Le Premier ministre Trudeau forme son gouvernement le 3 mars. Il confie à des vétérans les ministères importants et abandonne, par la même occasion, la formule du cabinet à deux niveaux mis en place pour son prédécesseur. Les Québécois détiennent 11 des 32 portefeuilles, tandis que les Ontariens dirigent 13 ministères.
Défaite
Le gouvernement conservateur minoritaire de J. Clark est renversé le 13 décembre sur une motion de censure présentée par le Nouveau Parti démocratique (NPD) à la suite du budget du ministère des Finances John Crosbie, lequel impose une taxe de 18 cents sur chaque gallon d'essence vendu aux consommateurs. Privé de l'appui des députés du Crédit social, le gouvernement est défait par un vote de 139 voix contre 133. L'opposition saisit l'occasion de se constituer un capital politique en combattant un budget impopulaire auprès de l'électorat.
De fait, le gouvernement Clark prépare sa chute depuis la prise du pouvoir, le 22 mai 1979 (Journal de l'année 1978-79).
Problèmes
– Le 15 août, le président du conseil du Trésor, Sinclair Stevens, annonce, malgré une promesse électorale, un programme de compression des dépenses de l'État. Il entend réduire de 35 000 les emplois dans la fonction publique en vendant des sociétés publiques.
– Le 5 septembre, le gouvernement annonce que Pétro-Canada sera limitée au rôle d'agence et qu'une part importante de l'actif de cette entreprise d'État sera retournée au secteur privé. Aussitôt, les libéraux et les néo-démocrates décident de tout mettre en œuvre pour défaire le gouvernement conservateur sur cette question. Les créditistes, de leur côté, soutiennent J. Clark.
– Le 17 septembre, le ministre des Finances J. Crosbie laisse miroiter des crédits d'impôt de 375 dollars aux propriétaires, mais rien aux locataires.
– Le 8 octobre, le Premier ministre J. Clark échoue dans sa tentative de mettre d'accord sur le prix de l'énergie l'Alberta, productrice de pétrole, et l'Ontario, consommatrice.
– Le 9 octobre, à l'ouverture du 31e Parlement, le gouvernement énonce dans le discours du Trône quatre grands projets politiques : relance de l'économie, contrôle rigoureux des dépenses, accroissement des pouvoirs du Parlement et collaboration plus étroite avec les provinces. Il passe sous silence le prix du pétrole et le référendum québécois. Le lendemain, le chef de l'opposition, P. E. Trudeau, dépose à la Chambre des communes une motion de censure sur la politique énergétique des conservateurs.
– Le 15 octobre, les 5 députés du Crédit social maintiennent le Parti conservateur au pouvoir en votant contre la motion Trudeau.
– Le 6 novembre, en échange de la reconnaissance de leur parti à la Chambre des communes, les créditistes se rangent du côté des ministériels lors d'un vote sur une autre motion de censure, empêchant ainsi la défaite du gouvernement.
– Le 19 novembre, les conservateurs subissent un double échec lors d'élections partielles. Avec 134 députés, ils risquent d'être renversés à tout moment.
– Le 11 décembre, le ministre des Finances J. Crosbie dépose son budget, lequel impose des hausses de taxes.
– Le 12 décembre, J. Clark perd l'appui des créditistes au moment où les néo-démocrates soumettent une dernière motion de censure.
Protestations
Surexcités par la perspective de renverser le gouvernement conservateur, les libéraux annoncent que leur chef P. E. Trudeau est fin prêt à entreprendre une campagne électorale. Par ailleurs, ils sont encouragés par les sondages, qui donnent à leur parti 47 % des votes et qui place le NPD nez à nez avec le Parti conservateur.
Pour se faire élire, les libéraux n'ont qu'à se laisser porter par la vague de protestations contre les hausses de taxes, en particulier celle qui touche l'essence, tout en exploitant habilement la mauvaise impression laissée par l'administration conservatrice. Ils mènent une campagne discrète, réussissant ainsi à braquer les projecteurs sur un J. Clark incapable de faire oublier ses gaffes et de refaire son image.