Chine : vie politique depuis 1949

Affiche de propagande
Affiche de propagande

1. La République populaire et la construction d'un nouvel ordre (1949-1954)

1.1. Le désordre initial et la reconstruction

Douze ans de guerre avec le Japon et de guerre civile entre les communistes de Mao Zedong et les nationalistes de Jiang Jieshi ont ravagé le pays : la Chine ne récolte plus que les trois quarts du riz d'avant-guerre. Sa production industrielle a baissé de plus de la moitié par rapport à celle de 1936. L'inflation est telle que l'on instaure un étalon millet en Chine du Nord et un étalon riz en Chine du Sud…

La tâche prioritaire des communistes est donc de reconstruire le pays. Ils y parviennent grâce au rétablissement d'un certain ordre, dans le cadre des six régions administratives et militaires qu'ils ont mises en place au fur et à mesure de la progression des soldats de l'armée populaire de libération (APL), nouveau nom de l'armée rouge depuis juillet 1946. Le Nord-Est (ex-Mandchourie) est sous le contrôle de Gao Gang ; la Chine orientale, dont la capitale est Shanghai, est gérée par Rao Shushi ; le prestigieux général Lin Biao domine les régions de Chine centrale et méridionale ; Peng Dehuai, un autre grand chef de guerre, dirige la région du Nord-Ouest, de Xi’an au lointain Xinjiang ; enfin le général Liu Bocheng, secondé par son commissaire politique Deng Xiaoping, est le responsable de la région du Sud-Ouest, axée sur le Sichuan. Ses soldats entrent à Lhassa en octobre 1950 et mettent fin à l'indépendance de fait du Tibet. Les derniers soldats nationalistes, chassés du Yunnan, se sont réfugiés dans le triangle d'or birman de l'opium. Jiang Jieshi a fui à Taïwan où le régime nationaliste crée en décembre 1949 un gouvernement en exil, après avoir écrasé dans le sang une tentative autonomiste dès février-mars 1947.

Par ailleurs, les notables désignés par les autorités de la Conférence consultative politique du peuple chinois, réunis à Pékin en septembre 1949, à la veille de la proclamation, le 1er octobre, de la République populaire de Chine, jettent les bases juridiques du nouveau régime. Mao Zedong cumule les fonctions de président de la République, du parti communiste chinois (PCC et de la puissante commission des Affaires militaires. Zhou Enlai est Premier ministre ; Liu Shaoqi, vice-président de la République et du gouvernement, est le numéro deux du régime. L'ancien typographe Chen Yun dirige le secteur de l'économie et des finances.

Dès décembre 1952, la Chine retrouve pratiquement son niveau de production d'avant la guerre : 161 millions de tonnes de céréales, 166 de charbon et 1 500 000 tonnes d'acier. Il faudra cependant attendre juillet 1955, après l'émission, en mars, d'une monnaie non convertible, mais stable, le yuan, pour pouvoir fixer les objectifs du premier plan quinquennal, lancé deux ans plus tôt. En juin 1953, le gouvernement publie les résultats du nouveau recensement : on dénombre 585 millions de Chinois. En septembre 1954, l'Assemblée nationale populaire, formée de députés élus à partir de candidatures uniques patronnées par le seul PCC, adopte une Constitution.

Pour en savoir plus, voir les articles Deng Xiaoping, Lin Biao, Liu Shaoqi, Zhou Enlai.

1.2. Le programme des vainqueurs

Les communistes ont donc su parer au plus pressé et obtenir des résultats spectaculaires. Leur histoire les avait immergés, à partir de l'été 1927, dans les campagnes les plus reculées, ce qui ne les avait guère préparés à la gestion d'une économie moderne. Leur attitude envers la modernité est ambiguë : héritiers du mouvement du 4 mai 1919, ils pourfendent le « féodalisme » de la société traditionnelle, mais ils s'opposent à l'Occident « impérialiste » et refusent la confusion entre modernisation et occidentalisation. Leur choix du modèle soviétique (« L'URSS d'aujourd'hui, c'est la Chine de demain », déclare Mao) cherche à surmonter cette contradiction : l'URSS paraît à la fois moderne et anti-impérialiste. D'autant plus que la mort de Staline, le 5 mars 1953, a supprimé l'hypothèque des mauvaises relations entre ce dernier et Mao Zedong. On suivra donc l'exemple du pays pionnier du socialisme : planification d'État, collectivisation de la terre, nationalisation des grands moyens de production et d'échanges, financement de l'industrialisation à marche forcée, dominée par l'industrie lourde, par des prélèvements massifs sur les revenus paysans et rôle hégémonique du parti unique, le PCC. Ce parti exerce sa « dictature de démocratie nouvelle », au nom de 95 % de la population, contre une infime minorité d'« ennemis du peuple ».

1.3. La mise en place d'un nouvel ordre

Diverses lois et décrets construisent l'ossature de cette Chine nouvelle : la loi sur le mariage de juin 1950 brise la famille patriarcale, autorise le divorce et assure l'égalité juridique de la femme avec l'homme, réalisant ainsi un des rêves du mouvement du 4 mai, malgré les difficultés rencontrées pour sa mise en œuvre ; la loi agraire, votée le même mois, confisque 47 millions d'hectares aux notables ruraux. Cette classe est détruite et les 300 millions de paysans, qui cultivent 100 millions d'hectares, disposent de minipropriétés de 1 à 3 hectares par foyer. Le pacte politique conclu à cette occasion entre le régime et l'immense paysannerie, dont la soif de terre a été en partie assouvie, a été scellé dans le sang : la violence la plus extrême a prévalu durant un processus d'expropriation qui a coûté la vie à au moins 3 millions de personnes. La réforme agraire a ainsi été l'occasion d'un formidable règlement de comptes et a permis aux communistes de créer une nouvelle élite rurale. Toutefois, la situation économique qu'elle crée dans les campagnes est impossible à gérer. Dès 1952, des dizaines de millions de paysans affluent à la ville, chassés par la misère. Le 19 novembre 1953 une décision essentielle est prise : l'État instaure à son profit le monopole du commerce des céréales, espérant ainsi limiter la spéculation et, surtout, préparer les paysans à la collectivisation. Déjà des équipes d'entraide agricole regroupaient quelques dizaines de fermes par village en des coopératives élémentaires dont les membres gardaient la propriété de leur terre : 39 % des foyers paysans y avaient adhéré en 1953.

Dans les villes, l'État a hérité du Guomindang un important secteur nationalisé, à la suite de la mainmise gouvernementale sur les entreprises japonaises. Ces usines fournissent le tiers de la production industrielle. Les entreprises capitalistes deviennent peu à peu des entreprises mixtes par le jeu des commandes d'État, complété par les campagnes syndicales contre les patrons soupçonnés de corruption ou de malversations. Un important secteur mixte assure la transition vers la collectivisation des banques et de l'industrie. La faible bourgeoisie chinoise s'est résignée très vite à capituler sans combat.

Dans le même temps, le parti communiste commence à placer sous son contrôle la société urbaine qu'il quadrille de ses divers comités. La Terreur rouge, entre mars et septembre 1951, a abouti à l'exécution de plus d'un million d'ennemis du régime, vrais ou supposés, et à l'envoi dans des camps de concentration de deux millions d'autres. Le système de rééducation par le travail (laogai), largement inspiré du goulag soviétique, frappe plus les citadins que les paysans, à la différence de son modèle. Ses premiers règlements datent d'août 1954. Dans ce contexte de terreur et de répression, un pesant conformisme intellectuel s'impose peu à peu à tous. Quand l'écrivain Hu Feng critique les « poignards » dont le parti communiste frappe ainsi les créateurs, il est emprisonné et brisé par le parti dès octobre 1954.

Auparavant, le régime a connu sa première véritable crise politique : en février 1954, deux dirigeants de première importance, Gao Gang et Rao Shushi, qui avaient quitté deux ans plus tôt les régions qu'ils administraient pour être promus dans l'appareil central du parti, sont dénoncés pour attitude antiparti. On les accuse d'avoir voulu faire des régions qu'ils administraient des « royaumes indépendants ». Le premier se suicide et le second disparaît. L'affaire, qui demeure en partie obscure, a pour conséquence essentielle que Mao, aidé de Liu Shaoqi et de Deng Xiaoping, devenu membre du comité permanent du Bureau politique du parti, élimine ainsi deux personnalités qui lui faisaient ombrage.

1.4. La Chine, brillant second de l'URSS

La Chine applique d'autant plus le modèle soviétique qu'elle a choisi d'appartenir sans réserve au camp socialiste, dans le contexte de la guerre froide, développée depuis 1947 entre l'URSS et les États-Unis. Dès juillet 1949, Mao Zedong a annoncé que la Chine « penchait d'un seul côté ». Il se rend en URSS en décembre 1949 et rencontre Staline. En février 1950, un traité sino-soviétique d'amitié, d'alliance et d'assistance mutuelle est signé, bientôt honoré par la Chine : 800 000 soldats chinois interviennent comme « volontaires » dans la guerre de Corée en octobre 1950 et affrontent les troupes, essentiellement américaines, envoyées par l'ONU.au secours de la Corée du Sud agressée. Pékin perd dans ce contexte, au profit de Taïwan, son siège au Conseil de sécurité de l'ONU, tandis que les États-Unis décrètent l'embargo contre la Chine. La perspective de reconquérir Taïwan, protégée par la VIIe flotte américaine, s'éloigne. Cette géopolitique continentale d'une Chine à qui la mer est quasi fermée s'accompagne cependant de quelques succès : Pékin signe l'armistice de Panmunjom (27 juillet 1953), qui met fin aux hostilités en Corée, et joue un rôle important lors de la conférence de Genève de mai 1954, qui met fin à la guerre française d'Indochine. Cette nouvelle autorité internationale de la Chine est confirmée avec éclat en avril 1955 par le rôle éminent joué par Zhou Enlai, chef du gouvernement et ministre des Affaires étrangères, à la conférence des non-alignés réunie à Bandung.

Pour en savoir plus, voir les articles guerre de Corée, guerre froide.

2. Le désordre maoïste (1955-1976)

2.1. La pensée de Mao

Mao Zedong, qui s'était tenu en retrait durant ces premières années du régime, croit pouvoir maintenant mettre en pratique sa vision politique. Fondée sur le concept de « révolution permanente », celle-ci doit fort peu à Hegel, encore moins à Marx et beaucoup aux conceptions chinoises du conflit cosmique permanent entre le yang et le yin. Le monde se fait et se défait sans cesse. Toute stabilisation prolongée est mortelle : « un se divise en deux ». La lutte des classes est une manifestation essentielle de cette loi générale. Seule, elle empêche la bureaucratie du parti de dégénérer en une nouvelle bourgeoisie. Mao va donc cultiver les contradictions nées de la construction même du nouvel ordre.

2.2. La première expérimentation du maoïsme (1955-1958)

C'est d'abord au sein du monde paysan que Mao met en œuvre sa vision politique. Le 31 juillet 1955, il accélère la collectivisation et dénonce comme « des femmes aux pieds bandés » les cadres qui voulaient s'en tenir à la réforme agraire initiale. Les faits semblent lui donner raison : la campagne chinoise est presque totalement collectivisée en décembre 1956. Les paysans ont donc répondu positivement à son appel : il a profité de la déception de tous ceux que la réforme agraire n'a pas sortis de la misère. Mais le plan de développement agricole de douze ans, complètement irréaliste, qu'il lance en février 1956 échoue en quelques mois.

Pour en savoir plus, voir l'article maoïsme.

Dans les villes, le capitalisme a disparu dès janvier 1956 et le taux de croissance de l'industrie tourne autour de 15 %. En septembre 1956, le VIIIe congrès d'un parti communiste chinois fort de 11 millions d'adhérents, adopte des thèses typiquement staliniennes : la principale contradiction en Chine étant l'opposition entre le « caractère avancé des rapports de production » et l'archaïsme des forces productives, il suffit donc de développer ces dernières.

Mais Mao, tout au contraire, reste un fervent partisan de la lutte des classes. Or les faits semblent une nouvelle fois lui donner raison. Le XXe congrès du PCUS, en février 1956, a été l'occasion pour Nikita Khrouchtchev de dénoncer les crimes de Staline. Ce faisant, il a ouvert une crise dans le camp socialiste, qui culmine en octobre avec l'insurrection hongroise, écrasée au début novembre par l'armée rouge soviétique. En février 1957, Mao estime que la « juste solution des contradictions au sein du peuple », dont ce drame est une illustration, nécessite que l'on permette la libre critique de la bureaucratie par les masses.

La campagne des « Cent Fleurs » est donc lancée, qui bat son plein en mai 1957 : les intellectuels attaquent avec vigueur le parti, notamment sur le campus de l'université de Pékin où les étudiants exigent la liberté de parole, d'association et de pensée. De nombreuses grèves se développent, qui portent sur des revendications salariales, et une émeute éclate à Wuhan. Des centaines de milliers de coopératives agricoles sont dissoutes. Cependant, Mao, qui n'a rien d'un communiste libéral (il avait d'ailleurs fait connaître, dès avril 1956, ses réserves quant à la dénonciation de Staline à l'occasion du XXe congrès du PCUS), approuve rapidement la contre-offensive du PCC qui, entre le 8 juin et le 9 octobre 1957, lance, sous la direction de Deng Xiaoping, une vigoureuse campagne « antidroitière » et invite à arracher les « fleurs vénéneuses » : ceux qui avaient suivi au mois de mai les incitations à la critique ouverte des dysfonctionnements du régime sont alors exilés à la campagne ou internés dans des camps par centaines de milliers.

Pour en savoir plus, voir les articles campagne des Cent Fleurs, maoïsme.

Mao a le vent en poupe : ses opposants modérés sont hors course. Il interprète le lancement de Spoutnik 1 en octobre comme la preuve de la supériorité militaire de l'URSS sur les États-Unis dans le domaine des fusées stratégiques et déclare à Moscou, lors d'une conférence des 64 partis communistes, que « le vent d'est l'emporte sur le vent d'ouest ». Il refuse donc la coexistence pacifique entre les deux camps prônée par Khrouchtchev et propose, au contraire, pour prouver la supériorité du socialisme sur le capitalisme, que la Chine rattrape en quinze ans le niveau global de production atteint par la Grande-Bretagne et relance son utopique plan agricole de douze ans. La seconde session du VIIIe Congrès du PCC, réunie en mai 1958, adopte la ligne dite du « Grand Bond en avant ».

En août, cette politique prend la forme du lancement des communes populaires, supposées résoudre toutes les difficultés du socialisme. Autosuffisantes, dirigées par un comité du parti tout-puissant et fortes en moyenne de 5 000 familles, elles pratiquent une collectivisation totale, fabriquent la fonte nécessaire aux outils agricoles dans de petits hauts-fourneaux, et nourrissent leurs membres dans des cantines gratuites, dans la perspective de la victoire prochaine du communisme. On envisage d'ailleurs la proche suppression du salariat et l'extension du système des « communes » à la ville. À, l'automne, 90 millions de paysans sont mobilisés pour de gigantesques travaux de construction de canaux et de barrages. Les récoltes s'annoncent superbes. On parle de 300, voire 400 millions de tonnes de céréales, contre 195 en 1957.

2.3. L'échec du Grand Bond en avant (1959-1962)

Mais ces millions de paysans éloignés des travaux des champs laissent pourrir sur pied cette récolte qui, de toute façon, n'excède pas 200 millions de tonnes. Les autorités, néanmoins, exigent que les livraisons de céréales à l'État soient calculées sur la base des évaluations fantaisistes de l'été. En 1957, ces livraisons avaient été de 40 millions de tonnes, le reste étant autoconsommé. En 1958, elles sont de 55,7 millions de tonnes, alors que la production n'a crû, en réalité, que de 5 millions. C'est d'autant plus grave que la collectivisation avait privé les paysans de toute réserve. En 1959, alors que la production chute de 30 millions de tonnes, on exige des paysans la livraison record de 55,9 millions et on en demande encore 42 millions en 1960.

Or, la direction du parti, réunie à Lushan en juillet-août 1959, prend la décision insensée de persister dans l'erreur, alors que la famine a déjà fait son apparition en Chine centrale. Le maréchal Peng Dehuai, qui a osé critiquer le « vent mauvais communiste » et comparer la vision du monde de Mao à celle d'une grenouille au fond d'un puits, est remplacé au poste de ministre de la Défense par Lin Biao, proche fidèle de Mao. Plus rien ne permet d'éviter le pire : de l'hiver 1959 à l'hiver 1961, la Chine connaît trois années noires, qui coûtent la vie à au moins 30 millions de paysans. Le pacte initial implicite passé entre les paysans et les communistes est ainsi brisé. En ville, un strict rationnement a évité le pire.

Pour en savoir plus, voir l'article Peng Dehuai.

Liu Shaoqi (qui a succédé à Mao à la présidence de la République en 1959), Deng Xiaoping et Peng Zhen, maire de Pékin et membre du comité permanent du Bureau politique, mettent alors en place diverses mesures, appelées « les trois libertés et un contrat », qui relancent la production agricole : la terre collective va être partagée entre les exploitations familiales, à charge pour les paysans de fournir une partie de leur récolte à l'État. Ceux-ci disposent librement des surplus sur les marchés libres qui sont rouverts. En 1965, la Chine produit à nouveau 195 millions de tonnes de grains. On refoule dans les villages des millions de paysans venus à la ville pour travailler sur des chantiers que l'on ferme. La crise alimentaire est surmontée.

Pour en savoir plus, voir l'article Grand Bond en avant.

2.4. Le conflit sino-indien et la rupture avec l'URSS

Parallèlement à la crise intérieure, Mao a suscité une grave tension internationale. Déjà, en août 1958, en même temps qu'il lançait les communes populaires, il faisait bombarder par l'APL l'îlot nationaliste de Quemoy, au large de Xiamen, et ouvrait une crise dans le détroit de Taïwan. En mars 1959, Lhassa et la région orientale du Tibet se sont soulevées contre l'occupation chinoise et le dalaï-lama s'est réfugié en Inde. La tension sur la frontière himalayenne en est aggravée et culmine avec une courte guerre à l'automne 1962, au cours de laquelle l'APL humilie l'armée indienne. Les désaccords sino-soviétiques sont publics à partir du printemps 1960 et aboutissent à une rupture totale entre les deux partis communistes en 1963-1964. L'URSS, qui n'avait pas soutenu la Chine lors des crises internationales précédentes, avait aussi cessé d'aider la Chine à construire sa bombe atomique et rappelé ses experts durant l'été 1960. Dans ce contexte, critiquer Mao revenait à soutenir les « révisionnistes » soviétiques. Aussi Mao Zedong, malgré la terrible catastrophe du Grand Bond, passe-t-il à la contre-attaque en septembre 1962. Il critique les dirigeants du parti qui auraient « oublié la lutte des classes » et lance une « campagne d'éducation socialiste », tout en mettant fin à la nouvelle politique agricole, où il voit une restauration du capitalisme. Durant trois ans, des directives contradictoires se succèdent pour placer ou non cette campagne d'éducation, souvent violente, sous le strict contrôle du parti. Ce conflit est gagné par Mao, dont le culte se développe, favorisé par la sortie d'un « petit livre rouge » de ses citations édité par l'APL.

Le 16 octobre 1964, la Chine fait exploser sa bombe atomique et affirme briser ainsi le monopole nucléaire des grandes puissances. L'URSS devient un ennemi, au même titre que les États-Unis, alors que la Chine se rapproche de la France avec laquelle elle noue des relations diplomatiques en janvier de la même année. Une nouvelle politique étrangère s'ébauche.

2.5. La Révolution culturelle et les gardes rouges (1966-1968)

Décidé à détruire les hauts cadres du parti qui avaient osé, en 1961-1962, mettre en place une politique contraire à la sienne et lui avaient résisté entre 1962 et 1965, Mao poursuit son offensive. Pour ce faire, il mobilise la jeunesse des écoles, qui l'idolâtre, contre la bureaucratie communiste et les divers appareils idéologiques d'État, qu'elle exècre, d'autant plus que l'échec du Grand Bond a entraîné un marasme économique qui compromet son avenir. À partir de mai 1966, après avoir renforcé l'appareil militaire et policier, Mao lance une « révolution dans la révolution » et invite les masses à « bombarder les états-majors », dans une des premières affiches en grands caractères (dazibaos), qui vont se multiplier par la suite. Ce mouvement est appelé la « Grande Révolution culturelle prolétarienne », la jeunesse urbaine constituant des unités de « gardes rouges » qui pourchassent avec brutalité les restes du « féodalisme » et attaquent les « dirigeants révisionnistes engagés dans la voie de la restauration du capitalisme ». Quand ces derniers résistent, l'APL soutient la « gauche ». Peng Zhen est la première victime illustre de cette révolution, bientôt suivi par Liu Shaoqi (qui mourra en prison en 1969) et par Deng Xiaoping.

Très vite le chaos se développe, d'autant plus que, commencé dans les campus universitaires et dans les lycées et collèges, le mouvement gagne les usines, où des « rebelles » se soulèvent contre la direction. Le plus souvent, ce sont des ouvriers privés de garantie d'emploi, des paysans affectés à des travaux de force, des apprentis. Ils s'en prennent aux syndicats officiels et au parti qui s'appuient sur les ouvriers qualifiés. Les conflits sont parfois sanglants, comme à Wuhan, durant l'été 1967. Rapidement, les différentes unités de gardes rouges s'entre-déchirent, tandis que le groupe central chargé de la Révolution culturelle, animé par l'épouse de Mao, Jiang Qing, par divers idéologues et polémistes, comme les shanghaiens Zhang Chunqiao et Yao Wenyuan, ou le secrétaire de Mao, Chen Boda, n'a d'autre autorité que celle que lui délègue Mao. Cependant, l'armée commence à rétablir l'ordre. À partir de l'été 1968, plus de 16 millions de gardes rouges sont envoyés dans les villages les plus reculés pour s'y rééduquer auprès des paysans pauvres. Les comités révolutionnaires mis en place depuis quelques mois sont formés de militaires et de cadres qui ont surnagé pendant la tourmente. La phase active de la Révolution culturelle est terminée. Il faut reconstruire l'État, recoudre le tissu social déchiré, relancer la production et mettre un terme à une guerre civile rampante.

, Pour en savoir plus, voir les articles Chen Boda, Jiang Qing, Révolution culturelle.

2.6. La normalisation (1969-1976)

En avril 1969, le IXe Congrès du PCC rétablit un semblant d'ordre. Le parti se reconstruit du sommet vers la base, l'APL, seule force encore organisée, jouant de nouveau un rôle décisif. Lin Biao, son chef, est nommé par le Congrès vice-président du parti, apparaissant ainsi comme le successeur désigné de Mao. Par conviction ou par calcul, il exaspère les tensions avec l'URSS, ce qui aboutit au printemps 1969 à de graves incidents de frontière, révélant l'isolement international de la Chine. Mao, conscient du péril, change de cap du tout au tout et invite le président Richard Nixon à Pékin, après une rencontre secrète avec Henry Kissinger, en juillet 1971. La visite officielle a lieu en février 1972 et aboutit à la normalisation des relations sino-américaines, en 1978. Parallèlement, la Chine populaire remplace Taïwan dans toutes les institutions de l'ONU et comme membre permanent du Conseil de sécurité (octobre 1971). Cette reconnaissance internationale et cette volte-face stratégique inaugurent une nouvelle politique étrangère qui va s'appeler la « politique des Trois Mondes » : face au premier monde formé des deux superpuissances, l'américaine et la soviétique, le tiers monde (où se situe la Chine) doit s'unir avec le deuxième monde (les anciennes grandes puissances occidentales et le Japon) contre la superpuissance la plus dangereuse, l'URSS. Lin Biao n'accepte pas ce renversement des alliances. Il n'est pas sûr, cependant, qu'il ait véritablement organisé un complot contre Mao. Mais, dénoncé par ce dernier, il s'enfuit à la hâte et périt dans un accident d'avion en Mongolie, le 12 septembre 1971.

Dans ce nouveau contexte, divers dirigeants pragmatistes, autour de Zhou Enlai et, à partir d'avril 1973, de Deng Xiaoping, réhabilité et rétabli dans ses fonctions de premier vice-Premier ministre et de vice-président du Comité central, cherchent à renouer avec une logique du développement qu'ils appellent les « quatre modernisations ». Alors que la Révolution culturelle avait placé la politique (ou, plutôt, l'idéologie) au poste de commande, ils lui substituent l'économie et privilégient les domaines de l'agriculture, de l'industrie, des sciences et techniques et de la défense nationale. Pour eux, la Révolution culturelle a formé une parenthèse à refermer au plus vite. Mais, malade, coupé du réel, Mao s'obstine dans ses visions utopiques. S'il se résigne à la montée en puissance des pragmatistes, il favorise en même temps l'ascension vers les sommets du parti d'idéologues gauchistes promus par la Révolution culturelle, que l'on appellera plus tard la Bande des Quatre : Jiang Qing, Yao Wenyuan, Zhang Chunqiao et Wang Hongwen. Ce dernier, devenu un des chefs des « rebelles » de Shanghai, est même choisi comme vice-président du parti, lors de son Xe congrès, en août 1973. Une campagne est lancée par ces ultragauchistes contre Lin Biao qu'ils dénoncent comme « droitier » au même titre que… Confucius. Pour eux, la Révolution culturelle se poursuit.

L'année 1976 met fin à cette sourde lutte entre deux lignes, par une série de coups de théâtre. C'est l'obscur Hua Guofeng, et non pas Deng Xiaoping, qui succède au poste de Premier ministre à Zhou Enlai, mort en janvier 1976. Le mécontentement populaire se traduit les 4 et 5 avril 1976 par des manifestations de dizaines de milliers de personnes place Tian’anmen à la mémoire de Zhou Enlai et contre la Bande des Quatre. Deng Xiaoping, accusé d'avoir fomenté ces « événements contre-révolutionnaires », qui sont durement réprimés, est de nouveau privé de ses fonctions, sans être toutefois exclu du parti. La mort de Mao, le 9 septembre, précédée par le terrible tremblement de terre de Tangshan, le 28 juillet, qui semble un signe du destin, débouche sur l'arrestation, le 6 octobre, de la Bande des Quatre. Hua Guofeng est désigné le 7 octobre comme le nouveau président du parti.

Pour en savoir plus, voir les articles Bande des quatre, Hua Guofeng.

3. La réforme de Deng Xiaoping

3.1. L'irrésistible ascension de Deng Xiaoping (1977-1978)

En février 1978, Hua Guofeng annonce un ambitieux programme de grands travaux où l'on retrouve un peu du volontarisme du « Grand Bond en avant ». Chargé d'édifier le mausolée de Mao, place Tian’anmen, et éditeur du dernier tome des Œuvres choisies du président, il se réclame d'un maoïsme bon teint, quoique tempéré.

Mais il a dû faire une concession majeure aux militaires pour parvenir à ses fins : la réhabilitation de Deng Xiaoping, devenu en juillet 1977 le numéro 3 du parti, une réintégration et un nouveau rapport de forces confirmés au XIe Congrès du parti au mois d'oût. À partir du printemps 1978, Deng lance alors une triple offensive. La première se propose de revoir à la baisse le bilan du maoïsme : c'est la campagne de « la pratique comme critère de la vérité », qui commence à établir un bilan négatif de la Révolution culturelle. La deuxième est plus profonde : Deng Xiaoping relance, à partir des deux provinces de l'Anhui et du Sichuan, la politique des « trois libertés et un contrat », qu'il avait expérimentée déjà en 1961. Les succès de cette campagne font tache d'huile : la décollectivisation commence dans les campagnes, alors que la production y progresse. Cette révolution silencieuse assure à Deng Xiaoping l'appui de la paysannerie. La troisième offensive est politique : alors que la tenue d'un comité central décisif se prépare en novembre-décembre 1978, Deng Xiaoping profite de la venue à Pékin de dizaines de milliers de plaignants qui demandent la reconnaissance des torts subis par eux du temps de Mao et d'une campagne d'affiches sur ce que l'on appelle bientôt le « Mur de la démocratie », près du siège central du parti. On y réclame plus de libertés, on y dénonce Mao comme le cinquième homme derrière la Bande des Quatre. Des manifestations ont lieu au centre de Pékin. Deng Xiaoping profite de ce mouvement pour faire basculer le Comité central en sa faveur dont le 3e plenum, les 12-18 décembre 1978, consacre la victoire de sa ligne révisionniste. Ses amis entrent au Bureau politique, la réforme dans les campagnes, appelée « système de responsabilités » est généralisée. Hua Guofeng doit faire son autocritique. La réforme (gaige) commence.

3.2. Les années heureuses de la réforme (1979-1985)

Deng Xiaoping s'emploie alors à consolider et à amplifier ce succès encore fragile. Il élimine d'abord le mouvement démocratique qu'il a utilisé, mais qui le gêne désormais. Il a besoin, en effet, du soutien des militaires et de la haute bureaucratie communiste. Or les activistes du Mur de la démocratie ont pris de l'assurance. Dès le 5 décembre, un ancien garde rouge, Wei Jingsheng, exige une cinquième modernisation, la démocratie. Des dazibaos non contrôlés paraissent et dénoncent le manque de liberté. Deng Xiaoping annonce le 16 mars 1979 que toute remise en question du rôle hégémonique du PCC sera punie. Le 29 mars, Wei Jingsheng est arrêté (avant d'être condamné à 15 ans de prison). D'autres mises en détention d'opposants suivent. L'épisode démocratique est terminé.

Deng Xiaoping élimine parallèlement le courant maoïste orthodoxe. Le procès, entre novembre 1980 et janvier 1981, des survivants de l'affaire Lin Biao et de la Bande des Quatre, est en fait le procès de la Révolution culturelle et de Mao lui-même. Hua Guofeng est peu à peu dépouillé de ses pouvoirs au profit de deux protégés de Deng Xiaoping, Hu Yaobang, qui devient le numéro un du PCC en succédant officiellement à Hua Guofeng à la présidence du parti, et Zhao Ziyang, qui est nommé Premier ministre. Le XIIe Congrès du PCC (septembre 1982) entérine ces décisions. Cette remise en cause ddu maoïsme, qui s'accompagne, au niveau de la société, d'une disparition progressive des structures maoïstes (décollectivisation, assouplissement du contrôle de la société urbaine), ne constitue cependant qu'une « démaoïsation » partielle : en effet, la pensée Mao Zedong continue à être une des bases théoriques du PCC et il subsistera même par la suite une certaine nostalgie de cette époque « où l'argent n'était pas roi ».

Au plan extérieur, Deng Xiaoping ouvre résolument le pays au monde et rompt avec la géopolitique isolationniste de Mao. Il se rend aux États-Unis en janvier-février 1979, normalise les relations avec le Japon, et crée dans le Sud cinq « zones économiques spéciales », dont celle de Shenzhen. Ces ports francs sont ouverts aux capitaux étrangers. En même temps, une courte guerre sino-vietnamienne, en février 1979, révèle les nouvelles ambitions régionales de la Chine.

Dans ce nouveau contexte, la réforme progresse très vite à la campagne. On y multiplie les contrats de « forfait intégral » qui donnent aux paysans la libre jouissance des terres que la collectivité leur a attribuées pour 15 ans et plus, contre diverses obligations. La récolte de céréales de 1984 est de 407 millions de tonnes, un record. Les revenus paysans croissent de 11 % par an. Les communes populaires sont dissoutes en 1985. La collectivisation à la campagne a disparu.

En revanche, les tentatives d'extension de la réforme à la ville marquent le pas, malgré une décision en ce sens prise en 1984. Les citadins sont habitués à un ordre, organisé autour de leurs entreprises. Celles-ci leur assurent un emploi à vie, le logement, un système d'assurance maladie, une retraite. Cette réforme, avec son souci de vérité des prix et de rentabilité, constitue pour eux un risque. Elle l'est également pour le parti qui a peur des influences idéologiques de l'Occident et lance en 1983 une campagne contre la « pollution idéologique » pour s'en protéger.

3.3. La réforme en crise (1986-1988)

Progressivement, la réforme suscite des difficultés et des déceptions. Le retard de l'industrie fait que les intrants, éléments de base nécessaires à la production agricole (fioul, engrais, semences…), de plus en plus demandés, sont de plus en plus chers. Or le prix de vente des céréales baisse de 25 % entre 1984 et 1990, car il y a désormais surproduction. Les revenus paysans diminuent sensiblement de 1985 à 1989. Les cadres, profitant de la pénurie, organisent un marché noir des intrants. Si 20 % des paysans se sont enrichis, 20 % aussi sont tombés dans la plus extrême misère. Environ 80 millions de ruraux essaient de trouver des emplois sur les chantiers urbains.

Or, à la ville, le chômage frappe peut-être 10 % de la population, tandis que l'inflation, qui était de 8,8 % en 1985, atteint 21 % en 1988. Ces difficultés doivent être surmontées. Dans divers cercles, des intellectuels démocrates favorables à une libéralisation du régime s'affrontent aux partisans du néoautoritarisme, qui tournent les yeux vers les gouvernements ultraconservateurs des prospères « petits dragons » asiatiques (Malaisie, Taïwan, Singapour, Hongkong et Corée du Sud). Mais tous veulent une extension de la réforme au domaine politique, qui mettrait fin à l'hégémonie du PCC. En décembre 1986, les étudiants manifestent pour plus de libertés, notamment à Shanghai et à Pékin. Deng Xiaoping se range du côté des plus orthodoxes au sein du Bureau politique : les manifestations étudiantes sont condamnées ; Hu Yaobang, suspecté de sympathie pour ces dernières, est évincé et remplacé par Zhao Ziyang (janvier 1987) ; une campagne contre le « libéralisme bourgeois » est déclenchée. Le XIIIe Congrès du PCC, en octobre 1987, entérine ces décisions fixant de strictes limites politiques aux réformes économiques, dont la poursuite est confirmée. Li Peng, politicien réputé pour son conservatisme mais issu de la génération des dirigeants, devient Premier ministre ern novembre. Deng Xiaoping, bien qu'il ne soit plus officiellement que le président de la commission des Affaires militaires du parti, reste en fait le numéro un du régime. Un an plus tard, à l'automne 1988, Li Peng est chargé d'un grand ministère économique qui rétablit le contrôle de l'État sur les prix, gèle les prêts et suspend de nombreux chantiers. Le malaise politique s'accentue, car s'y s'ajoute désormais une crise sociale rampante.

3.4. Le massacre de Tian’anmen et l'impasse politique (1989-1991)

La mort subite de Hu Yaobang, le 15 avril 1989, débouche ainsi sur une crise politique aiguë. Les manifestants étudiants de Pékin, qui voient en lui un champion des libertés et de la lutte contre la corruption, demandent dès le 21 avril que l'on réhabilite sa mémoire et exigent le départ de Deng Xiaoping. Dès le 26 avril, un éditorial du Quotidien du peuple, inspiré par ce dernier, présente cette agitation comme de la « chienlit ». Mais les troubles gagnent de l'ampleur et une partie importante des salariés de la capitale rejoint les étudiants dans la rue. Le 4 mai, Zhao Ziyang témoigne d'une volonté de dialogue avec les manifestants. Ceux-ci occupent désormais en permanence la place Tian’anmen où, à partir du 13 mai, 2 000 d'entre eux entament une grève de la faim. Le 15, la visite de Mikhaïl Gorbatchev, venu renouer le dialogue entre l'URSS et la Chine, est perturbée, ce qui humilie Deng Xiaoping. Le 17, Zhao Ziyang est mis en minorité au Bureau politique par le clan conservateur convoqué par Deng Xiaoping, et la loi martiale est proclamée le 20 mai. Privés de soutien politique, et conscients de l'impasse où ils se trouvent, les étudiants multiplient les décisions contradictoires. L'état-major de l'APL fait venir des unités de toutes les régions militaires, et, le 4 juin, une force blindée procède brutalement à l'évacuation de la place Tian’anmen, massacrant 2 000 à 3 000 personnes qui cherchaient à s'opposer à son intervention. La police politique effectue des milliers d'arrestations. Jiang Zemin, qui a su éviter le pire à Shanghai dont il était le maire, est désigné pour succéder à Zhao Ziyang à la tête du PCC.

Cependant le succès des conservateurs, avec Li Peng à leur tête, est sans lendemain. Ils tentent en vain de remettre en question la réforme et, notamment, la décollectivisation. De plus, l'implosion douloureuse de l'URSS voisine montre les dangers de l'immobilisme de type brejnévien auquel s'apparente leur démarche.

Pour en savoir plus, voir les articles Deng Xiaoping, Jiang Zemin, Tian'anmen.

3.5. La relance (1992-1997)

Deng Xiaoping entreprend, du 18 janvier au 21 février 1992, une « tournée d'inspection » dans le Sud, qui le conduit à Wuhan, Shenzhen, Zhuhai et Shanghai, où il vante les succès de sa réforme. Il affirme que l'économie de marché n'est pas incompatible avec le socialisme et qu'il faut étudier les performances du capitalisme. Le XIVe Congrès du PCC, en octobre 1992, appuie cette ligne et confirme Jiang Zemin dans ses fonctions, faisant de lui le nouveau numéro un du régime. Durant ces années, les bonnes performances économiques d'une Chine dont le taux de croissance est proche de celui des « petits dragons » asiatiques se confirment. Mais les contradictions de la réforme sont de plus en plus visibles. Les scandales financiers et la corruption se généralisent. La tension sociale monte tant à la ville qu'à la campagne. Deng Xiaoping, malade, meurt le 19 février 1997.

Cependant, sa succession s'effectue sans difficultés, l'équipe dirigeante assurant la continuité du régime, entre le XVe Congrès du PCC, en septembre 1997, et la désignation comme Premier ministre de Zhu Rongji, en mars 1998.

4. La Chine après Deng et la « quatrième génération »

4.1. La montée des contestations et la crispation du régime (1998-2001)

Le régime effectue, au cours de l'automne 1998, un repli sécuritaire. La montée des contestations politiques (activisme du parti démocrate chinois, formation dissidente interdite par le régime) et un malaise social de plus en plus perceptible (millions de licenciements) conduisent à une remobilisation des forces conservatrices : la répression des dissidents s'accentue. Inquiètes de la montée des manifestations pacifiques de la secte Fa Lun Gong – mouvement religieux d'inspiration taoïste-bouddhiste – en 1999, les autorités répliquent en la proclamant hors la loi, puis en faisant adopter par le Parlement une nouvelle législation antisecte.

Sous l'impulsion de Jiang Zemin, le PCC est engagé dans un processus de régénération. Sur le plan doctrinal, l'accent est mis sur trois points : l'intégration, selon la théorie dite des « Trois Représentativités », des nouvelles forces montantes (entrepreneurs privés, managers, techniciens spécialisés, etc.) dans le parti ; l'élaboration d'une nouvelle morale sociale après l'effondrement de l'idéologie maoïste ; enfin, l'intensification de la lutte contre la corruption. Concernant ce dernier point, plusieurs hauts fonctionnaires et des personnalités politiques au plus haut niveau en font les frais, notamment lorsqu'éclate, en 2000, autour du groupe industriel Yuanhua, le plus gros scandale politico-financier de ces dernières années.

Sur le plan extérieur, le régime enregistre des déconvenues mais aussi quelques succès non négligeables. Alors que Macao se prépare dans le calme à être rendu aux Chinois (20 décembre 1999), une nouvelle crise éclate entre la République populaire de Chine et Taïwan – désormais seul territoire « chinois » à échapper au contrôle de Pékin (Hongkong a été rétrocédée en juin 1997). La remise en cause du principe d'« une seule Chine » par les autorités taïwanaises pousse Pékin à procéder à des manœuvres militaires d'intimidation. La victoire à l'élection présidentielle taïwanaise du candidat de la mouvance indépendantiste, Chen Shui-bian (mars 2000), constitue un revers pour les autorités chinoises.

Pour en savoir plus, voir les articles Macao, Taïwan

Les relations sino-américaines, entachées par une série d'incidents (tel le bombardement par l'OTAN de l'ambassade de Chine à Belgrade en 1999) et de déceptions (renforcement des liens militaires entre Washington et Tokyo), connaissent une nette dégradation peu après l'arrivée au pouvoir de la nouvelle administration américaine dirigée par le républicain George W. Bush. Les nombreux différends qui opposent les deux pays – aide de la Chine à l'Iraq, bouclier antimissile américain, droits de l'homme, livraison de matériels militaires sophistiqués à Taïwan, etc. – obèrent les intérêts commerciaux qui les liaient jusqu'à présent. En mars 2001, la collision accidentelle entre un avion espion américain et un chasseur chinois conduit à un véritable bras de fer.

En juillet 2001, la Chine et la Russie signent un nouveau traité d'amitié et de coopération. Simultanément, grâce à une intense activité diplomatique, Pékin emporte l'organisation des jeux Olympiques de 2008. Ce succès, vécu comme un premier pas vers une reconnaissance internationale, sera suivi, en décembre, par l'accession de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Tirant profit du nouveau contexte géopolitique créé par les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, Pékin rejoint Washington dans sa campagne contre le terrorisme. En contrepartie, elle escompte une meilleure compréhension de ses propres préoccupations de « sécurité nationale », et entend avoir les mains libres dans sa répression du « séparatisme islamique » au Xinjiang ou du particularisme tibétain. Par ailleurs, considérant, avec la Russie, la présence à long terme des forces américaines en Asie centrale comme un facteur de déstabilisation, elle s'efforce de consolider sa sécurité dans le cadre du Mécanisme des cinq de Shanghaï – une organisation créée en 1996 regroupant la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan –, devenue en avril l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), rejointe par l'Ouzbékistan.

Pour en savoir plus, voir les articles Tibet, Xinjiang.

4.2. La « quatrième génération »

La transition du pouvoir, amorcée en novembre 2002 par le XVIe Congrès du PCC, au cours duquel Hu Jintao, un apparatchik et un technocrate consensuel, est élu secrétaire général du Comité central du parti et la plupart des membres du Bureau politique sont remplacés, se poursuit sans heurts en 2003. Lors de la session annuelle de la Xe Assemblée nationale populaire (ANP), Hu Jintao remplace Jiang Zemin à la présidence de la République, Wu Banguo succède à Li Peng à la présidence de l'ANP, le vice-Premier ministre Wen Jiabao est nommé Premier ministre à la place de Zhu Rongji. À la génération des septuagénaires succède une équipe de sexagénaires, dite « quatrième génération ». Toutefois, Jiang Zemin, resté à la direction de la Commission militaire centrale jusqu'en 2005, demeure de facto l'homme fort du régime.

Héritières d'une situation intérieure tendue – chômage persistant, inégalités sociales et régionales accrues, doléances paysannes et ouvrières –, créée par la politique libérale de leurs prédécesseurs, les nouvelles élites maintiennent pour objectif la prospérité et le développement, mais infléchissent les moyens d'y parvenir en s'assignant pour mission le rétablissement de l'équité et de la justice sociale. Ayant tous deux mené leur carrière d'apparatchik en Chine rurale, Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao forment un tandem sensible aux questions d'aménagement du territoire et de redistribution des revenus. Ainsi, ils sanctionnent en 2004, à l'écoute d'un fort mécontentement social porteur d'une vigoureuse revendication d'un État de droit, l'engagement irresponsable des cadres locaux dans une croissance effrénée et annoncent une réorientation vers la « qualité de la croissance », assortie d'une série de mesures au profit des campagnes (allègement de la surcharge fiscale et suppression des abus dans les expropriations dont sont victimes les paysans). En 2005 cependant, quelque 80 000 manifestations contre les expropriations de terres sans indemnités pour des projets industriels sont toujours répertoriées.

Pour en savoir plus, voir l'article Hu Jintao.

4.3. À la recherche de « l'harmonie sociale »

Lors du 6e plénum du XVIe Congrès du PCC (8-11 octobre 2006), le président Hu Jintao, cherchant à se démarquer de son prédécesseur Jiang Zemin, promet l'« harmonie sociale » contre les inégalités et la corruption. Au plan politique, le numéro un chinois entend régénérer le parti en y insufflant davantage de démocratie interne (des candidats indépendants peuvent désormais se présenter aux scrutins renouvelant les assemblées populaires des districts) et apporter plus de transparence dans le fonctionnement de l'administration, comme l'illustre, par exemple, le limogeage de fonctionnaires pour avoir dissimulé l'ampleur de l'épidémie de SRAS.

La société civile chinoise acquiert une autonomie certaine dans le domaine de la sphère privée (accès à Internet, liberté de voyager, d'étudier à l'étranger, liberté d'entreprendre et de s'enrichir) ; la protection de la propriété privée est inscrite dans la Constitution amendée en mars 2004. Pour autant, l'État détient toujours le monopole de l'activité politique et exclut toute émergence de contre-pouvoirs indépendants (justice, presse) ou toute expression de dissidence ou de contestation : une cinquantaine de cyberdissidents sont condamnés pour « subversion du pouvoir de l'État » ; la commémoration du 15e anniversaire du massacre de Tian'anmen est interdite. En dépit d'un amendement constitutionnel adopté en 2004 et précisant que « l'État respecte et garantit les droits de l'homme », les violations demeurent légion : exaspérés, des militants des droits de l'homme lancent des grèves de la faim en février 2006. Le limogeage en septembre 2004 pour corruption du secrétaire du parti de Shanghaï, Cheng Lyangyu, le chef de file de la faction des affidés de Jiang Zemin, à la suite de la destitution du vice-maire de Pékin, montre la détermination du régime dans sa lutte contre la corruption. La nouvelle direction conforte sa posture répressive au Xinjiang, repousse sine die toute démocratisation des institutions à Hongkong (avril 2004) et entrave la dynamique indépendantiste à Taïwan (adoption d'une loi antisécession destinée à légitimer une possible intervention militaire contre l'île rebelle, en mars 2005). Elle poursuit la sinisation du Tibet en construisant un chemin de fer devant relier Lhassa à Golmud, une ville de la province du Qinghai.

4.4. Le réflexe nationaliste

Lors du XVIIe Congrès du PCC en octobre 2007, Hu Jintao est réélu par ses pairs pour un nouveau mandat de cinq ans. Il parvient à imposer au sein du comité permanent du Bureau politique, celui qu'il a choisi pour dauphin, Li Kequiang, chef du parti dans la province de Liaoning. Xi Jinping, tout juste nommé secrétaire du parti à Shanghaï et soutenu par le « clan des Shangaïens » qui se réclame de l'héritage de Ziang Jemin, fait également son entrée au sein du comité permanent. Le 15 mars 2008, Hu Jintao est sans surprise massivement réélu à la tête de l'État par les délégués de l'ANP. Son dauphin, Xi Jinping, est élu vice-président ; le lendemain, le Premier ministre Wen Jiabao est reconduit, pour un nouveau mandat de cinq ans. À peine renouvelée, l'équipe dirigeante est confrontée, à la mi-mars, à des manifestations de moines tibétains marquant le 49e anniversaire du soulèvement de 1959 dans la Région autonome du Tibet. Leur répression brutale par la police et l'armée chinoises (nombreuses arrestations, ouverture de camps de « rééducation patriotique ») et les incidents qui marquent le passage de la flamme olympique dans plusieurs villes occidentales (Londres, Paris, San Francisco) ouvrent une période de tensions diplomatiques avec les démocraties occidentales et de sursaut nationaliste au sein même de l'opinion publique chinoise. Du 8 au 24 août 2008, Pékin accueille la XXIXe édition des jeux Olympiques. C'est l'occasion pour la Chine de montrer au monde entier son retour au rang des grandes nations, sur les plans économique, politique et sportif. En dépit des promesses faites au CIO et à la communauté internationale de procéder à des améliorations concrètes dans le domaine des droits de l'homme, le régime maintient voire accentue la pression sur les dissidents. Il continue en outre de manifester son intransigeance sur la question tibétaine : le gouvernement chinois annule en effet le sommet prévu le 1er décembre 2008 entre la Chine et l'Union européenne, dont la France assure la présidence, après une déclaration du président français faisant allusion à sa rencontre prochaine avec le dalaï-lama en Pologne, sans en avoir averti Pékin au préalable.

Par ailleurs, en juillet 2009, le gouvernement répond également par la répression aux sanglantes émeutes antichinoises entraînant plus d'une centaine de morts et de nombreux blessés à Urumqi, chef-lieu de la Région autonome des Ouïghours du Xinjiang. Et c'est avec un même raidissement nationaliste que le gouvernement réagit en octobre 2010 à l’attribution du prix Nobel de la paix à l’écrivain et dissident chinois Liu Xiaobo, condamné en 2009 à onze années de prison.

Pour en savoir plus, voir l'article Ouïgours.

Parallèlement, affectée par la crise économique internationale, la Chine craint que la baisse de la croissance entraîne une fragilisation de son ordre social, alors que son discours sur les droits de l'homme a pour habitude de valoriser les droits économiques au détriment des droits politiques. La hausse du chômage, conjuguée à des scandales comme celui du lait contaminé à la mélamine qui a affecté 300 000 enfants et en a tué 6, l'absence de débouchés pour les jeunes diplômés ou encore le retour des paysans dans les campagnes qui ont migré dans les villes et sont devenus des ouvriers licenciés (les mingong, paysans-ouvriers), sont autant de facteurs susceptibles de mettre à mal la stabilité sociale. Pour y faire face, les autorités chinoises mettent en œuvre une réforme du secteur rural, relativement limitée, mais qui a pour objectif d'accroître les droits des paysans sur leurs lopins de terres (ils pourront notamment le louer) et élèvent le seuil de pauvreté officiel de manière à ce que plus de 40 millions de personnes (contre moins de 15 millions auparavant) puissent bénéficier des aides de l'État.

5. Politique étrangère : paix, coopération, développement

Entendant participer à l'élaboration d'un monde multipolaire, au sein duquel elle chercherait à rayonner, non à dominer, la Chine de Hu Jintao centre sa diplomatie sur les thèmes de paix, de coopération et de développement. Peu après son avènement, la « quatrième génération » annonce sa doctrine stratégique : « non à l'hégémonisme, non à la politique de la force, non à la politique de blocs, non à la course aux armements » (avril 2004). Dans cet esprit, elle prône un objectif de réunification pacifique à long terme (qui préside à sa politique vis-à-vis de Taïwan) et se mobilise sur des dossiers internationaux (tels les pourparlers avec la Corée du Nord). À la différence de son prédécesseur, Jiang Zemin, qui privilégiait la relation sino-américaine, Hu Jintao regarde davantage vers l'Europe, l'Asie et l'Afrique.

5.1. La stabilité régionale

La quête de stabilité à ses frontières – une priorité depuis que la Chine connaît une croissance économique forte – motive la diplomatie chinoise. Rejoignant les préoccupations de ses partenaires au sein de l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), Pékin demande, en 2005, la fixation d'une date de retrait des contingents américains établis en Asie centrale depuis l'intervention militaire en Afghanistan en 2001. Dans le cadre d'une « Mission de paix 2005 » destinée à combattre de nouvelles menaces, armées russes et chinoises entament des exercices militaires conjoints. Par ailleurs, les deux pays signent un accord définitif sur le tracé de leur frontière orientale, mettant fin à 40 années de négociations. Après avoir interrompu ses efforts de rapprochement lors de la reprise des essais nucléaires indiens de 1998, Pékin privilégie, dans sa relation avec New Delhi, la coopération et ses intérêts nationaux : en juin 2003, Pékin accepte l'appartenance du Sikkim à l'Inde, à laquelle il fut rattaché en 1975 ; en contrepartie, l'Inde reconnaît la souveraineté de la Chine sur la Région autonome du Tibet. En avril 2005, les deux pays signent un protocole visant à régler le contentieux frontalier qui les oppose le long de l'Himalaya depuis la guerre de 1962 et s'engagent dans un partenariat stratégique. En 2008, l'Inde propose à la Chine une coopération en matière de nucléaire civil.

Plusieurs contentieux enveniment les relations sino-japonaises : un certain nombre d'entre eux sont la résurgence de différends historiques (réédition de manuels d'histoire nippons révisionnistes ; visites répétées du Premier ministre Koizumi Junichiro au sanctuaire Yasukuni, où est honorée la mémoire des soldats nippons, et parmi ceux-ci des criminels de guerre) ou territoriaux en mer de Chine orientale (revendication de la souveraineté chinoise sur les îles Diaoyu/Senkaku sous contrôle nippon). Plus actuels, d'autres enjeux révèlent l'antagonisme persistant entre les deux puissances asiatiques. Ainsi Pékin récuse le renforcement des liens militaires entre les États-Unis et le Japon, l'exploitation des ressources énergétiques en mer de Chine orientale par ce dernier, son soutien sans faille à Taïwan et sa candidature à un siège permanent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. L'arrivée au pouvoir de Abe Shinzo en 2006, puis celle de son successeur Fukuda Yasuo (2007) inaugure un net réchauffement des relations sino-japonaises marqué par la visite historique du Premier ministre chinois au Japon en mai 2008. La coopération se poursuit avec le Premier ministre japonais Aso Taro (2008), notamment lors du sommet trilatéral Chine-Japon-Corée du Sud (décembre 2008) qu'assombrit toutefois une nouvelle brouille en septembre-octobre 2010 à la suite de l'arraisonnement d'un chalutier chinois sur les gardes-côtes japonais dans les eaux disputées par les deux pays. La persistance du contentieux concernant la souveraineté sur les îles Senkaku/Diaoyu ravive une fois de plus les tensions entre Pékin et Tokyo en septembre 2012 après la décision du gouvernement nippon de racheter trois îlots de l’archipel à leurs propriétaires, suscitant d’importantes manifestations antijaponaises en Chine. La fièvre nationaliste se réveille alors provisoirement dans les deux pays, cette crise soulevant de nouveau la question, toujours pendante, de l’exploitation commune des ressources de cet espace maritime.

À la suite de la victoire du candidat de l'opposition à l'élection présidentielle de Taïwan (mars 2008), Ma Jing-jeou, partisan d'une normalisation des relations avec Pékin, ce dernier reçoit Chen Yunlin, responsable chinois du département des relations entre la Chine populaire et Taïwan. À l'occasion de cette rencontre historique depuis la fin de la guerre entre communistes et nationalistes chinois il y a 60 ans, une série d'accords est signée sur le rétablissement des liens maritimes et postaux et sur l'augmentation de liaisons aériennes directes.

Principal allié de la Corée du Nord, la Chine peine à contrôler son turbulent voisin et ses multiples volte-face. En octobre 2002, le déclenchement de la crise nucléaire nord-coréenne – Washington accusant Pyongyang de poursuivre un programme clandestin d'enrichissement de l'uranium – met à nouveau les relations sino-américaines à l'épreuve. Après avoir renvoyé dos à dos Pyongyang et Washington, Pékin modifie sa stratégie et s'implique davantage dans une tentative de règlement, répondant ainsi à la pression américaine et saisissant, dans le même temps, une occasion de renforcer son rôle sur la scène internationale. Après l'échec d'une rencontre trilatérale (Chine, Corée du Nord, États-Unis) en avril 2003, Pékin parvient, en août, à ramener Washington et Pyongyang à la table des négociations, en compagnie du Japon, de la Russie et de la Corée du Sud. N'ayant pu empêcher le premier essai nucléaire nord-coréen (9 octobre 2006), elle qualifie ce dernier de « défi à l'influence chinoise en matière de politique internationale » et sanctionne vigoureusement son voisin. Toutefois, c'est à Pékin que reprennent les « pourparlers à six » qui débouchent sur un accord conclu le 13 février 2007, en vertu duquel la Corée du Nord s'engage à désactiver son programme nucléaire en échange de la fourniture d'énergie et de garanties de sécurité par les États-Unis. Interrompue depuis 2006, une liaison aérienne régulière Chine-Corée du Nord est rétablie en 2008. Après avoir été retirée par les États-Unis de la liste des États soutenant le terrorisme fin 2008, la Corée du Nord confirme la reprise de son processus de dénucléarisation mais procède pourtant à un deuxième essai nucléaire en 2009, ce qui lui vaut une nouvelle condamnation unanime du Conseil de sécurité ; Pékin doit encore faire pression sur Pyongyang en 2010 à la suite de la suspension des « pourparlers à six » et d'une nouvelle détérioration des relations intercoréennes. L’avènement de Kim Jong-un à la tête de la Corée du Nord, à la suite de la mort de son père Kim Jong-il en décembre 2011, ouvre une nouvelle étape dans les relations sino-coréennes, Pékin s’efforçant de calmer les tensions dans la péninsule tout en accélérant le développement des deux zones économiques gérées conjointement par les deux pays dans les régions frontalières avec son voisin.

5.2. Le développement pacifique

Sous la houlette de la « quatrième génération », la diplomatie chinoise se manifeste par un pragmatisme entièrement au service des intérêts nationaux. Dans cette optique, l'action extérieure chinoise passe par la recherche de partenaires offrant de nouveaux débouchés à ses exportations, le dialogue resserré avec les « pays riches » (participation de la Chine au G8, juin 2003) et la diversification de ses sources d'approvisionnements en énergie et en matières premières. Cette dernière motive notamment sa politique de rapprochement en direction de l'Afrique – où la Chine effectue une percée diplomatique en 2006, année du premier sommet Chine-Afrique et où Hu Jintao effectue une visite en février 2009 (Mali, Sénégal, île Maurice) afin d'y réaffirmer ses engagements en terme d'aide pris au sommet de 2006, malgré la crise économique –, de l'Amérique latine (ses trois principaux partenaires sont le Brésil, le Mexique et le Chili), de l'Asie centrale et de la Russie.

6. Xi Jinping et le « rêve chinois »

6.1. La succession de Hu Jintao

Alors que la Chine est « entrée dans une phase décisive pour mener à terme la construction in extenso de la société de moyenne aisance », le XVIIIe Congrès du parti communiste chinois se tient du 8 au 14 novembre 2012. Marqué par la continuité et une transition censée promouvoir la « 5e génération » de dirigeants chinois, il se solde par l’élection du vice-président de la République Xi Jinping au poste de secrétaire général du Comité central du parti ainsi que par sa nomination à la tête de la Commission militaire centrale, dont Hu Jintao laisse prématurément la direction. Accèdent en outre au comité permanent du Bureau politique, qui est réduit de neuf à sept membres, cinq nouveaux titulaires au côté du n°2, Li Keqiang, membre de ce cénacle depuis 2007 : Zhang Dejiang (un conservateur réputé pour sa fermeté), Yu Zhengsheng, Liu Yunshan (chargé de la propagande depuis les années 1990), Zhang Gaoli et l’ancien maire de Pékin Wang Qishan. Le 14 et 15 mars 2013, l’Assemblée nationale populaire parachève cette transition en élisant formellement Xi Jinping président de la République et Li Keqiang Premier ministre.

Xi Jinping ne déroge pas à la coutume des dirigeants chinois nouvellement élus d’imprimer leur marque en forgeant leurs propres principes directeurs à l’instar de l’« économie socialiste de marché » de Deng Xiaoping et des « quatre représentativités » de Jiang Zemin. Le « rêve chinois » de « renaissance » figure parmi les mots d’ordre qui apparaissent désormais de manière récurrente dans ses discours et dans les médias.

D’emblée confronté au « rêve américain », le « rêve chinois » fait l’objet d’interprétations diverses, les unes reprenant la version rassurante du PCC, la construction d’une société prospère et modernisée dans le cadre d’un « État de droit » rénové, les autres mettant plutôt en avant le nationalisme et la quête de puissance qui l’inspirent.

Ce grand dessein est affirmé alors que la Chine est parvenue à un moment charnière de son spectaculaire développement : devenant la première économie mondiale, elle doit affronter cependant une série de difficultés au premier rang desquelles le tassement relatif de la croissance (moins de 8 % en 2012-2013 contre plus de 10 % dans les années précédant la crise de 2008-2009 et encore en 2010), d’importants déséquilibres entre les provinces orientales de la façade maritime et les régions du Centre et de l’Ouest, des niveaux de pollution préoccupants et un mécontentement croissant face notamment à la corruption rampante de ses élites. Aussi est-ce tout d’abord à ce dernier fléau que Xi Jinping s’attaque afin de combler le fossé entre l’État et la population et remobiliser cette dernière derrière son programme de réformes.

6.2. La campagne contre la corruption

Accueilli avec scepticisme par certains observateurs, la lutte contre la corruption prend une dimension inhabituelle avec la multiplication des enquêtes confiées au Parquet populaire suprême. L’instruction de frapper les « tigres » comme les « mouches » conduit ainsi à de sévères condamnations pouvant aller jusqu’à la peine de mort et visant quelque 31 000 responsables dans des affaires de « détournement, corruption et de manquement au devoir » en 2013, et environ 21 000 fonctionnaires en 2014. Certains procès sont fortement médiatisés comme ceux de Liu Zhijun, ancien ministre des chemins de fer en juillet 2013 et surtout en août, de Bo Xilai, ancien secrétaire du comité du Parti communiste chinois pour la municipalité de Chongqing et membre du Bureau politique du Comité central du PCC, diffusé sur le réseau social Weibo.

Cette campagne, qui prend une ampleur nécessitant la création d’une nouvelle agence anticorruption, permet aussi à Xi Jinping de renforcer son pouvoir au sein de l’appareil du parti et de l’État, et de resserrer son emprise sur l’armée dont certains dignitaires sont également visés. Parallèlement, une nouvelle discipline est exigée des cadres du parti : cette « ligne de masse », lancée en juin 2013 et visant un rapprochement avec le peuple, implique une réduction du train de vie des dirigeants (contre l’« hédonisme » et l’« extravagance ») et la lutte contre le « formalisme » et la bureaucratie. Ces mesures contribuent à la popularité d’un président surnommé « tonton Xi », dont la volonté réformatrice trouve toutefois ses strictes limites en matière de liberté d’expression.

6.3. Un contrôle accru des dissidences

Si les camps de rééducation par le travail (laogai) sont officiellement abolis en décembre 2013, ils ne disparaissent pas et la résurgence d’une propagande contre la propagation des valeurs occidentales ressort notamment des mesures adoptées contre les intellectuels et les artistes chinois, ainsi que des recommandations du chef de l’État telles que l’appel au « patriotisme artistique » lancé en octobre 2014. Ce rappel à l’ordre et cette reprise en main ont notamment lieu pendant le mouvement de contestation en faveur de la démocratie qui se développe à Hongkong entre les mois d’octobre et de décembre 2014.

Tandis que les services de sécurité et de renseignement sont restructurés et placés à partir de 2014 sous l’autorité de la Commission centrale de la sécurité nationale, créée en novembre 2013 et présidée par Xi Jinping, la répression à l’encontre des Ouïgours (ainsi que des Kazakhs) du Xinjiang se durcit au nom de la lutte contre le terrorisme et le séparatisme. Des camps d’internement sont construits à partir de 2014 et une campagne massive de « rééducation » visant ces minorités musulmanes est mise en place en 2017-2018. Un rapport d’Amnesty International (septembre 2018) estime ainsi à un million le nombre de personnes détenues.

Le contrôle social devient de plus en plus prégnant, avec une surveillance plus étroite et généralisée de la population qui s’appuie désormais sur les nouvelles technologies et à laquelle n’échappe pas internet (plus de 800 millions d’utilisateurs, soit un taux de pénétration de 58 %). Au nom de la lutte contre la criminalité et de la prévention du terrorisme, le réseau de caméras, dont certaines équipées d’outils de reconnaissance faciale, lancé en 2000 par le Ministère de la sécurité publique et expérimenté dans le Xinjiang, est ainsi intensifié.

Parallèlement, le vaste et ambitieux projet de « système de crédit social » (2014-2020) vise à évaluer et à encourager « l’intégrité » et la « fiabilité » des citoyens, des entreprises et des acteurs sociaux en les incitant à l’autodiscipline, avec récompenses et sanctions à la clé.

6.4. Un nouveau mandat

En octobre 2017, à l’issue du XIXe congrès du PCC, Xi Jinping est reconduit à la tête du parti, tandis qu’une réforme constitutionnelle, officialisée en mars 2018, supprime la limitation à deux mandats du président chinois, une règle imposée dans la Constitution de 1982 par Deng Xiaoping.

Outre le chef de l'État, seul le Premier ministre Li Keqiang conserve son siège au comité permanent du bureau politique, et des proches du président y entrent. La « pensée Xi Jinping » (« sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère ») est également inscrite dans la Constitution et le rôle dirigeant du PCC est réaffirmé hors du préambule (art. 36).

6.5. Les réformes économiques

Parvenir à une « relation saine entre le gouvernement et le marché permettant à ce dernier d'occuper une position décisive dans la répartition des ressources et au gouvernement de jouer un meilleur rôle » : telle est la nouvelle ligne directrice adoptée par le Comité central du PCC en novembre 2013. L’assouplissement des règles administratives, l’ouverture progressive du marché financier chinois, le lancement d’une réforme des entreprises publiques, la création de nouvelles zones économiques spéciales dont la zone de libre-échange de Shanghai inaugurée en septembre 2013, sont ainsi parmi les réformes structurelles préconisées par la nouvelle direction.

La modernisation de l’industrie chinoise est au cœur du plan « Made in China 2025 », rendu public en 2015, pour faire passer la Chine du statut « d’usine du monde » à celui de « grande puissance industrielle » à l’horizon 2049 (centenaire de la RPC), par la maîtrise de la recherche, de l’innovation et de la production de biens à forte valeur ajoutée. Le programme est focalisé sur dix secteurs : les technologies de l’information ; les machines industrielles de pointe et la robotique ; l’aéronautique et l’aérospatiale ; l’ingénierie maritime et la construction navale de haute technologie ; les équipements ferroviaires avancés ; les véhicules à nouvelles énergies et les équipements automobiles ; la production électrique ; les équipements agricoles ; les nouveaux matériaux ; les équipements médicaux et la biotechnologie médicale.

Par ailleurs, pour faire face au vieillissement de la population, la Chine décide de mettre fin à la politique de l’enfant unique, le 1er janvier 2016.

Si les réformes entrent progressivement en vigueur, leur mise en œuvre prend du temps, alors que le ralentissement de la croissance se confirme (6,6 %, selon les estimations, en 2018) et que la dette – des entreprises, des gouvernements locaux et, dans une moindre mesure, des ménages – atteint un niveau préoccupant.

Tenant compte de cette tendance, le gouvernement prône désormais la transition d’une croissance forte vers une « croissance de haute qualité » et durable, afin d’achever en 2020 la formation d’une société « modérément prospère ». Trois priorités sont identifiées : lutter contre les risques potentiels – dans les secteurs financier et immobilier, par la stabilisation du niveau de la dette et par la limitation du secteur bancaire parallèle (shadow banking) –, contre la pauvreté et contre la pollution.

Un compromis est ainsi recherché entre désendettement et appui financier et fiscal au secteur privé (dont la contribution au PIB aurait atteint environ 60 %), tandis que le nombre d’entreprises « zombies » (entreprises publiques endettées et non rentables) diminue fortement entre 2015 et 2018.

Le gouvernement veut aussi montrer sa volonté d’ouvrir davantage l’économie chinoise : tandis que le programme « Made in China 2025 » est mis en sourdine face aux craintes occidentales et à l’hostilité des États-Unis, une nouvelle loi sur les investissements directs étrangers est ainsi adoptée en mars 2019.

6.6. Une coopération « gagnant-gagnant »

Si Xi Jinping hérite de la politique extérieure de ses prédécesseurs, l’établissement de relations extérieures dictées par le principe « gagnant-gagnant » est devenu le leitmotiv de la diplomatie chinoise. Sans rien céder quant à ses intérêts stratégiques, la Chine entend apaiser les craintes ou les méfiances de certains États, plus particulièrement de ses voisins d’Asie du Sud-est et de ses partenaires de la région Asie-pacifique. Un exercice pour l’heure encore rhétorique, auquel se livre le président chinois notamment à l’occasion du sommet de l’APEC qu’il accueille à Beijing en novembre 2014.

Si les contentieux commerciaux et politiques concernant les zones de libre-échange concurrentes prônées par Pékin et Washington ou la souveraineté sur la mer de Chine restent pendants, Xi Jinping veut aussi séduire de nouveaux partenaires par ses ambitieux projets, nés en 2011 et réaffirmés en 2013, de « Ceinture économique de la Route de la soie » et de « Route de la soie maritime du xxie siècle », rebaptisés « Initiative de la ceinture et de la route » (One Belt one Road, OBOR, ou Belt and Road Initiative, BRI). Impliquant de nombreux États, ce vaste programme d’infrastructures est un moyen de consolider les liens avec l’Asie centrale et la Russie – avec laquelle les relations sont resserrées à la fois sur les plans diplomatique (dossier syrien) et économique (accords gaziers) – tout en en nouant d’autres au Proche-Orient ainsi qu’en Europe centrale et orientale.

En mai 2017, le premier forum de l’initiative OBOR pour la coopération internationale réunit à Pékin les délégations de près de 60 gouvernements de tous les continents, dont plusieurs États de l’Union Européenne.

Les relations avec les États africains sont également développées : la Chine, devenue leur premier partenaire commercial, augmente ses investissements dans l’exploitation des ressources minières, les infrastructures de transport ainsi que dans l’achat de terres arables. Le Nigeria, l’Angola, le Kenya, la Zambie ou le Rwanda figurent parmi les premiers pays concernés. La constitution d’une « Chinafrique » (en référence à la « Françafrique ») suscite ainsi les critiques et les craintes, notamment quant à un nouvel endettement de certains États. Elle s’accompagne d’un renforcement de la présence et de la coopération militaires – dont témoignent la création de la première base navale et logistique chinoise à Djibouti (2017) et les ventes d’armement –, mais aussi d’une participation accrue aux opérations de maintien de la paix, comme au Soudan du Sud, et à l’aide au développement. Ce partenariat est notamment réaffirmé en septembre 2018 lors du 7e Forum sur la coopération sino-africaine, qui réunit à Pékin les dirigeants de 53 pays africains.

Les ambitions mondiales de la Chine sont contestées au premier chef par le rival américain et les tensions commerciales avec les États-Unis, à la suite de l’accession de Donald Trump à la Maison Blanche en 2017, incitent Pékin à vanter le multilatéralisme décrié par ce dernier et à se tourner notamment vers l’UE. Toutefois, si des accords sont conclus avec certains pays européens, dont le Portugal et l’Italie (premier État membre du G7 à répondre favorablement à la BRI), la France – qui reçoit Xi Jinping lors de sa tournée européenne en mars 2019 – et l’UE, exigeant davantage de réciprocité, restent plus méfiantes.

6.7. PANDÉMIE ET DURCISSEMENT POLITIQUE

Apparue à Wuhan (province de Hubei) en décembre 2019, l’épidémie due à un nouveau coronavirus prend rapidement une dimension politique. Après avoir tenté de contrôler l’information concernant l’apparition de « pneumonies atypiques » en faisant arrêter les premiers lanceurs d’alerte et officiellement averti l’OMS le 31 décembre, le gouvernement prend la mesure de la gravité de l’épidémie au cours des semaines qui suivent l’apparition des premiers cas de contamination et des premiers morts en plaçant la ville de Wuhan sous quarantaine le 23 janvier 2020 avant d’étendre les mesures de prévention à plusieurs autres municipalités et provinces. Alors que la gestion de la première épidémie de SRAS en 2002-2003 avait été entourée d’une grande opacité, la Chine se veut coopérative et la séquence complète du nouveau coronavirus - identifié le 7 janvier et baptisé SARS-CoV2 – est partagée avec la communauté scientifique mondiale. L’influence supposée des autorités chinoises sur l’OMS fait toutefois l’objet de controverses.

Alors que les mesures strictes de confinement de la population sont levées à Wuhan le 8 avril, l’épidémie est devenue une pandémie - ainsi qualifiée par l’OMS le 11 mars - atteignant notamment les États-Unis après l’Europe. Elle donne ainsi lieu à diverses polémiques sur l’origine du virus, à quelques passes d’armes entre les présidents américain et chinois et ne fait qu’accentuer les tensions entre les deux pays malgré la trêve dans la guerre commerciale décidée en janvier.

Si Pékin tente de redorer son blason par une « diplomatie du masque » en direction de plusieurs pays occidentaux notamment mais aussi en Afrique et en Asie, la méfiance à son égard semble bien avoir augmenté malgré sa volonté d’éviter l’isolement. Le poids de la Chine - qualifiée de « rival systémique » depuis 2019 par l’UE-, dans l’économie européenne suscite désormais des préoccupations dans plusieurs pays y compris en Allemagne, l’un de ses principaux partenaires commerciaux.

Parallèlement, le durcissement du régime s’accentue au profit de Xi Jinping - dont le culte de la personnalité est de plus en plus ostensible comme l’illustre, entre autre, l’inauguration du « Centre de recherche sur la pensée de Xi Jinping sur la diplomatie » (juillet) -, tandis que le discours officiel tend à prendre un ton plus agressif.

En témoignent les nouvelles purges ordonnées au sein de la police, de la justice et de l’appareil de sécurité d’État dans le cadre d’une campagne « d’éducation et de rectification » qui viserait le dernier bastion de l’ancienne garde avant le congrès du parti en 2022. En réponse à ce qui est qualifié de « propagande anti Chine » - dont les accusations de stérilisation forcée visant les Ouïgours à la suite de la publication d’une étude de la Jamestown Foundation en juin - une diplomatie plus ouvertement offensive est encouragée dans le sillage de l’adoption d’une loi de sécurité nationale visant à rétablir la main mise sur Hongkong (28 mai). S’y ajoutent une augmentation des tensions en mer de Chine méridionale et la nette détérioration des relations avec Taïwan.

Fort de l’efficacité de la lutte contre l’épidémie de Covid 19 - qui n’a fait officiellement qu’environ 4 600 morts (septembre 2020) - Xi Jinping veut mettre en avant les « atouts de la gouvernance chinoise ». Mais la poursuite du dialogue avec les dirigeants européens - qui compenserait le climat de « guerre froide » avec les États-Unis - se heurte toujours à plusieurs obstacles, d’ordre économique – comme l’accès au marché chinois par un accord sur l’investissement en discussion depuis 2014 – et politique, du fait de l’intransigeance de Pékin, au nom de sa souveraineté, sur les questions de Hongkong, Taïwan ou le sort des Ouïgours au Xinjiang.

Affiche de propagande
Affiche de propagande
Affiche pour la révolution culturelle prolétarienne
Affiche pour la révolution culturelle prolétarienne
Mao Tsé-toung, octobre 1949
Mao Tsé-toung, octobre 1949
Propagande chinoise
Propagande chinoise
Xi Jinping
Xi Jinping
  • 2010 Le prix Nobel de la paix est attribué au dissident chinois Liu Xiaobo (8 octobre).