L'Irak ne néglige pas pour autant l'Europe occidentale. Au cours de la guerre d'octobre, et après, il s'oppose à ce que celle-ci soit pénalisée par les restrictions pétrolières décrétées par les autres pays arabes et accélère au contraire les livraisons du brut aux « pays amis ». Parmi ces derniers figure en bonne place la France, à laquelle Bagdad réserve un traitement de faveur. La construction du premier complexe sidérurgique d'Irak est confiée, le 8 décembre, à la société Creusot-Loire. L'usine (qui coûterait 600 millions de francs) serait achevée en 1977 et produirait 400 000 tonnes de fer et d'acier. L'augmentation des livraisons de pétrole (qui représentent 20 % de la consommation de la France en 1973 et pourraient couvrir 30 % en 1976) ainsi que la hausse du prix du brut aggravent le déficit commercial de Paris à l'égard de Bagdad. Les exportations françaises devaient, en 1974, couvrir au mieux 10 % seulement de ses importations. Le voyage (6-9 février) de Michel Jobert, alors ministre français des Affaires étrangères, a pour principal objectif de résoudre ce problème. Divers contrats de fournitures, notamment d'armement, sont mis en négociation. Grâce aux revenus accrus du pétrole, le gouvernement de Bagdad établit pour l'exercice 1974-75 un budget représentant le double de celui de 1973-74 et consacre cinq fois plus de crédits au développement. L'État projette d'investir 15 milliards de francs uniquement dans les entreprises industrielles. Des projets devant doubler en quatre ans la production du brut sont mis en chantier. Des accords de troc sont conclus avec plusieurs pays de l'Est comme de l'Ouest, aux termes desquels l'Irak recevra des biens d'équipement en échange de son pétrole. Cependant, le prodigieux développement économique projeté risque d'être compromis par la persistance du conflit kurde.

La guerre du Kurdistan

Le rejet par le Parti démocratique kurde (PDK) du projet de loi relatif à l'autonomie du Kurdistan, offert par le gouvernement de Bagdad le 11 mars, donne le signal de la reprise de la guerre civile, qui s'était terminée en 1970. Il est vrai que les rapports entre le pouvoir central et les nationalistes kurdes n'avaient cessé de se détériorer.

En juin 1973, le général Barzani, dans une interview accordée au Washington Post, déclarait notamment : « Si les États-Unis nous accordent leur protection contre les loups, nous sommes prêts à servir la politique américaine dans cette région. Si l'appui des États-Unis s'avère substantiel, nous pourrions prendre le contrôle des puits de Kirkouk et confier leur exploitation à une compagnie américaine. » Le président du PDK, qui a été l'objet de plusieurs tentatives d'attentat (qu'il a attribuées aux baasistes), indiquait également qu'il ne repousserait pas une aide que lui transmettraient l'Iran et Israël.

Dès juillet 1973, les maquisards multiplient les attentats et les sabotages, dirigés non seulement contre les représentants des pouvoirs publics mais aussi contre les permanences du parti communiste, allié au Baas.

Ce dernier s'oppose aux exigences du PDK, qu'il accuse de chercher à obtenir non l'autonomie mais l'indépendance, notamment en revendiquant la souveraineté sur la province de Kirkouk, région riche en gisements pétrolifères. Tandis que la guerre s'étend (de nombreuses régions kurdes sont bombardées), le régime baasiste désigne cinq personnalités kurdes, dissidentes du PDK, au gouvernement, ainsi qu'un vice-président de la République, Taha Mohieddine Maarouf, également hostile au général Barzani. À en juger par la situation militaire qui prévalait fin juin 1974, il paraissait évident qu'aucune des deux parties en conflit n'était en mesure de l'emporter rapidement.

Iran

Téhéran. 30 550 000. 19. 3 %.
Économie. PNB (70) 384. Production : G (70) 196 + A (*71) 126 + I (71) 299. Énerg. (*71) : 895.
Transports. (*71) : 1 991 M pass./km, 3 008 M t/km. (*71) : 331 200 + 79 600.  : 181 000 tjb. (*71) : 390 M pass./km.
Information. (71) : *29 quotidiens ; tirage global : *354 000. (68) : *2 500 000. (69) : *250 000. (69) : 240 000 fauteuils ; fréquentation : 16,4 M. (70) : 307 000.
Santé. (71) : 9 470.
Éducation. (69). Prim. : 2 916 266. Sec. et techn. : 930 053. Sup. : 67 268.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1906. Souverain : Mohammed Reza Pahlevi, depuis l'abdication de son père en 1941. Premier ministre : Amir Abbas Hoveyda.

Le chah renforce sa position dans le Golfe Persique

Le chah poursuit et intensifie ses efforts dans deux domaines qu'il considère prioritaires : l'armement et le développement économique. La poussée des prix du brut lui fournit les moyens supplémentaires pour atteindre ses objectifs. Les revenus pétroliers de l'Iran, qui étaient de 2,5 milliards de dollars en 1972 et de 3,9 milliards en 1973, atteindraient, selon les estimations d'experts, le chiffre record de 16 milliards en 1974.