En revanche, la tension entre le Chili et les États-Unis continue à être très vive (Journal de l'année 1977-78 ; 1978-79). À la suite du refus de la Cour suprême de Santiago d'extrader les trois officiers de l'ex-DINA (services secrets chiliens) impliqués par la justice américaine dans le meurtre, en 1976, à Washington, d'Orlando Letelier, ancien ministre de Salvador Allende, les États-Unis rappellent leur ambassadeur, le 2 octobre 1979. Ce dernier, George Walter Landau, regagne son poste le 5 décembre, mais Washington n'en décide pas moins de réduire au minimum ses relations diplomatiques et économiques avec le Chili.
Contestation
L'Église catholique maintient son attitude critique à l'égard du régime. Ainsi, le 15 août, à l'issue de la conférence épiscopale chilienne, les évêques appellent les paysans à s'organiser afin de défendre leurs intérêts et dénoncent la reconstitution des grandes propriétés.
De même, la Démocratie chrétienne demande au gouvernement de rétablir les libertés fondamentales dans le pays. Le 25 août, l'ancien président Eduardo Frei exhorte les responsables du régime militaire à « restaurer la démocratie dans un bref délai ». Réponse du président Pinochet : « Ceux qui croient que la démocratie formelle est l'unique forme de vie politique oublient qu'ils sont les responsables des mille jours les plus noirs de notre histoire ».
L'état d'urgence est prorogé le 8 septembre 1979, puis le 8 mars 1980, et une série de décrets qui donnent au gouvernement de nouvelles armes contre l'opposition sont promulgués au début de février.
Le cabinet est remanié à deux reprises : le 14 décembre 1979, sept ministères changent de titulaires. Le 28 mars 1980, René Rojas Galdamez, jusque-là ambassadeur à Madrid, remplace Hernan Cubillos aux Affaires étrangères. Cubillos a été limogé à la suite de l'annulation par le président Marcos de la visite du général Pinochet aux Philippines. Pour justifier sa décision, le gouvernement philippin a fait état d'une tentative de complot contre la personne du chef de l'État chilien. L'incident a d'abord failli provoquer une rupture entre les deux pays, puis Santiago a accepté les explications fournies par Manille.
Sous l'impulsion des économistes de l'École de Chicago, partisans des méthodes ultralibérales de Milton Friedman, des résultats relativement satisfaisants sont obtenus. Le taux de chômage (12 %) est en baisse, les investissements étrangers en hausse, et plus de la moitié des exportations chiliennes sont désormais constituées par des produits autres que le minerai de cuivre, sur lequel reposait précédemment l'économie du pays. Mais le taux d'inflation, en régression constante depuis six ans, atteint 38,9 % en 1979, alors que le gouvernement espérait le maintenir au-dessous de 20 %.
Colombie
Bogota. 25 640 000. 22. *2,9 %.
Économie. PIB (75) : 568. Productions (75) : A 27 + I 29 + S 44. Énerg. (76) : 685. CE (75) : 11 %.
Transports. (76) : 511 M pass./km, (*77) 1 215 Mt/km. (*77) : 453 600 + 1 045 000. 272 000 tjb. (77) : 1 673 M pass./km.
Information. (75) : 40 quotidiens ; tirage global : *1 248 000. (76) : *2 850 000. (76) :*1 700 000. (75) : fréquentation 96 M. (77) : 1 396 000.
Santé. (75) : 13 000. Mté inf. (73) : 88,9.
Éducation. (77). Prim. : 4 160 527. Sec. et techn. : 1 616 111. Sup. (75) : 186 635.
Armée. : 67 500.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1886. Président et chef de l'exécutif : Julio Cesar Turbay Ayala, élu le 4 juin 1978 ; succède à Alfonso Lopez Michelsen.
La prise d'otages de Bogota secoue les bases du régime
Moins d'un mois après le drame de l'ambassade d'Espagne au Guatemala, le 27 février 1980, une nouvelle prise d'otages bouleverse le monde diplomatique : 40 personnes, dont 14 ambassadeurs réunis pour une réception à l'ambassade de la République Dominicaine de Bogota, sont séquestrées par un commando du Mouvement du 19 avril (M-19). Parmi les otages : l'ambassadeur des États-Unis, le nonce apostolique. L'émotion grandit : le commando menace d'exécuter les otages si ses revendications ne sont pas satisfaites — libération de 311 prisonniers politiques et paiement d'une rançon de 50 millions de dollars.
Arrestations
Depuis septembre 1978, date du statut de sécurité, le régime colombien s'appuie davantage sur l'armée. Ce sont les tribunaux militaires qui sont chargés de faire respecter l'ordre public et de juger les subversifs, ce qui s'est traduit par la multiplication des arrestations plus ou moins arbitraires. Plusieurs personnalités colombiennes n'ont pas hésité à faire écho aux rapports d'Amnesty International ; elles ont dénoncé, au début de l'année 1980, l'usage de la torture dans les prisons. Si ce recours à la manière forte a ralenti les opérations de guérilla, l'Armée populaire de libération (EPL), l'Armée de libération nationale (ELN), de tendance castriste, et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARN), prosoviétiques, essentiellement localisées dans le sud et le sud-est du pays, ne désarment pas. Contrairement aux autres mouvements de guérilla, le M-19 agit surtout en milieu urbain. Créé en avril 1974, il regroupe des anciens de l'Alliance nationale de rénovation populaire (ANAPO), des marxistes, des chrétiens, des dissidents du parti libéral.