Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, dit Nicolas Sarkozy

Homme d'État français (Paris 1955).

1. Entre succès électoraux et brèves traversées du désert

Issu par son père d’une famille de la petite noblesse hongroise, Nicolas Sarkozy grandit à Paris puis à Neuilly-sur-Seine. Avocat de formation, il s’engage au sein du Rassemblement pour la République (RPR) de Jacques Chirac dès sa création, en 1976, et prend la tête du comité national des jeunes en soutien à Jacques Chirac pour l'élection présidentielle de 1981.

Il bâtit avec succès une carrière électorale enracinée dans le département des Hauts-de-Seine : maire de Neuilly-sur-Seine dès 1983 (et jusqu’en 2002), il est député des Hauts-de-Seine (1988-1993, 1995-2002) et président du Conseil général (2004-2007).

Jeune ministre du Budget (1993-1995), il se révèle un habile porte-parole (1994-1995) du gouvernement d'Édouard Balladur. Dans la perspective de l’élection présidentielle de 1995, il met fin à son long compagnonnage avec J. Chirac pour s’engager auprès de É. Balladur, dont il devient le directeur de campagne. J. Chirac ayant été élu, N. Sarkozy multiplie, en vain, les initiatives pour regagner ses faveurs.

Sa mise à l’écart prend fin à la suite de la victoire de la gauche aux élections législatives anticipées de 1997. N. Sarkozy parvient à partager avec Philippe Séguin le secrétariat général du RPR (1998-1999), avant d’en devenir le président par intérim (avril-octobre 1999). Mais il est contraint de démissionner après la défaite sévère de la liste réunissant le RPR à Démocratie libérale d’Alain Madelin aux élections européennes de juin 1999, il rejoint son cabinet d'avocats et entame une nouvelle « traversée du désert » politique.

2. Le leader incontesté de l’UMP

Remis en selle par les élections de 2002, N. Sarkozy est jugé trop droitier par J. Chirac, qui lui préfère Jean-Pierre Raffarin pour mener le gouvernement. Tandis que la campagne électorale a été dominée par le thème de l’insécurité, il se voit octroyer le stratégique ministère de l'Intérieur (2002-2004). Affichant son volontarisme et sa culture du résultat avec force médiatisation (notamment en matière de lutte contre la délinquance et dans le domaine de la sécurité routière), il bénéficie d’un solide crédit dans l'opinion.

Nommé ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie en mars 2004, il quitte le gouvernement neuf mois plus tard afin de prendre les rênes de l'Union pour un mouvement populaire (UMP) – grand parti de la droite et du centre formé en 2002 autour du RPR et de la plupart des composantes de l'Union pour la démocratie française (UDF). Il retrouve cependant le portefeuille de l'Intérieur lors de la formation du gouvernement dirigé par Dominique de Villepin, en mai 2005 ; à ce poste, il engage notamment une réforme de la législation de l’immigration et prône la « tolérance zéro » lors des émeutes urbaines qui enflamment de nombreuses banlieues françaises à l’automne 2005.

Seul candidat de l'UMP à succéder à J. Chirac à la présidence de la République en 2007, il se fait le chantre de la « rupture tranquille » et met en avant les valeurs du travail, de l’autorité et du mérite. Élu le 6 mai 2007 avec 53,06 % des suffrages contre la socialiste Ségolène Royal, il dispose à partir de juin d'une confortable majorité à l'Assemblée.

3. Un président sur tous les fronts

Le président Sarkozy nomme François Fillon au poste de Premier ministre et promeut un gouvernement ouvert à des personnalités de gauche (notamment Bernard Kouchner aux Affaires étrangères), alors même que son programme politique est d'inspiration néolibérale.

Très actif sur la scène internationale, le président Sarkozy resserre les liens de la France avec les États-Unis. En Europe, après le rejet par référendum, en 2005, du traité établissant une Constitution pour l’Europe, il s'emploie à faire valider l'idée d'un « traité simplifié », dont il fait ratifier le texte, adopté à Lisbonne (décembre 2007), par voie parlementaire en février 2008.

L'état de grâce de « l'hyper actif » président ne survit guère au tournant de 2008, comme en témoigne la sanction de son parti aux élections municipales et cantonales de mars.

Toutefois, son action en tant que président en exercice de l'Union européenne de juillet à décembre (adoption d'un pacte sur l'immigration, lancement de l'Union pour la Méditerranée, gestion de la crise russo-géorgienne, bilan de la politique agricole commune (PAC), renforcement de la politique de défense et de sécurité, plan de lutte contre le réchauffement climatique…) lui valent un net regain de popularité. Tout comme ses premières initiatives face à la crise financière américaine qui, dès la fin de l'été, déstabilise les économies du Vieux Continent : appel à une nouvelle régulation du capitalisme et à la concertation internationale et européenne, mesures d'urgence en faveur des banques et des secteurs fragilisés, plan de relance.

Gestionnaire habile du calendrier politique, il fait adopter par le Congrès son projet de réforme de la Constitution (juillet 2008) et officialise la pleine et entière réintégration de la France dans l'OTAN (mars 2009).

4. Face à la montée de l'impopularité

Début 2009 cependant, à mesure que la crise financière internationale se mue en grave dépression, le président Sarkozy doit faire face à d'amples mouvements de mécontentement social dans les départements d'outre-mer comme en métropole. Il négocie un compromis avec les leaders syndicaux des Antilles mais table, non sans succès, sur le pourrissement des autres conflits et parvient à poursuivre le rythme des réformes. Il profite de l’accès de faiblesse de ses adversaires socialistes divisés et en panne de projet aux élections européennes de juin 2009. L' arrivée en tête d’une UMP bien que dépourvue de véritables réserves de voix a valeur de satisfecit.

À l’automne 2009, une série d’affaires (grogne de la majorité à propos de la réforme des collectivités territoriales et de la taxe carbone, tentative de placer son fils, Jean Sarkozy, à la tête du conseil d'administration de l’Établissement public pour l'aménagement de la région de la Défense, gestion de la pandémie de grippe A H1N1, etc.) ternit toutefois l’aura du président. Confronté à la très lourde sanction des urnes lors des régionales de mars 2010, il s’emploie à recadrer à la fois son image et son action.

5. Une fin de mandat difficile

Désireux d’apaiser les marchés, inquiets du niveau du déficit et de la dette publique de la France, N. Sarkozy décide d’ouvrir le chantier des retraites, abrogeant le droit au départ à 60 ans, allongeant les cotisations et modifiant son assise – non sans susciter à nouveau de grands mouvements de protestation nourris par ailleurs par des scandales qui éclaboussent l’exécutif (affaires Karachi et Bettencourt notamment). Une fois le projet adopté à l’automne, le président Sarkozy remanie le gouvernement, confirmant F. Fillon à sa tête, et le recentrant autour des poids lourds, notamment ex-RPR. Les centristes et les figures de la diversité sont débarqués, cependant qu'Alain Juppé fait un retour remarqué, à la Défense, puis, à la fin février 2011, au Quai d’Orsay.

L'intervention de la France, voulue par N. Sarkozy, en Libye puis en Côte d’Ivoire et enfin, son activisme au chevet de l’Union européenne, proie des marchés dès l’été, ne semblent guère de nature à redresser sa cote de popularité ; en témoignent les élections cantonales de fin mars, désastreuses pour la majorité, puis le basculement consécutif et historique du Sénat à gauche en septembre, ou le succès des primaires citoyennes organisées en octobre par le parti socialiste et qui installent François Hollande comme potentiel principal adversaire.

La dégradation de la note de la France par l’agence financière Standard & Poor’s en janvier 2012 et l’aggravation de la crise de l’euro ne permettent pas au président sortant de compenser par un bilan incontestable une impopularité solidement et durablement ancrée dans le pays. Entré tardivement en campagne (à la mi-février), il droitise très nettement son discours et s’emploie à cliver l’électorat. Cette stratégie ne parvient toutefois pas à réitérer l’exploit de 2007 et à « siphonner » les voix du Front national : premier titulaire de la fonction à n’arriver que deuxième au premier tour, il perd 4 points par rapport à sa précédente performance, avec 27,18 % des suffrages, contre 28,63 % pour F. Hollande. Marine Le Pen fait un score historique (17,90 %). Soucieux de rassembler derrière sa personne et son programme les partisans de cette dernière, il accentue dès lors la ligne politique très radicale adoptée pendant la campagne, sans pour autant obtenir le soutien des leaders de l'extrême droite. Au contraire, ce faisant, il s’aliène une partie de l’électorat centriste, à l’instar d’un François Bayrou qui se prononce personnellement en faveur du candidat socialiste. Le résultat du 6 mai 2012 consacre sa défaite : avec 48,3 % des suffrages, le président sortant est battu par F. Hollande, qui le devance de plus de 3 points. N. Sarkozy fait alors connaître son intention de se retirer de la scène politique nationale. Définitivement ?

6. Retraite ? Recours ? Et finalement retour…

Après la passation des pouvoirs, l’ancien président s’impose le silence, qu’il ne rompt qu’au début du mois d’août pour appeler la communauté internationale à l’intervention en Syrie et fustiger l’inaction en ce domaine de son successeur. Sollicité pour des conférences de par le monde, il ne se désintéresse pas pour autant de la scène politique nationale, manœuvrant en sous-main dans l’affrontement qui oppose F. Fillon et J.-F. Copé pour prendre les rênes de l’UMP en novembre. Impuissant à trouver un compromis entre les deux prétendants à sa succession à la tête de la grande formation de droite, il laisse toutefois entendre qu’il pourrait reprendre du service comme recours, pour contrer les visées d’un Front national de plus en plus influent. Mais les affaires qui l’entourent désormais (sondages de l’Élysée, Karachi, financement de la campagne 2007, Tapie) et le principe de primaires obtenu par son ancien Premier ministre en avril en vue de l'élection présidentielle de 2017 demeurent susceptibles de faire obstacle à ses ambitions. Le scandale Bygmalion qui éclate en juin 2014 à propos de sa campagne de 2012 et décapite les finances et la direction de l’UMP, précipite son retour sur la scène politique en l’amenant à se porter candidat à la présidence du parti et en l’emportant à la fin novembre, mais avec moins de 65 % des suffrages des militants, contre près de 30 % pour Bruno Le Maire et 6,3 % pour Hervé Mariton. Le franc succès de l’union de la droite qu’il a négociée aux élections départementales de mars 2015 lui permet toutefois de tourner la page des difficultés rencontrées et de consolider son contrôle de l’appareil – sans pour autant dissiper l’ombre portée de la popularité croissante d'Alain Juppé.

Pour en savoir plus, voir l'article France : vie politique depuis 1958.