Aménagement du territoire

Mise en place des plans régionaux

L'aménagement du territoire se régionalise de plus en plus. Non qu'il se décentralise franchement, ni que, progressivement, les régions se substituent à la DATAR pour tracer les grandes lignes de la politique à suivre et pour gérer les crédits. Mais la mode est, pour le moment, aux grands plans régionaux.

En concertation avec les instances régionales et départementales (élus, responsables socio-économiques, universités), le gouvernement a arrêté des plans pour la Bretagne, le Nord-Pas-de-Calais, le Sud-Ouest, le Poitou-Charentes par exemple. Des plans qui se décomposent en général en deux volets : les infrastructures (routes, ports, voies navigables, patrimoine immobilier) et les actions de développement économique à plus long terme — qui ne peuvent pas cadrer avec la sacro-sainte règle française de l'annualité budgétaire —, portant, par exemple, sur la formation professionnelle, l'exportation, les services collectifs aux entreprises, la gestion des PME, etc.

Bretagne

Arrêté en juin 1980, ce plan comprend une série de mesures de modernisation des routes (350 millions de F au budget de l'État de 1981), des voies ferrées Rennes-Quimper et Rennes-Brest, des installations portuaires de Brest et de Lorient pour l'approvisionnement en aliments du bétail. Le secteur agro-alimentaire doit être un point fort du développement industriel breton. En dépit de la crise qui touche la construction de matériel téléphonique, il est demandé au CNET de consentir un effort particulier en faveur des PME régionales.

La Bretagne doit aussi devenir une région pilote pour l'utilisation industrielle de la biomasse, à partir du lisier de porc notamment.

Poitou-Charentes

C'est le plus récent (décembre 1980) et, comme la plupart des autres plans, il présente la caractéristique d'une sorte de construction contractuelle entre l'État et rétablissement public régional. Événement très attendu, l'autoroute Paris-Bordeaux (via Poitiers et Saintes, ce qui a suscité mille colères à Angoulême, court-circuité) a été ouverte au début de l'été 1981. Quant au port de La Rochelle-La Pallice (premier port de France pour l'importation de bois), il bénéficiera, en 1981 et 1982, de 44 millions de F de crédits d'équipement.

En même temps, on érige Poitiers en université modèle dans le domaine de l'énergie : hall pour les réacteurs chimiques sous pression, banc d'essai des composants thermiques et solaires, systèmes de conversion thermodynamique à haute température.

L'aquaculture enfin reçoit un salutaire coup de fouet : il s'agit de valoriser les ressources spécifiques de la région, Poitou-Charentes étant la première zone ostréicole de France.

Nord-Pas-de-Calais

Cette région en proie à la reconversion industrielle avait reçu la visite du président de la République, les 9 et 10 octobre 1980. Le port de Dunkerque sera modernisé (minerais) ainsi que le patrimoine immobilier souvent très détérioré, surtout dans le bassin houiller (lancement d'un plan vert concernant l'embellissement des paysages). Parallèlement, le conseil régional, qui s'appuie sur des dizaines de relais et associations créés ou aidés par lui, lance des programmes de rénovation des logements et prépare un ensemble de mesures destinées à rajeunir le réseau des voies navigables reliées aux canaux belges.

L'aménagement du territoire n'ignore pas l'activité culturelle, enfin, puisque le ministère et la ville de Lille se mettent d'accord sur les conditions de rémunération des musiciens de l'Orchestre de Lille, dont la réputation n'est plus à faire.

Sud-Ouest

Ce fut à la fois la grande affaire régionale du septennat de V. Giscard d'Estaing et l'événement le plus marquant de l'année 1980. Annoncé le 17 novembre 1979 par le président de la République lui-même à Mazamet, ce plan de 10 ans couvrant trois grandes régions — Aquitaine, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées — comportait 27 programmes.

Un an après, un premier bilan d'application a été fait, d'où il ressort que 1 milliard de F supplémentaires auront été accordés par l'État à ces régions durant l'année 1980 et 1,1 milliard de francs en 1981.