légende
(latin legenda, chose à lire, de legere, lire)
Récit à caractère merveilleux, où les faits historiques sont transformés par l'imagination populaire ou l'invention poétique.
Issu du latin legenda (ce qui doit être lu), le mot légende peut être défini comme un récit imaginaire, élaboré à partir de faits historiques réels et destiné à magnifier un personnage ou un événement passé.
1. Héros sacrés, héros profanes
Le terme, dans son acception première, s'appliquait exclusivement aux récits édifiants de la vie des saints et des martyrs, textes qui étaient lus pendant les services religieux et dans les couvents (→ christianisme). La légende fit irruption dans la littérature populaire des peuples chrétiens sous la forme de poèmes qui résument assez bien les croyances religieuses de l'époque à laquelle ils furent composés.
Au Moyen Âge, la légende fleurit : le Martyrologe de saint Jérôme, recueil de Syméon Métaphraste, la Légende dorée de Jacques de Voragine (1228-1298), les Acta martyrum de Ruinart, les Acta sanctorum de Jean Bolland (1596-1665) et de ses continuateurs, les « bollandistes », constituent le trésor des légendes chrétiennes. La signification du terme se modifia peu à peu ; on en vint à appeler légendes tous les récits fabuleux d'un événement passé, quelle que soit la tradition sur laquelle les récits se fondaient.
Si la légende puise souvent aux sources traditionnelles, populaires et folkloriques, elle peut aussi être la création originale d'un conteur ou d'un poète, imprégné des formes d'imagination de son temps : ainsi naquirent sans doute les chansons de geste, et même les nombreux récits légendaires créés à l'époque romantique.
Pour en savoir plus, voir les articles fable, conte.
2. Fable et vérité
La légende historique se trouve placée à la croisée de l'histoire vraie (qui ne renferme que des éléments de relation) et du conte ; elle se distingue de l'histoire vraie par le manque d'autorité des sources et contient souvent des traits fabuleux qui rappellent plus ou moins la forme traditionnelle du conte.
Une légende peut être née à propos d'un lieu déterminé, proposant d'expliquer la géographie du lieu, le nom qu'on lui donne ou la tradition de certaines coutumes locales. Ces légendes sont courtes, reprennent souvent les mêmes thèmes dans différentes parties du monde et rappellent des coutumes et des croyances anciennes. La ville enfouie, la naissance des dieux dans des cavernes, la naissance des héros et leur ascension au ciel sont des légendes racontées à la fois en Amérique, en Europe ou en Asie. Ainsi, en Chine, en Inde ou en Europe, les légendes relatives à la fondation d'une ville, d'un temple ou d'une église mentionnent toujours la nécessité d'effectuer des sacrifices humains.
On retrouve également aux quatre coins du monde l'histoire du roi qui dort sur une montagne ou au bord d'un lac et qui reviendra sauver son peuple (légendes du roi Arthur, de Charlemagne, de Barbarosa en Europe, légendes relatives à plusieurs empereurs chinois).
3. Mythe et légende
À la différence de la légende, le mythe est représenté dans l'atemporel. Un dieu est né, il est mis à mort, il renaît : tout cela correspond à une croyance qui est de tous les temps. Le fait que l'histoire mythique se déroule dans l'atemporel ne veut pas dire qu'elle ne soit pas localisée dans le temps et dans l'espace. Le mythe fait partie du système obligatoire de la représentation religieuse ; les gens sont obligés de croire au mythe.
Pour en savoir plus, voir l'article mythologie.
La légende demande moins de foi ; plus exactement, la croyance qu'on lui témoigne n'entraîne pas nécessairement une conséquence. Le temps est, si l'on peut dire, plus localisé : on connaît, par exemple, la date de la naissance d'un saint.
Le mythe, même lorsqu'il raconte des événements précis, se place dans un temps mythique qui est toujours au-delà de celui des hommes, tandis que la légende se place toujours dans un temps qui est à l'échelle de celui des hommes. Le mythe peut pénétrer la légende ; les dieux interviennent à chaque instant dans les épopées hindoues (Ramayana ; Mahabharata), dans l'Iliade d'Homère ou dans l'Énéide de Virgile ; les rapports qu'ils entretiennent avec les hommes les amènent à prendre part à l'action. La légende, elle, ne peut guère pénétrer le mythe. Dans une légende historique, on sait le nom de l'homme qui a accompli telle action ; il y a un père, une mère et toute une épopée.
Pour en savoir plus, voir l'article mythologie.
L'étude des légendes des différents peuples présente un grand intérêt philologique, historique, psychologique et artistique. Les poètes et les auteurs dramatiques se sont souvent inspirés des légendes. Comme les mythes et les contes, les récits légendaires sont utilisés par les archéologues et les ethnologues, car ils fournissent des renseignements précieux sur les mœurs, les coutumes et le mode de pensée d'un peuple à une époque déterminée.