Georges Pompidou
Homme d'État français (Montboudif, Cantal, 1911-Paris 1974).
De l’enseignement à la politique
Fils d'instituteurs de campagne, Georges Pompidou fait de brillantes études au lycée d'Albi avant de faire ses classes préparatoires au lycée de Toulouse puis au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Reçu à l'École normale supérieure (E.N.S.), il passe avec succès l'agrégation de lettres en 1932. Il se consacre d'abord à une carrière d'enseignant à Marseille, puis au lycée Henri-IV, à Paris. Bien qu’il n’ait pas participé à la Résistance pendant l’Occupation, il devient à la Libération l’« agrégé de Lettres sachant lire et écrire » que recherche le général de Gaulle, chef du gouvernement, pour diriger son cabinet. Il est chargé de mission auprès du ministre de l'Information jusqu’en 1946, lorsque le général de Gaulle se retire de la vie politique officielle. Devenu l'un de ses principaux collaborateurs, il entre au Conseil d'État et, pendant la « traversée du désert » de son mentor, occupe les fonctions de chef de cabinet occulte. Son goût de l'action et sa curiosité pour un nouveau champ d'expériences le conduisent, en 1954, à quitter la fonction publique pour entrer à la banque Rothschild, dont il devient directeur général en 1956. À la faveur du retour au pouvoir du général de Gaulle au mois de mai 1958, il redevient son directeur de cabinet au mois de septembre suivant.
Premier ministre du général de Gaulle
Au lendemain de l’avènement de la Ve République et de l'accession du général de Gaulle à la présidence de la République, Georges Pompidou est nommé membre du nouveau Conseil constitutionnel en janvier 1959. Il refuse à deux reprises le portefeuille des Finances et ne se résout à quitter la banque Rothschild que pour prendre la succession de Michel Debré au poste de Premier ministre (1962).
Peu connu des Français, il se révèle brillant et efficace et, lors des événements de mai 1968, il joue un rôle déterminant dans la reprise en main du pouvoir et négocie les accords de Grenelle.
Mais la lente détérioration de ses rapports avec le général de Gaulle amène ce dernier à le mettre « en réserve de la République ». Remplacé à Matignon par Maurice Couve de Murville (juillet 1968), il retrouve son siège de député du Cantal (où il avait été élu dès 1967).
Président de la République (1969-1974)
Après la démission du général de Gaulle faisant suite à l'échec du référendum d'avril 1969, Georges Pompidou obtient le soutien de l’UDR, le grand parti gaulliste, en vue de l’élection présidentielle de juin. Astucieusement, il désigne le centriste Alain Poher comme son principal adversaire. Pointant les faiblesses d’un candidat qui refuse de dire s’il s’appuierait sur la droite ou sur la gauche pour gouverner, il refait son retard dans les sondages, puis prend même une nette avance. Il capitalise notamment la confiance de l’électorat lors de remarquables prestations télévisées. En adoptant le slogan « Le changement dans la continuité », il assume en fait l’héritage gaulliste plutôt que gaullien, car ses intentions sont de gouverner autrement – en un mot, d’une manière plus moderne que du temps de son glorieux prédécesseur, qui privilégiait le rôle d’arbitre au-dessus des partis du président de la République.
Arrivé en tête au premier tour de scrutin, avec 44,5 % des voix, Georges Pompidou est confortablement élu au second tour, avec 58,2 % des suffrages exprimés – qui, toutefois, ne représentent que 37,5 % des inscrits, car la participation est tombée à 68,8 %. Comme promis, il agit sur un double registre : la continuité, en nommant Premier ministre un gaulliste de pure souche, Jacques Chaban-Delmas ; le changement, en cautionnant le programme (élaboré en collaboration avec Jacques Delors) de ce Premier ministre qui s’engage dans la voie de la « nouvelle société », fondée avant tout sur la notion de politique contractuelle en matière de salaires.
Continuité encore dans la conduite de l’exécutif, dominé par la volonté du président de la République, qui conserve les principes de régionalisation et de participation, de même que les grandes options que sont la force de dissuasion nucléaire, la politique d’équilibre entre les États-Unis et l’URSS ou le rapprochement avec les peuples du tiers-monde. Changement aussi dans la composition du gouvernement, ouvert aux Républicains indépendants de Valéry Giscard d'Estaing et aux centristes, dans le financement d’une politique industrielle hardie et dans la conception d’une Europe qui doit être désormais ouverte au Royaume-Uni (référendum d'avril 1972).
Prenant ombrage de l’autonomie croissante de Jacques Chaban-Delmas, Georges Pompidou le remplace, en juillet 1972, par Pierre Messmer, qui a pour mission de conduire la majorité à la victoire lors des élections législatives de mars 1973. Mission accomplie, même si l'opposition de gauche est renforcée.
Atteint d'un mal incurable et cachant difficilement la vérité au public, Georges Pompidou s'acharne à tenir la barre de l'État, dans un contexte intérieur et extérieur difficile. Le président s'enferme dans son pouvoir suprême, refusant que le centre des décisions majeures soit ailleurs qu'à l'Élysée. Il meurt en cours de mandat, le 2 avril 1974. Valéry Giscard d'Estaing, ministre des Finances dans son dernier gouvernement, est élu à sa succession.
Auteur d'une Anthologie de la poésie française (1961), Georges Pompidou est à l’origine de la création du Centre national d’art et de culture qui porte son nom.