Louis XVIII
(Versailles 1755-Paris 1824), roi de France (1814-1815, 1815-1824), fils du Dauphin (le fils de Louis XV) et de Marie-Josèphe de Saxe.
1. Monsieur : le frère de Louis XVI
Louis Stanislas Xavier naît à Versailles, au beau milieu du règne de Louis XV, son grand-père. Troisième fils du Dauphin Louis et de Marie-Josèphe de Saxe, il reçoit d'abord le titre de comte de Provence. En 1771, il épouse la princesse Louise de Savoie, fille du roi de Sardaigne, dont il n'a pas d'enfants. Quand, en 1774, son frère, le duc de Berry, monte sur le trône sous le nom de Louis XVI, il est appelé Monsieur et devient le deuxième personnage du royaume. Cherchant à soigner sa popularité, il joue au prince éclairé, à l'homme d'esprit voltairien et libertin.
En 1787, à l'Assemblée des notables, il affiche des opinions libérales, se déclarant partisan du principe de doublement de la représentation du tiers état aux États généraux et, dans les premiers mois de la Révolution, il se garde bien de condamner le mouvement. En décembre 1789, il essaie d'obtenir la lieutenance générale du royaume, mais Marie-Antoinette s'y oppose. Compromis dans la conspiration de Favras, il comparaît volontairement devant la Commune de Paris, se disculpe et désavoue les conjurés.
2. En exil
En juin 1791, Louis gagne Bruxelles, d'où il rejoint son frère, le comte d'Artois, à Coblence. Lors de son exil, il travaille à la restauration de la monarchie, exhorte Louis XVI à la résistance et tente de trouver un appui auprès des cours européennes comme auprès des émigrés. Parallèlement il forme un réseau d'espionnage royaliste en France et prend contact avec les vendéens.
Le 21 janvier 1793, après l'exécution de Louis XVI, Monsieur prend le titre de régent, titre que les Cours se refusent à entériner, et il se réfugie à Vérone. Mais la mort de son neveu Louis XVII, le 8 juin 1795, le fait roi de France. Il prend le nom de Louis XVIII et lance sa première proclamation de Vérone, maladroite et brutale. En 1796, le Directoire lance un ultimatum à la République de Venise, qui l'expulse de Vérone, et il doit se réfugier à Mitau (auj. Ielgava) [1798] en Courlande, puis, après le traité de Tilsitt, en Suède et enfin en Angleterre (1807). Durant toutes ces années, peu aidé par les monarques européens, il connaît les souffrances de l'exil et vit dans une réelle gêne financière.
3. Le retour d'un roi
Louis doit attendre la chute de Napoléon pour pouvoir restaurer la monarchie en France : le 6 avril 1814, grâce au soutien de l'Angleterre et aux intrigues de Talleyrand, le Sénat appelle au trône « Louis Stanislas Xavier, frère du dernier roi »; celui-ci débarque à Calais le 24 avril et s'engage, par la déclaration de Saint-Ouen (2 mai), à pratiquer un gouvernement constitutionnel. Une Charte constitutionnelle est promulguée le 4 juin : celle-ci reconnaît les principes fondamentaux de liberté, d'égalité et de propriété, y compris pour les biens nationaix. La liberté religieuse est assurée, mais le catholicisme est religion d'État. Il n'y a pas rééllement de sépération des pouvoirs car le roi participe au législatif, mais deux chambres limitent son pouvoir : la Chambre des pairs, qu'il nomme, et celle des députés, élue au suffrage censitaire.
L'installation au pouvoir est de courte durée puisque, moins d'un an après, Napoléon reconquiert la France : c'est l'épisode des Cent-Jours (mars-juin 1815), durant lequel Louis XVIII se réfugie à Gand.
Pour en savoir plus, voir l'article première Restauration.
4. La seconde Restauration
Après la seconde abdication de Napoléon, Louis XVIII rentre de nouveau à Paris (8 juillet 1815). Le roi est revenu sur le trône malgré bien des réticences de la part des Alliés, qui n'ont accepté la seconde Restauration que grâce à de tortueuses négociations menées par le ministre de la Police, Fouché. Louis XVIII s'entend peu aux affaires, mais il cherche à composer avec les idées de l'heure et donc à ne pas rejeter tout l'héritage de la Révolution et de l'Empire. Il s'efforce de limiter les représailles que font subir les royalistes ultras aux bonapartistes et aux libéraux (→ la Terreur blanche), et il cherche à établir une politique de réconciliation nationale, grâce à une politique libérale de juste milieu. Celle-ci est incarnée en la personne de son ministre favori, Decazes, qu'il soutient au besoin contre son frère le comte d'Artois (le futur Charles X) – porte-parole des ultras – pendant quatre ans.
L'assassinat du duc de Berry (février 1820) fait échouer cette politique libérale et met fin à la carrière de Decazes, provoquant une réaction brutale (loi de sûreté générale, loi sur la presse). Louis XVIII perd son rôle d'arbitre et laisse gouverner les hommes de droite comme le duc de Richelieu et Villèle, l'ultraroyaliste, qui garde le pouvoir à partir de 1821 et amorce la politique de réaction qui continuera sous le règne de Charles X (1824).
Pour en savoir plus, voir l'article seconde Restauration.