pigment

Substance, généralement en poudre fine, utilisée en peinture en raison de ses propriétés colorantes.

PEINTURE

De l'Égypte antique à nos jours

Les Égyptiens, 6 000 ans avant les Grecs, avaient recours à environ 7 types de pigment : un pigment blanc (sulfate de calcium, gypse ou, plus simplement, plâtre), un pigment noir (d'origine végétale ou animale, os calciné ou charbon de bois), des pigments jaune, rouge et brun (extraits des terres naturelles ou brûlées), un pigment vert (extrait du cuivre) et un bleu très résistant (obtenu, d'après Vitruve, en broyant du sable, des fleurs de natron et de la limaille de cuivre).

Les Grecs et les Romains utilisaient 2 pigments supplémentaires (outre le blanc de céruse), dérivés du plomb : le minium (rouge vermillon) et le massicot. Ils connaissaient aussi le vert-de-gris, la terre verte (ou terre de Vérone) et se servaient de laques végétales et animales.

Les pigments des peintres du Moyen Âge étaient les mêmes que ceux des Grecs et des Romains : pigments stables à base de terres (ocre, jaunes, bruns, rouges) et pigments instables à base de plomb (cinabre, minium) ou de soufre et d'arsenic (orpiment), laques végétales ou animales et lapis-lazuli.

Au xve s., le peintre italien Cennino Cennini, auteur d'un traité de peinture, cite les couleurs naturelles communément adoptées :
le noir (oxyde minéral, sarments de vigne calcinés, cosses d'amandes brûlées, noir de fumée),
le rouge (sinopia, ou oxyde de fer rouge ; cinabre, à base de sinopia et de blanc ; cinabre, ou sulfure de mercure naturel ; minium, ou oxyde de plomb ; " sang de dragon ", ou laque résineuse ; laque de garance),
le jaune (ocre jaune, ou oxyde de fer ; giallorino ; jaune de Naples, ou antimoniate de plomb ; orpiment, ou jaune composé de soufre et d'arsenic ; ariza, ou gomme-gutte),
le vert (terre verte, ou protoxyde de fer ; vert azur, ou oxyde de cobalt ; vert-de-gris, ou acétate de cuivre),
le bleu (outremer naturel, ou lapis-lazuli ; azur d'Allemagne, ou oxyde de cobalt).

De nouveaux pigments ont été inventés depuis : les principales innovations de la chimie des pigments remontent au xviiie s. Le blanc de zinc a fait son apparition en 1782, le bleu de cobalt en 1795. En 1828, on a fabriqué l'outremer artificiel ; en 1829, on a mis au point les jaunes de cadmium, le vert émeraude et les oxydes de chrome, et en 1859 le violet de cobalt. La palette des peintres n'a cessé de s'enrichir au cours du xxe s. ; de nouveaux pigments ont été découverts, tels que le rouge de cadmium, le blanc de titane et les oxydes de fer artificiels.

Pigments et colorants : un peu de toutes les couleurs...

Jaune

Les pigments jaunes sont d'origine organique (pigments laqués obtenus par fixation de colorants organiques sur un support minéral) ou minérale (jaune de chrome, de zinc, de cadmium).

Les colorants jaunes d'origine végétale (quercitron, bois jaune, fustel, cachou, gomme-gutte) sont de plus en plus remplacés par les colorants organiques.

Bleu

Les pigments bleus minéraux les plus couramment employés sont le bleu d'outremer (silicate complexe de sodium et d'aluminium), le bleu de Prusse (ferrocyanure de potassium et de fer) et les bleus de cobalt (silicates, aluminates ou stannates de cobalt).

Les colorants bleus organiques servent à préparer des vernis colorés (vernis à l'alcool) et des encres typographiques (bleus de phtalocyanine).

Rouge

Les pigments rouges minéraux les plus fréquemment utilisés sont : le rouge de cadmium, ou sulfo-séléniure de cadmium ; les oxydes de fer rouges, naturels ou artificiels : minium, vermillon, mine orange ; le rouge de molybdène, pigment constitué par des cristaux mixtes de molybdate (10 à 15 %), chromate (70 à 90 %) et sulfate (0 à 15 %) de plomb.

À part l'orseille, utilisée dans l'industrie du papier peint, la plupart des colorants rouges d'origine végétale sont remplacés par des colorants organiques. En solution dans les solvants organiques, ces derniers donnent des solutions fortement colorées, sans pouvoir opacifiant, utilisées sous forme de vernis colorés et dans la préparation des encres.

Certains d'entre eux, insolubles dans les solvants organiques et dans les huiles, sont utilisés comme pigments (rouge para, rouge de toluidine, etc.), tandis que d'autres, par fixation sur un support minéral (alumine, sulfate de baryum, etc.), donnent des laques rouges.

Parmi les colorants rouges d'origine animale, seul le carmin, extrait de la cochenille, est couramment utilisé.

Violet

On distingue les pigments violets minéraux (violet de cobalt, violet d'outremer), les colorants violets organiques (violet de méthylène) ou d'origine animale (pourpre), et les laques violettes, utilisées dans les encres d'imprimerie.

Brun

De nombreux pigments et un grand nombre de colorants sont originalement bruns. Les pigments bruns sont d'origine minérale (certains ocres et certaines terres) ou organique (brun Lutétia).

Les colorants bruns d'origine végétale (cachou, bois de Campêche) et animale (sépia, sécrétion de la seiche) ont des utilisations en teinture et en aquarelle.

Les colorants organiques solubles sont utilisables sous forme de vernis colorés et dans la préparation des encres typographiques.

Noir

Parmi les pigments noirs, on distingue les noirs animaux (noir d'ivoire, obtenu industriellement par calcination des os), les noirs de fumée (constitués par de fines particules de carbone, destinés surtout à la composition des peintures grises), les noirs de carbone (utilisés dans l'industrie du caoutchouc et celle des encres). Ces pigments sont peu denses et ont une structure granulométrique très fine ainsi qu'un pouvoir opacifiant élevé.

L'industrie des peintures leur préfère cependant les noirs minéraux (oxydes de fer) ou végétaux, plus faciles à disperser.

L'industrie des encres et des vernis emploie aussi des colorants noirs organiques solubles, sans pouvoir opacifiant, mais de pouvoir colorant élevé.