Il n'en est pas à son coup d'essai. Il avait réussi, le 1er janvier 1979, à s'emparer d'un important dépôt d'armes dans une caserne de Bogota et avait ensuite mené une véritable offensive. Plusieurs centaines de ses militants ou sympathisants avaient alors été arrêtés, et c'est précisément pour obtenir leur libération au moment de leur passage devant le Conseil de guerre que le M-19 s'empare de l'ambassade dominicaine.
En dépit des divergences qui s'expriment au sein du gouvernement, le président Turbay se déclare partisan de la fermeté. Persuadé que les Cubains ne sont pas étrangers à l'opération (il a été remarqué que les ambassadeurs des pays de l'Est avaient quitté l'ambassade juste avant le coup de force), il refuse de céder.
Négociation
Le commando fait preuve d'une certaine humanité, libérant rapidement femmes et enfants, puis un ambassadeur dont la femme est mourante. Plus tard, il libérera plusieurs ambassadeurs pour lesquels des rançons auront été payées. Mais, en dépit de 24 séances de négociations, les guérilleros ne réussissent pas à obtenir les libérations.
Deux mois, jour pour jour, après la séquestration, ils s'envolent pour Cuba, qui s'était proposé de les accueillir. Ils ont avec eux les 12 otages encore détenus, dont 7 ambassadeurs, qui seront rapidement libérés, et une partie de la rançon, 2,5 millions de dollars qui auraient été versés par des organisations humanitaires.
Ce succès du gouvernement colombien ne doit pas masquer la gravité de la situation politique. Dans ce pays encore marqué par l'analphabétisme, où l'industrie est entre les mains de quelques hommes d'affaires, où les terres appartiennent à quelques grands propriétaires, le développement économique ne profite qu'à une minorité. L'inflation, la hausse des prix des produits de première nécessité provoquent des tensions sociales sérieuses.
Le 9 mars 1980, alors que le monde entier surveille avec anxiété les négociations concernant les otages, les élections locales et provinciales ont lieu. Le taux d'abstention, qui atteint le record de 80 %, montre à quel point le régime actuel est coupé de la population.
L'université de Bogota est, au début du mois de juin, le théâtre d'affrontements sérieux ; l'agitation s'étend à plusieurs villes du pays faisant plusieurs blessés.
Costa Rica
San José. 2 110 000. 42. 2,6 %.
Économie. PIB (77) : 1 481. Productions (77) : A 22 + I 28 + S 50. Énerg. (76) : 448. CE (77) : 27 %.
Transports. (74) : 81 M pass./km, 14 Mt/km. (76) : 64 900 + 42 400. (77) : 324 M pass./km.
Information. (75) : 6 quotidiens ; tirage global : 174 000. (76) :*150 000. (76) : *155 000. (77) : 151 000.
Santé. (75) : 1 293. Mté inf. (76) : 33,6.
Éducation. (76). Prim. : 365 957. Sec. et techn. : 116 037. Sup. (77) : 38 629.
Armée. : 5 000.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1871. Président et chef de l'exécutif : Rodrigo Carazo Odio, élu le 5 février 1978 ; succède à David Oduber Ouirös.
Cuba
La Havane. 9 730 000. 88. *1,7 %.
Économie. Énerg. (76) : 1 225.
Transports. (76) : 767 M pass./km, 1 848 Mt/km. (76) : 80 000 + 40 000. : 779 000 tjb. (77) : 524 M pass./km.
Information. (75) : 6 quotidiens. (76) : *2 100 000. (76) : *650 000. (72) : 294 300 fauteuils ; fréquentation : 124,3 M. (77) : 321 000.
Santé. (74) : 8 200. Mté inf. (76) : 23.
Éducation. (76). Prim. : 1 747 738. Sec. et techn. 715 807. Sup. (75) : 82 688.
Armée. : 189 000.
Institutions. République démocratique socialiste, proclamée le 1er mai 1961. Constitution du 24 février 1976. Président : Fidel Castro (élu par l'Assemblée nationale le 2 décembre 1976, il succède à Osvaldo Dorticos Torrado). Premier ministre et premier secrétaire du parti : Fidel Castro.
Près de 30 000 Cubains choisissent l'exil
Il aura suffi de quelques heures pour que les bâtiments et le parc de l'ambassade du Pérou à La Havane se remplissent, le 6 avril 1980, de plus de 10 000 personnes réclamant un visa de départ. Dans les jours qui suivent, le nombre des candidats à l'exil ne cesse d'augmenter, cependant qu'avions et bateaux assurent le passage vers le Costa Rica et la Floride. Le nombre des réfugiés cubains en Floride dépasse en mai le cap des 25 000. À l'origine de ces événements : une autorisation donnée par Fidel Castro aux Cubains de quitter le pays s'ils le souhaitaient. Que cette décision soit due à une mauvaise évaluation de la contestation populaire, masquée ensuite par d'amples manifestations de soutien au régime ou à une volonté délibérée de débarrasser le pays d'éléments indésirables, il reste que l'amplitude des remises en cause du castrisme n'était jamais apparue aussi clairement.