Promulguée le 7 septembre 1979, après avoir été approuvée par le Congrès quinze jours auparavant, la loi d'amnistie concerne quelque 5 000 personnes touchées par la législation d'exception postérieure au coup d'État de 1964. Déjà, des centaines d'exilés ont commencé à rentrer. L'exemple le plus notoire est celui de Leonel Brizola, ex-gouverneur de l'État du Rio Grande do Sul. Bête noire des forces armées, il entame, dès son arrivée, une tournée de meetings politiques pour prendre le leadership de l'ancien Parti travailliste brésilien (PTB), en proposant un socialisme démocratique proche de la social-démocratie allemande.
Amnistie
Neuf jours plus tard, c'est un autre exilé de marque, réfugié en Algérie, qui rentre au Brésil. Ex-gouverneur de l'État de Pernambuco, une des régions les plus déshéritées de l'Amérique latine, Miguel Arraes tient à Recife un meeting qui surprend par l'ampleur et l'enthousiasme de l'assistance. Chrétien de gauche, il écarte d'avance toute idée de compromission avec le gouvernement, quelles que soient les initiatives de libéralisation prises. À ses yeux, la démocratisation ne doit pas être considérée comme une fin en soi, mais comme le moyen d'élargir le champ d'action des organisations populaires.
Progressivement, la vie politique s'anime, après quinze ans de dictature militaire. La presse écrite, qui n'est plus soumise à la censure, publie articles et témoignages sur les années sombres de la répression. Elle n'hésite pas à remettre en cause les institutions. Les prisons ouvrent leurs portes et d'anciens chefs de la guérilla font leur réapparition sans qu'ils soient inquiétés. En exil à Moscou depuis 1971, le secrétaire général du Parti communiste, Luis Carlos Prestes, décide à son tour de rentrer en octobre 1979. Très vite, il se heurte à son Comité central, qui le destitue en mai 1980 en lui reprochant de refuser par sectarisme de gauche révolution politique du Brésil. Le vieux leader est remplacé par Giocondo Dias, de tendance plus modérée.
Partis politiques
Cette évolution se confirme, le 18 octobre, lorsque le président Figueiredo envoie au Congrès le projet de réforme des partis, dont l'adoption par les parlementaires, un mois plus tard, marque la fin du bipartisme. Les deux formations existantes (ARENA et MDB) sont dissoutes. De nouveaux partis pourront se constituer avec l'appui de 10 % des parlementaires de chaque chambre ou en obtenant, aux prochaines élections, 5 % des voix dans 9 au moins des 22 États de la fédération. Une formule d'enregistrement provisoire est approuvée. Seules demeurent interdites les formations ayant des « liens de quelque nature que ce soit avec des gouvernements, entités ou pays étrangers », une disposition dirigée contre le Parti communiste.
Le nouveau parti gouvernemental, qui prend le nom de Parti démocratique et social (PDS), inclut dans son programme la cogestion et l'« hypothèque sociale » sur la propriété privée. Quant à l'opposition, elle se divise en quatre courants. Le principal, rassemblé dans le Parti de la mobilisation démocratique brésilienne (PMDB), entend apparaître comme le successeur naturel de l'ancien parti d'opposition toléré MDB et tente de réaliser une alliance entre la gauche et le centre libéral. Il maintient à sa présidence le député Ulysses Guimarães.
Des milieux conservateurs de l'opposition et certains secteurs dissidents de l'ancien parti gouvernemental ARENA fondent, autour du sénateur Tancredo Neves et du député Magalhães Pinto, un parti centriste qui prend le nom de Parti populaire (PP). Enfin, c'est Ivete Vargas (petite-nièce de l'ancien président Vargas), pourtant minoritaire dans son propre parti, qui se voit reconnaître le droit de reconstituer le Parti travailliste brésilien (PTB). Pour l'ex-gouverneur Brizola, c'est une défaite.
Leader du puissant syndicat de la métallurgie, Luis Ignacio da Silva, dit Lula, n'a pas attendu la réforme pour constituer, dans la banlieue industrielle de São Paulo, le Parti des travailleurs (PT) qui se veut le porte-parole de « tous les secteurs exploités par le capitalisme ».