À l'intérieur, l'épargne augmente avec le pouvoir d'achat et la vente de biens de consommation, même non indispensables (soieries, montres, transistors). 1973 est l'année des premiers essais de télévision en couleurs sur récepteurs de fabrication chinoise. En 1973 et 74 (fin juin, chaque fois) explosent les 5e et 6e bombes atomiques (la dernière, au lendemain du tir français dans le Pacifique, correspond à une 16e expérience). Après chaque explosion, un communiqué réaffirme que la Chine ne cherche qu'à « briser le monopole nucléaire des superpuissances » ou « qu'elle n'utilisera jamais l'arme atomique la première ». L'allusion vise l'URSS, dont on craint une attaque surprise. On le répète en toute occasion après le gel (juillet 1973) des négociations sur les frontières communes. Et malgré le retour à Pékin, en juin 1974, du négociateur soviétique, le vice-ministre Leonide Ilyitchev.

Chou En-lai lui-même donne à son rapport du 10e congrès le tour d'une diatribe antisoviétique contre les ambitions des superpuissances et les illusions de la détente : il met Leonide Brejnev au défi « de prouver sa sincérité en retirant ses troupes de Mongolie et de Tchécoslovaquie, et en restituant au Japon ses quatre îles septentrionales ». La tension culmine lorsque, le 15 janvier 1974, trois diplomates soviétiques et deux de leurs épouses sont arrêtés dans un restaurant de Pékin, accusés d'espionnage, détenus pendant trois jours et expulsés.

Peu après, Moscou expulse un diplomate chinois, en représailles. Le tout accompagné d'injures, jamais plus virulentes que pendant toute cette année.

Diplomatie

Avec les États-Unis, au contraire, la lune de miel se poursuit. Dès juillet 1973, David Rockefeller signe, à Pékin, un accord entre banques, le premier depuis vingt-quatre ans, et, en novembre, le secrétaire d'État Henry Kissinger rend une sixième visite à Mao et Chou En-lai. Un communiqué commun rappelle « qu'il n'y a qu'une Chine et que Formose fait partie de la Chine » et « que les relations entre Pékin et Washington passeront progressivement à un échelon supérieur ».

Soucieux de rassurer ses interlocuteurs, Henry Kissinger ajoute même : « Quoi qu'il arrive, quelle que soit l'administration américaine [sous-entendu : même si le président Nixon doit quitter la Maison-Blanche], le progrès dans nos relations sera poursuivi, notre amitié restera l'un des facteurs constants de la politique étrangère américaine. »

Dans le même temps, Chou En-lai accentue son offensive diplomatique de vaste envergure. Défilent à Pékin des dirigeants de pays capitalistes (Japon, Australie, Canada), mais surtout ceux du tiers monde qui accède au dialogue par les victoires du pétrole et des matières premières. Ils craignent de moins en moins une éventuelle tutelle chinoise, et Chou En-lai reçoit, avec de grands égards, le monde arabe (le président Boumediene, Yasser Arafat) et l'Afrique : le président Senghor, les présidents de Zambie, de Tanzanie, etc.

Pour la France, 7e partenaire commercial, les satisfactions sont plus morales que matérielles. La Chine, qui représente 1,2 % seulement de nos exportations, a réussi à inverser à son profit la balance de nos échanges : en 1972, ses ventes atteignaient presque le double de ses achats. Quoi qu'il en soit, en septembre 1973, le président Pompidou reçoit un accueil enviable à Pékin, où arrivent ensuite 30 étudiants français, en stage pour un an, et où ont lieu en quelques mois deux expositions françaises. L'une d'instruments scientifiques, en octobre 1973, et l'autre de techniques modernes, en mai 1974 : 270 exposants sur 20 000 m2. La plus importante manifestation étrangère depuis longtemps dans la capitale chinoise. Avec l'espoir que ce lourd investissement portera ses fruits.

Seule ombre fugitive au tableau des relations d'amitié franco-chinoises, le film satirique de Jean Yanne, Les Chinois à Paris, provoque une protestation officielle de Pékin, qui, d'après le cinéaste, contribue surtout au lancement publicitaire.

Chypre

Nicosie. 650 000. 70. 1 %.
Économie. PNB (71) 944. Production (71) : G 182 + A *129 + I 170. Énerg. (*71) : 1 451. C.E. (71) : 19 %.
Transports. (*71) : 63 300 + 15 800.  : 2 015 000 tjb. (*71) : 188 M pass./km.
Information. (71) : 12 quotidiens ; tirage global : 85 000. (71) : 174 000. (71) : 58 000. (71) : 83 500 fauteuils ; fréquentation : 6,1 M. (71) : 48 000.
Santé. (71) : 523. Mté inf. (71) : 25.
Éducation. (69). Prim. : 71 236. Sec. et techn. : 39 221. Sup. : 580.
Institutions. République indépendante le 16 août 1960. Président de la République : Mgr Makarios (Grec), réélu pour la troisième fois le 8 février 1973. Vice-président : Dr Fazil Kutchuk (Turc).

Rumeurs

Malgré la mort du général Grivas et l'affaiblissement de l'opposition organisée, malgré la relative accalmie qui règne dans l'île et la consolidation de la position du président Makarios, la situation demeurait préoccupante au début de l'été 1974 à Chypre, où circulaient des rumeurs sur une possible tentative de coup d'État.