Les Républicains
jusqu'en mai 2015 Union pour un mouvement populaire (UMP)
Parti politique français fondé en 2002.
1. Alain Juppé (2002-2004)
Conçue à l'origine – sous les noms d'Union en mouvement puis d'Union pour la majorité présidentielle – comme un rassemblement destiné à soutenir Jacques Chirac lors des élections du printemps 2002, l'UMP devient en novembre de la même année – sous l'appellation d'Union pour un mouvement populaire – un grand parti politique de la droite et du centre qui réunit l'ancien RPR et l'ancienne Démocratie libérale, des membres issus de l'UDF et, avec le statut de formation associée, le parti radical.
Présidée à sa création par Alain Juppé, l'UMP perd ses premières batailles électorales, payant l'impopularité de la politique suivie par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin : après un sérieux revers lors des cantonales et surtout des régionales des 21 et 29 mars 2004, elle essuie un second vote sanction lors des européennes du 13 juin, à l'issue desquelles elle ne recueille que 16,6 % des voix.
2. Nicolas Sarkozy (2004-2012)
Devenu président de l'UMP en novembre 2004, Nicolas Sarkozy parvient à lui donner un nouvel élan en en faisant l'instrument de sa conquête de l'Élysée ; candidat de cette formation, il est élu à la présidence de la République avec 53,06 % en mai 2007 et quitte peu après la direction du parti dont il confie l'intérim à Jean-Claude Gaudin. Avec 109 députés, apparentés ou alliés, élus ou réélus dès le premier tour des législatives de juin, et malgré un second tour quelque peu moins favorable, l'UMP obtient à l'Assemblée une confortable majorité de 313 représentants – susceptible de soutenir le gouvernement Fillon et la mise en œuvre de ses réformes.
En juillet 2007, le conseil national du parti décide de se doter d'une direction collégiale assurée par un secrétaire général, Patrick Devedjian, et trois vice-présidents, J.-P. Raffarin, J.-C. Gaudin et Pierre Méhaignerie.
Sanctionnée lors des élections municipales et cantonales du printemps 2008, l'UMP sort affaiblie des élections sénatoriales de septembre 2008 : en dépit de l'augmentation du nombre de sièges de 331 à 342, le parti présidentiel passe de 159 à 147 sièges. Après un an et demi de transition et de tâtonnements, N. Sarkozy juge nécessaire de remettre le parti en ordre de bataille et d'en faire une armée de conquête pour l'échéance présidentielle de 2012. À l'issue d'un remaniement complet du parti, officialisé le 24 janvier 2009, Xavier Bertrand, qui assurait depuis décembre 2008 l'intérim de la direction du parti à la suite du départ de P. Devedjian, nommé ministre chargé du plan de relance, est élu secrétaire général du parti. Il est assisté de quatre secrétaires généraux adjoints dont l'ex-socialiste Éric Besson, qui incarne l'ouverture souhaitée par le chef de l'État. Au conseil national (le parlement de l'UMP), J.-P. Raffarin réussit à sauver sa place de vice-président ; à ses côtés siègent Michèle Alliot-Marie, Jean-Louis Borloo (jusqu'en novembre 2010) et Brice Hortefeux.
Aux élections européennes de juin 2009, l'UMP, forte à la fois de son unité, de son alliance avec d’autres formations comme le Nouveau Centre, de la fermeté de l’exécutif face aux mouvements sociaux du début de l’année et de la réussite de la présidence française de l'Union européenne dans la deuxième moitié de 2008, remporte une victoire historique en obtenant 27,87 % des suffrages (29 députés), le meilleur score réalisé par un parti de droite au pouvoir pour ce type de scrutin depuis trente ans. Mais ce succès, qui doit beaucoup à l’accès de faiblesse du principal groupe adverse, le parti socialiste (PS), masque un singulier étiage des voix du camp conservateur (autour de 40 %).
Dans un contexte économique aggravé et une conjoncture politique difficile (consultations de mi-mandat, survenant par ailleurs à la suite d’une série d’affaires ternissant l’aura du chef de l’État), la sanction des urnes aux régionales de 2010 (26,9 % des voix au premier tour, loin derrière le PS, et pratiquement sans réserves à droite ; 35,4 % des suffrages au second) surprend par son ampleur. Cette défaite (perte de la Corse, seule des 22 Régions métropolitaines avec l’Alsace à échapper jusqu’alors au contrôle de la gauche), que ne saurait compenser le gain de La Réunion et de la Guyane, alimente les critiques internes sur la stratégie de parti unique à droite voulue par N. Sarkozy et nourrit les interrogations sur la possibilité, pour ce dernier comme pour l’UMP, de gagner en 2012.
À l'issue du remaniement ministériel du 14 novembre 2010, Jean-François Copé devient secrétaire général à la place de X. Bertrand qui hérite d'un grand ministère du Travail, de l'Emploi et de la Santé.
De nouvelles sanctions électorales ajoutent à la morosité : les cantonales de mars 2011 sont un désastre pour la droite et notamment son grand parti, talonné et même concurrencé par le FN, et divisé sur la stratégie à adopter à l’égard de cette formation ; le basculement consécutif et historique du Sénat à gauche en septembre confirme l’ampleur du rejet sur le terrain et augure mal des prochaines échéances, d’autant que les primaires citoyennes organisées par le PS en octobre semblent remettre durablement l’opposition en selle.
L’UMP mise dès lors sur le choix de la tactique du clivage tous azimuts, n’hésitant pas à adopter les arguments de sa frange très droitière (immigration, laïcité et islam, sécurité, dénonciation de la fraude sociale…). Ces thèmes populistes semblent avoir permis au président Sarkozy, malmené par les sondages et objet d’un vif rejet de l’électorat, d’éviter l’humiliation et d’obtenir à peine plus d’un million de voix de moins que son concurrent, le socialiste François Hollande, le 6 mai 2012. Il n’empêche : le candidat UMP est devancé par son challenger au premier tour (28,63 % contre 27,16 % des suffrages) et battu au second. En outre, la mise en avant pendant toute la campagne de thèmatiques proches de celles du Front national a de toute évidence permis à Marine Le Pen d’effectuer un score historique le 22 avril (17,9 %), tout en autorisant une possible réunion des courants de droite et d’extrême-droite, au grand dam des modérés et humanistes de l’UMP.
3. Dans l'opposition
Ébranlée par la défaite et le départ de son principal leader, l’UMP, sous la houlette de Jean-François Copé, parvient à se présenter unie aux législatives de juin et à remporter au premier tour 26,6 % des voix (contre 29,2 % au PS). Mais avec 196 élus, elle perd la majorité, essuie une perte sèche de plus de 100 sièges, et voit certaines de ses figures, comme M. Alliot-Marie, Claude Guéant ou Nadine Morano battues. Parmi elles, de nombreux sarkozystes et membres de la très droitière « Droite populaire », alors même que les débats sur la stratégie à adopter envers le Front national font rage au sein du mouvement et que se dessine très nettement un rapprochement de l’électorat des deux formations.
Désormais dans l’opposition et taclée sur sa droite par le FN, l’UMP entame une reconstruction qui semble pour l’heure n’aller guère au-delà de la conjonction des déçus du gouvernement socialiste et la remise en question de son leadership : appelée à renouveler sa direction en novembre, elle organise une campagne interne qui voit s’affronter deux principaux prétendants, François Fillon et J.-F. Copé.
La bataille, impitoyable, réactualise la tradition des grands duels fratricides dont la droite française contemporaine est coutumière. Parti largement favori, F. Fillon se fait coiffer au poteau en novembre par son challenger à l’issue de manœuvres et coups d’éclat qui menacent pendant près d’un mois de faire éclater la formation que l’un et l’autre entendaient rassembler, sans que les entreprises de médiation d’A. Juppé ou de N. Sarkozy aboutissent. Un compromis est finalement trouvé, accordant à J.-F. Copé les rênes temporaires du mouvement et unissant, dans une équipe dirigeante très élargie, les staffs des deux adversaires.
F. Fillon, qui décide de ne pas participer au nouvel organigramme de l’UMP, obtient par la suite le principe de la tenue de primaires en vue des élections présidentielles de 2017. En contrepartie, il renonce à disputer à nouveau à J.-F. Copé la direction du parti et prend soin de cultiver son image d’homme d’État, se mettant officiellement en mai 2013 sur les rangs des candidats potentiels. Et sur le chemin de N. Sarkozy, dont il s’émancipe toujours davantage, alors même que ce dernier estime pouvoir jouer un rôle de recours face à un Front national influent et agressif.
En effet, si les huit législatives partielles qui se succèdent de décembre 2012 à juin 2013 voient la droite l’emporter, elles confirment la banalisation, l’implantation et l’essor de la formation de M. Le Pen, plaçant un peu plus l’UMP face à ses dilemmes : la poursuite de sa radicalisation bien entamée lors du quinquennat précédent, une recherche d’alliances et de partenariats avec l’appareil frontiste, ou un retour aux fondamentaux et un recentrage que le gros de son électorat ne semble plus appeler de ses vœux.
Le retocage par le Conseil constitutionnel des comptes de campagne 2012 en juillet porte à l’UMP une nouvelle estocade, en l’occurrence une ardoise de 11 millions d’euros, qu’une souscription nationale comble cependant vite, témoignant de la popularité intacte de N. Sarkozy auprès de la base du parti. Mais barons et anciens ministres s’emploient quant à eux à marquer un peu plus leur distance par rapport à l’ancien président : ainsi de F. Fillon, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Bruno Le Maire ou A. Juppé, dont la cote ne cesse de monter.
Même mise en sourdine, la guerre des chefs entre fillonnistes et copéistes continue à fragiliser en sous-main une formation plombée par ailleurs par une dette colossale. Elle renaît à la fin de l’année lors des tractations portant sur la nomination des futures têtes de liste aux européennes de juin – très nettement proches du président du parti. Et se repaît des rebondissements dans les affaires qui entourent N. Sarkozy et sa campagne de 2012, impliquant aussi désormais ouvertement J.-F. Copé. Si les excellents résultats d’une UMP qui a su résister aux sirènes du FN lors des municipales de mars 2014 étouffent quelque peu les contestations internes, la contre-performance du mouvement aux européennes de la fin mai (arrivé deuxième derrière l’extrême droite, avec à peine plus de 20 % des voix) fournit un prétexte idéal au solde des comptes, d’autant que s’ensuivent de nouvelles révélations sur la surfacturation indue des meetings de 2012. J.-F. Copé, sommé de se démettre, est remplacé temporairement à la tête du parti par un triumvirat d’anciens Premiers ministres (J.-P. Raffarin, F. Fillon, A. Juppé), à charge pour eux et le président intérimaire qui les seconde, Luc Chatel, de faire la vérité sur les dysfonctionnements de l’appareil, de parer aux scandales qui en découlent et d’éviter l’implosion du mouvement.
Ces derniers rebondissements précipitent le retour politique de N. Sarkozy, qui se porte candidat à la présidence vacante de l’UMP et l’enlève à la fin novembre, mais avec moins de 65 % des voix des militants, contre près de 30 % à Bruno Le Maire et un peu plus de 6 à Hervé Mariton. Le succès de l’union de la droite qu’il négocie et la vague bleue qui submerge le pays lors des élections départementales de mars 2015 lui permettent toutefois de renforcer son contrôle de l’appareil – sans pour autant faire taire les critiques en interne, étouffer les ambitions personnelles, écarter l’ombre portée des affaires auxquelles son nom est associé et contrer l’essor de la popularité d’A. Juppé.
Pour en savoir plus, voir l'article France : vie politique depuis 1958.