Contre-Révolution
Mouvement d'opposition à la Révolution française, visant à détruire l'œuvre de cette dernière et à restaurer l'Ancien Régime.
1. L'hostilité du roi et de la reine
Dès 1789, les privilégiés les plus attachés à l'Ancien Régime se montrent hostiles aux transformations qui s'opèrent en France. Le roi, qui accepte mal l'idée d'une monarchie constitutionnelle, donne à contrecœur son accord aux mesures prises par l'Assemblée nationale constituante : abolition des privilèges (→ nuit du 4 août 1789), Déclaration des droits de l'homme et surtout Constitution civile du clergé (qui allait provoquer une vive résistance de la part des catholiques).
Marie-Antoinette et la cour montrent plus d'intransigeance encore, mettant leurs espoirs dans l'intervention étrangère.
2. L'armée de Condé
Les premiers émigrés (le comte d'Artois [le futur Charles X] à Turin, puis Condé et le comte de Provence [le futur Louis XVIII] sur le Rhin) ameutent l'Europe contre la France nouvelle. Les princes possessionnés d'Alsace manifestent leur mécontentement, le roi de Prusse et l'empereur Léopold signent la déclaration de Pillnitz (27 août 1791), et la petite armée de Condé se prépare à suivre les troupes d'invasion austro-prussiennes.
En France même, malgré les inquiétudes des patriotes devant ce qu'ils appellent le « complot aristocratique » ou le « comité autrichien », la noblesse se montre incapable d'action suivie : les groupements royalistes du Languedoc, de Lyon, du camp de Jalès n'ont abouti à aucun résultat concret.
3. La contre-révolution intellectuelle
Quelques écrivains antirévolutionnaires (Rivarol, Suleau) aiguisent en vain leurs plumes contre les « démocrates ». Après la chute des Tuileries, toute la presse de droite est d'ailleurs muselée.
En face des théories révolutionnaires, les grandes thèses réactionnaires se développent surtout à l'étranger. Les ouvrages de Burke (Réflexions sur la révolution française, 1790), de Jacques Mallet du Pan (Considérations sur la nature de la Révolution de France, 1793), de Joseph de Maistre (Considérations sur la France, 1796) et de Louis de Bonald (Théorie du pouvoir politique et religieux, 1796) deviendront les bréviaires des contre-révolutionnaires.
4. Terreur et Terreur blanche
Après l'exécution du roi, la révolution sera mise en péril non seulement par les assauts des coalisés, inquiets de l'expansionnisme français et de la propagande faite dans les pays occupés, mais aussi par le soulèvement de la Vendée (→ guerre de Vendée) et les insurrections des départements. La victoire de la Montagne sur la Gironde met fin aux mouvements fédéralistes. Lyon est repris aux royalistes, les Anglais sont chassés de Toulon, les Vendéens vaincus à Savenay, tandis que les armées républicaines repoussent les coalisés.
En même temps, la Terreur s'appesantit sur la France, coupant court aux velléités de contre-révolution. Après Thermidor, la réaction antiterroriste prend vite un caractère royaliste. La Terreur blanche sévit, mais, malgré les espoirs des monarchistes, le pays reste républicain. Les nombreux acquéreurs de biens nationaux ne veulent pas renoncer à leurs profits.
Après la mort de Louis XVII, le maladroit manifeste du comte de Provence exaspère l'opinion. Le désastre de Quiberon porte un coup à la cause des Bourbons, la journée du 13-Vendémiaire (5 octobre 1795) anéantit leurs espérances.
5. La contre-révolution sous le Directoire
Sous le Directoire, modérés et royalistes travaillent pour la monarchie, espérant obtenir une majorité dans les Conseils, mais le coup d'État du 18-Fructidor (4 septembre 1797) coupe court aux idées de restauration. Les victoires militaires, la création des « républiques sœurs » affermissent la foi révolutionnaire. Cependant les royalistes de l'Ouest reprennent les armes, le Midi s'agite. La politique de bascule du Directoire entre la droite et la gauche aboutit à la dictature militaire.
6. Les complots sous le Consulat
Au début du Consulat, Bonaparte, désireux de rallier à lui les monarchistes, permet le retour de nombreux émigrés, tout en déclinant les avances des Bourbons. Le complot de la machine infernale (→ attentat de la rue Saint-Nicaise) lui permet de frapper à la fois les opposants jacobins et royalistes.
Les affaires Cadoudal et du duc d'Enghien hâtent l'avènement de l'Empire. Jusqu'en 1814, Napoléon réprimera toute tentative de restauration monarchique.
Pour en savoir plus, voir les articles Ancien Régime, chouannerie, Révolution française, histoire de la France.