homme de Neandertal
Espèce humaine fossile ayant vécu en Europe et au Moyen-Orient de - 250 000 à - 24 000 ans. Nom scientifique : Homo neanderthalensis.
L’homme de Neandertal doit son nom à l’un des sites où ses vestiges ont été découverts : la vallée du Neander (en Allemand, Neandertal), à proximité de Düsseldorf, plus précisément dans la grotte de Feldhofer. C’est là que, en 1856, des ouvriers excavant les lieux mirent au jour des ossements, qui furent confiés à l’instituteur naturaliste John Carl Fuhlrott. Deux autres découvertes antérieures, effectuées au début du xixe siècle, mais « oubliées » dans un premier temps, correspondent également à des vestiges néandertaliens. En 1908, une petite grotte située sur la commune de la Chapelle-aux-saints (Corrèze) a livré le premier squelette complet connu de l’espèce, ainsi qu’une sépulture.
Dans le nom scientifique de l’homme de Neandertal, neanderthalensis prend un h après le t, ce qui correspond à la graphie allemande de la vallée au moment de la découverte des fossiles (Neanderthal) et du choix du nom latin.
1. Une espèce distincte de la nôtre
L’homme de Néandertal a dans un premier temps, et pendant longtemps, considéré comme une sous-espèce fruste de l'homme moderne, et appelée Homo sapiens neanderthalensis. Des études plus approfondies ont montré qu’il s'en différencie par des caractères morphologiques et anatomiques permettant de le considérer comme une espèce distincte – du moins pour une majorité d’auteurs. Sa cage thoracique, par exemple, est plus évasée à sa base ; son bras et son avant-bras sont de même longueur. Il est plus petit que les Homo sapiens dont il est contemporain (l’« homme de Cro-Magnon », arrivé en Europe il y a environ 45 000 ans) – il mesurait entre 1,55 et 1,65 m. Enfin, sa capacité crânienne (d'un volume compris entre 1 500 et 1 750 cm3) est supérieure à celle d’Homo sapiens.
2. Chasseur, artiste, cuisinier
À cause de sa face plus oblique et de son crâne allongé, on a fait de l'homme de Neandertal un être de faible intelligence. On sait aujourd'hui que son organisation sociale était élaborée (→ anthropologie). Il a développé une culture appelée moustérien (→ paléolithique).
Bon chasseur et fabricant d'armes et d'outils élaborés, il fut le premier à instaurer des rites funéraires et l’inhumation des morts, comme en atteste la découverte de nombreuses sépultures. La mise au jour, dans le sud de l’Espagne, de coquillages datés de 50 000 ans portant des traces de pigments montre que l’homme de Neandertal était, comme Homo sapiens, doué de capacités artistiques – même si l’on ne sait pour l’instant pas si ces coquillages seraient de parures ou de récipients à colorants.
On a longtemps cru que les néandertaliens ne mangeaient que de la viande, et plus spécifiquement celle des grands mammifères (bouquetin, cerf, ours). On sait désormais qu’ils consommaient aussi des mammifères de taille plus modeste (lapin), des coquillages – au moins dans la péninsule ibérique (et ce, il y a déjà 150 000 ans) –, du poisson et du phoque, ainsi que des fruits, des tubercules, des plantes. Diverses observations montrent qu’ils cuisaient une partie des ces aliments (→ feu).
3. Une disparition mystérieuse
On connaît les restes de plus de 200 néandertaliens. Les principaux gisements connus sont la Chapelle-aux-Saints, la Ferrassie, Atapuerca en Espagne, la Quina et le Régourdou en France, Spy en Belgique, le monte Circeo en Italie, le mont Carmel en Israël, Chanidar en Iraq, ou encore Techik-Tach en Ouzbékistan.
Descendant des prénéandertaliens, l’homme de Neandertal apparaît, sans doute en Europe centrale, il y a au moins 250 000 ans et se diffuse rapidement, à l’ouest (jusqu’à l’Atlantique) comme au sud (des fossiles découverts en Italie atteste de sa présence dans la péninsule dès cette époque). Quand Homo sapiens arrive en Europe il y a environ 45 000 ans, il y est le seul occupant humain. Bien que sa densité de population soit faible, il est présent sur tout le continent, ainsi qu’en Asie occidentale. Sa culture est élaborée et son alimentation diversifiée, montrant une bonne adaptation à son milieu. On sait que des vagues de métissage (au moins deux) ont eu lieu entre Neandertal et Homo sapiens. Nous avons chacun, en nous, environ 3 % de gènes néandertaliens, tandis que si l’on regarde notre génome à l’échelle de l’humanité, on y trouve 20 % de matériel génétique issu de l’homme de Neandertal !
Cependant, à partir du moment où arrive Homo sapiens en flux migratoires provenant d’Asie, l’homme de Neandertal régresse peu à peu. Dix mille ans plus tard, vers - 35 000, Neandertal ne subsiste que dans le sud-ouest de la France et le sud de la péninsule Ibérique, pour s’éteindre vers - 28 000 ans – sauf à Gibraltar, où des outils sembleraient indiquer qu’il s’est maintenu jusqu’à - 24 000 ans.
Que s’est-il passé ? La question n’est toujours pas élucidée. De nombreuses hypothèses ont été avancées, dont certaines se sont effondrées d’elles-mêmes dès lors que la culture de l’homme de Neandertal a mieux été cernée, comme une alimentation insuffisamment diversifiée ou une intelligence réduite. L’hypothèse d’un génocide perpétré par Homo sapiens n’est pas corroborée par les ossements, quant à celle d’une épidémie mortelle, elle est invérifiable – et n’aurait sans doute pas mis plus de 10 000 ans à exterminer l’espèce (→ extinction).
La cause de la disparition des néandertaliens est probablement multifactorielle, associant l’arrivée des Homo sapiens à d’autres facteurs comme l’isolement des populations, une natalité insuffisante, les modifications de leur environnement dues au changement climatique, etc.
Pour en savoir plus, voir les articles paléontologie, préhistoire.