de Berlin-Ouest.

Désaccords

La position de Helmut Schmidt se détériore rapidement après les élections, car, en disposant d'une confortable avance, les partis gouvernementaux ne se sentent plus tenus à la même discipline qu'auparavant. La faible progression du SPD le 5 octobre montrait déjà que l'effet Schmidt commençait à s'émousser. Elle rend le chancelier plus vulnérable à l'égard de son aile gauche, frustrée au profit du petit partenaire libéral.

En raison de graves désaccords personnels, de conceptions tactiques et stratégiques différentes, l'équipe dirigeante du SPD (Willy Brandt, président du parti, Herbert Wehner, président du groupe parlementaire, et Helmut Schmidt, chef du gouvernement) ne parvient plus à cacher son manque d'unité sur des questions essentielles. La cohésion gouvernementale en est affectée.

À l'intérieur du SPD, l'opposition à la politique modérée du chancelier en matière de construction de centrales nucléaires se développe au point de paralyser certaines instances de décision. Les choix gouvernementaux pour la politique de défense ne connaissent pas meilleur sort.

Depuis la décision de l'OTAN d'installer de nouveaux missiles en Europe, afin de contrebalancer la supériorité acquise par l'implantation des fusées soviétiques SS 20, le chancelier souligne qu'il est indispensable de reprendre les négociations sur la limitation des armements en Europe.