Une opération publicitaire bien réussie, qui avait aussi pour objet d'inciter les responsables de magasins à plus de vigilance dans le domaine des prix et à plus de rigueur dans la gestion. En fait, si cette opération est intéressante, c'est qu'elle est une des manifestations de la publicité comparative que le gouvernement envisage d'autoriser avec prudence : il s'agira pour un publicitaire et un annonceur de pouvoir dire « les pâtes X... contiennent plus d'œufs que les pâtes Y », au lieu de se borner à dire, comme actuellement où seule la publicité superlative a droit de cité « les pâtes X... sont les meilleures ».
Une autre entreprise a attiré l'attention : celle d'un électroménagiste de Valence, Jean Chapelle, qui a ouvert dans la banlieue parisienne, à Puteaux, sur 1 000 m2, un magasin à l'enseigne Concurrence, sans service aucun, mais à prix très cassés : réfrigérateurs, machines à laver, téléviseurs et chaînes Hi-fi. Ce faisant, il s'attaque à Darty, qui lui a, dit-il, chercher noise à Grenoble. Ce faisant aussi, il provoque la grogne des fabricants, dont certains refusent de le livrer. Une affaire à suivre...
Concentrations
Enfin, on a observé, dans le secteur succursaliste, une vague de concentrations. Pour ne parler que des opérations les plus signifiantes, Félix Potin, le plus important des succursalistes parisiens, a pris le contrôle des magasins Paris-Médoc, une notable participation dans Nicolas, et s'est intéressé de près à Goulet-Turpin (société rémoise qui connaît de graves difficultés), battu sur le poteau par Promodes, une firme normande dont l'expansion est fulgurante. Pour faire pièce à l'appétit de Félix Potin, qui s'intéressait également à Cofradel (une chaîne de magasins de la région Rhône-Alpes), les Docks de France ont gagné de vitesse le groupe parisien et ont ainsi formé le deuxième groupe succursaliste français.
Ces indices de bonne santé expliquent que l'action des pouvoirs publics se soit fait légère. En attendant de rendre à la distribution la totale liberté des prix, toujours promise, toujours remise de semestre en semestre. Jusqu'ici, seul le pain a bénéficié de cette liberté, qui s'est traduite, il faut bien le reconnaître, par une hausse sensible des prix, que l'on évalue parfois à environ 20 %. Ce qui a été le plus surprenant en la matière, c'est la difficulté des boulangers de s'adapter à une politique de concurrence. Habitués de toute éternité à la taxation du prix du pain, c'est tout naturellement que, dans certains quartiers ou dans certaines villes, les professionnels ont cherché à « se mettre d'accord » sur le prix à pratiquer, sans réaliser que, ce faisant, ils se rendaient coupables d'entente délictueuse... Au demeurant, ce difficile apprentissage de la liberté, accompagné de quelques excès, n'a soulevé que peu de vagues, sauf très ponctuellement, de la part des consommateurs : le pain, qui reste un symbole, n'occupe plus de nos jours la place essentielle qu'il avait au XIXe siècle, sauf pour les économiquement faibles, qui, on le sait, n'ont guère de puissance de contestation.
Agriculture
Priorité aux exportations : notre pétrole vert
L'année agricole 1978-1979 marque un certain rétablissement de la conjoncture après les conséquences de la sécheresse. Mais le gel ampute de 300 000 ha les surfaces céréalières Alors que la loi d'orientation s'élabore lentement, de nombreuses mesures sont prises pour développer les industries alimentaires afin qu'elles accroissent leurs exportations. L'élargissement de la Communauté enflamme les partis politiques, bien que le gouvernement mette en place des dispositifs destinés à rendre compétitives les régions méridionales.
La concertation pouvoirs publics-profession agricole bat son plein à tous les niveaux. Insensiblement, la politique agricole se modifie. Une nouvelle fonction apparaît pour l'agriculture : fournir au pays les ressources pour une partie de l'énergie indispensable à son économie.
Les distorsions monétaires perturbent encore le Marché commun avant la mise en œuvre du SME et provoquent mécontentement et manifestations des producteurs de porcs. Les Britanniques multiplient les attaques contre la politique agricole commune. Conséquence, les prix ne peuvent être fixés en mars comme prévu. L'accord intervient le 2 juin. Les prix français augmentent de 8,5 % (lait : 7 %).