François Guizot
Homme d'État et historien français (Nîmes 1787-Val-Richer, Calvados, 1874).
1. Le conservateur libéral
De confession protestante, il obtient la chaire d'histoire moderne à la Sorbonne (1812) grâce à la protection de Fontanes, grand maître de l'Université. Royaliste convaincu, il devient, avec l'appui de Royer-Collard, secrétaire général du ministre de l'Intérieur (1814), l'abbé de Montesquiou. Durant les Cent-Jours il suit Louis XVIII à Gand, ce qui lui assure peu après le poste de secrétaire général au ministère de la Justice (1816-1820). Il est alors un membre influent du groupe des doctrinaires – ces libéraux conservateurs, hostiles à toute idée de retour à l'ordre de l'Ancien Régime, rêvent d'une monarchie constitutionnelle –, constitué sous l'égide de Royer-Collard. L'assassinat du duc de Berry entraîne la chute de Decazes, et Guizot est révoqué en juin 1820.
Il retrouve l'Université, écrit des brochures hostiles au gouvernement et entame la publication de ses ouvrages historiques (Histoire de la révolution d'Angleterre, 1826-1827 ; Histoire de la civilisation en Europe, 1828 ; Histoire de la civilisation en France, 1830). Collaborateur du journal le Globe, il devient président de la société « Aide-toi, le ciel t'aidera ». En janvier 1830, élu député de Lisieux, il siège au centre gauche. Adversaire des ordonnances de Saint-Cloud du 25 juillet 1830, il contribue au triomphe de la monarchie bourgeoise et à la chute de Charles X.
2. Ministre de l'Instruction publique
Sous le règne de Louis-Philippe, il se rallie au camp des conservateurs et appuie la politique de répression contre les républicains. Nommé ministre de l'Intérieur (août-novembre 1830), de l'Instruction publique (octobre 1832-février 1836 ; septembre 1836-avril 1837), il fait promulguer la loi sur l'instruction primaire (loi Guizot, 28 juin 1833). L'article 9 de la loi stipule que « toute commune est tenue, soit par elle-même, soit en se réunissant à une ou plusieurs communes voisines, d'entretenir au moins une école primaire élémentaire ». Quant aux communes de plus de 6 000 habitants, elle doivent en outre ouvrir une école primaire supérieure, et chaque département est tenu du créer une école normale. La loi Guizot n'instaure ni l'obligation ni la gratuité, mais les indigents peuvent être exonérés des frais de scolarité.
3. Ministre des Affaires étrangères
Après la chute du cabinet Thiers (mars-octobre 1840), Guizot, alors ambassadeur à Londres, devient ministre des Affaires étrangères (1840-1847), puis président du Conseil (1847-1848), et assume de fait la direction du Cabinet, bénéficiant de l'appui du souverain. Sa politique est particulièrement favorable à la bourgeoisie possédante et aux grands intérêts privés (lois sur les concessions des mines en 1838, sur l'organisation des chemins de fer en 1842). Convaincu que les responsabilités politiques doivent être réservées à l'élite sociale, Guizot se refuse à modifier le système censitaire (qui n'accorde le droit de vote qu'à ceux qui justifient d'une certain revenu) et il se ménage une majorité docile.
Sur le plan extérieur, il prône l'Entente cordiale avec la Grande-Bretagne, mais la conclusion des mariages espagnols en 1846 lui aliène le gouvernement anglais. En revanche, il se rapproche des puissances conservatrices, particulièrement de Metternich (1847), afin de maintenir le statu quo de l'Europe devant la flambée révolutionnaire. Alors que la France subit une grave crise économique qui n'épargne pas les milieux bourgeois, il s'oppose à toute réforme tant électorale que parlementaire. En 1848, au cours de la campagne des banquets, il interdit la manifestation du 22 février, provoquant de ce fait la révolution de 1848, qui marque la fin de la monarchie de Juillet. Il entraîne dans sa chute le roi Louis-Philippe. Il se consacre alors à son œuvre historique et à ses Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps (1858-1867).
Pour en savoir plus, voir l'article monarchie de Juillet.