Limitée et discrète d'abord, l'aide iranienne devient massive fin 1973. En décembre, Téhéran fait débarquer des troupes (évaluées a 3 000 officiers et soldats), un armement moderne et sophistiqué, dont une trentaine d'hélicoptères, et met à la disposition du sultanat une dizaine de bateaux de guerre de moyen tonnage.

Peu après, la route Salalah-Thimrit est largement dégagée par une action commune de l'armée loyaliste et des forces du chah. En mars, lors d'une visite du sultan Qabous à Téhéran, on apprend que les deux capitales sont étroitement liées par une alliance qui associe, entre autres, l'Iran à la défense du détroit d'Ormuz. Selon certaines informations non confirmées, des forces impériales auraient pris pied à Ras Masendam, pointe du territoire d'Oman qui commande l'entrée du détroit.

Les pays arabes se préoccupent de l'extension de l'influence iranienne dans le golfe. Mais, à l'exception de l'Irak et de la république démocratique du Yémen, aucun d'eux ne proteste publiquement contre l'intervention des troupes du chah. Les ministres des Affaires étrangères arabes, réunis au Caire fin mars, décident d'envoyer une mission chargée de « réconcilier le sultanat d'Oman et la république démocratique du Yémen ». Cette dernière refuse, en mai, de recevoir la mission, dirigée par le secrétaire général de la Ligue arabe, en faisant valoir que le conflit du Dhofar est un problème strictement intérieur.

Entre-temps, le sultan tente de diversifier ses relations internationales. Le 6 septembre, 1973 il est reçu à Paris par le président Pompidou, lequel désigne, en janvier, un ambassadeur à Mascate. En mai, la décision est prise d'établir des relations diplomatiques avec la Roumanie et la Yougoslavie. La Chine, qui aurait interrompu son aide aux révolutionnaires du Dhofar, s'abstient pour sa part de reconnaître le régime de Mascate, vraisemblablement pour ne pas laisser la voie libre à l'Union soviétique, laquelle intensifierait son soutien aux insurgés.

Pakistan

Islamabad. 56 060 000. 69.
Économie. PNB (69) 128. Production : G (69) 135 + A (*71) 121 + I (70) 180. Énerg. (*71) : 96. C.E. (69) : 4 %.
Transports. (*71) : 8 682 M pass./km, 7 007 M t/km. (*71) : 150 500 + 64 800.  : 562 000 tjb. (*71) : 528 M pass./km.
Information. (69) : 134 quotidiens. (71) : *1 630 000. (70) : 99 000. (68) : 280 000 fauteuils ; fréquentation : 216,6 M. (71) : 220 000.
Santé. (69) : 13 011.
Éducation. (68). Prim. : 8 140 193. Sec. et techn. : 3 386 672. Sup. : 357 675.
Institutions. République islamique, proclamée le 23 mars 1956. Constitution provisoire (avril 1972). Président de la République : Chaudhri Fazal Elahi, élu le 10 août 1973 ; succède à Ali Bhutto. Premier ministre : Ali Bhutto.

Vingt-six mois après la guerre qui les ont séparés, le 22 février 1974, « le Pakistan reconnaît le Bangla Desh devant Allah ». A. Bhutto, qui a le sens de l'événement, a choisi son heure et son lieu : le deuxième sommet islamique à Lahore, ancienne capitale des Grands Moghols.

De la prière dans la mosquée Badshahi autour du roi Fayçal, gardien des Lieux saints, à l'apparition, dans les jardins de Shalimar, d'Ali Bhutto et de Mujibur Rahman, main dans la main, sous les hourras de la foule, Mujib, Bhutto bhai, bhai (« Mujib et Bhutto sont frères »), c'est la fête et la réconciliation de l'Islam, sur cette terre d'Asie qui abrite les deux tiers de ses 600 millions de fidèles.

La reconnaissance du Bangla Desh, le Bengale musulman détaché de l'Inde infidèle, comme le voulait Ali Bhutto, apparaît, notamment au président Sadate, comme « la plus grande réussite du sommet ». Tous ses résultats ne sont pas aussi tranchés.

Le sommet de Lahore

Du 22 au 24 février 1974, le deuxième sommet islamique réunit, à Lahore, 38 participants contre 22 à Rabat en 1969. Il y a là 24 chefs d'État ou de gouvernement, 1 roi, 4 émirs, 11 présidents, 5 Premiers ministres. Mais, pour des raisons diverses, ni le chah, ni Hassan II, ni Hussein de Jordanie ne sont venus. L'Inde, qui abrite la troisième communauté islamique du monde malgré sa politique proarabe, n'a pas été invitée et proteste.