Hongkong ou Hong Kong

en chinois Xianggang

Hongkong
Hongkong

Région administrative spéciale de la Chine, au S.-E. de Canton, comprenant, outre la petite île de Hongkong, Kowloon et de petites îles.

  • Superficie : 1 077 km2
  • Population : 7 260 000 hab. (estimation pour 2014)
  • Capitale : Victoria

À une latitude tropicale, presque dépourvu de plaines, Hongkong est constituée de pics granitiques (Victoria dans l'île de Hongkong, 550 m ; Lantau dans l'île du même nom, 936 m ; Tai Mo Shan dans la péninsule, 958 m). Il tombe 2 150 mm de pluies en moyenne par an, mais le sous-sol est dépourvu de nappe phréatique. Faisant partie de la Chine méridionale et ouverte sur la mer homonyme, Hongkong doit une part de sa fortune à son rôle d'intermédiaire entre la Chine communiste et le monde industrialisé. À la Chine, dont elle a reçu des émigrés (ou réfugiés) et d'où elle importe des compléments alimentaires, elle sert de port de transit, à la fois importateur et réexportateur. Hongkong exporte 13 % des produits de haute technologie du monde en volume.

Ce rôle commercial est indissociable de l'essor d'une industrie de main-d'œuvre (à l'habillement, aux jouets se sont ajoutées l'horlogerie, l'électronique) stimulée par le poids accru de la place financière. 80 % de la production sont exportés, taux exceptionnel, expliqué naturellement par le volume et la nature d'une production sans rapport avec le marché local, montrant aussi une sensibilité excessive à la conjoncture extérieure, tant économique que politique. Le paysage urbain, admirable, cache mal les problèmes aigus du territoire : manque d'eau (dont une partie vient par pipeline d'un réservoir créé sur Lantau), manque de terrains à bâtir. Un tunnel routier et un métro relient l'île au continent. Sur l'île de Lantau, aéroport Chek Lap Kok (agence N. Forster, 1994-1998) et parc de loisirs Disneyland. La ville a accueilli les épreuves d’équitation des jeux Olympiques d'été en 2008.

HISTOIRE

L'île de Hongkong fut cédée en 1842 à la Grande-Bretagne qui acquit la presqu'île de Kowloon en 1860 et obtint en 1898 un bail de 99 ans sur les Nouveaux Territoires et sur 235 îles au large de Hongkong. Conformément à l'accord sino-britannique de 1984, le territoire a été rétrocédé à la République populaire de Chine le 1er juillet 1997.

1. La Loi fondamentale ou Basic Law

Le 1er juillet 1997 à 0 heure, Hongkong est rattachée à la République populaire de Chine en tant que « région administrative spéciale » (RAS). L'ancienne colonie britannique doit être régie pendant cinquante ans par la Basic Law (1990), texte qui tient lieu de mini-Constitution et qui confirme les accords sino-britanniques signés à Pékin en 1984.

Au nom du principe « Un pays, deux systèmes » formulé par Deng Xiaoping, il est convenu que le système économique et social libéral dont jouit Hongkong soit maintenu durant le régime transitoire prévu jusqu'en 2047 : port franc, respect de la propriété privée, autonomie de la politique monétaire (monnaie officielle : le dollar de Hongkong), liberté des transferts de capitaux. Riche et ouverte, Hongkong conserve ce qui reste refusé à l'écrasante majorité des Chinois : une presse libre, une justice indépendante et la promesse du suffrage universel, acceptée par Pékin avec la Loi fondamentale de 1990.

1.1. Un système institutionnel complexe

D'après la Loi fondamentale, le chef de l’exécutif est élu pour un mandat de 5 ans par un collège de grands électeurs (1200 depuis 2012), composé de représentants des circonscriptions corporatistes (représentant chacune un groupe économique social ou professionnel) et d’organisations religieuses, du Conseil législatif (ou Legco), des conseils de district (assemblées locales), mais aussi des représentants de Hongkong aux deux assemblées chinoises (l'ANP et la CCPPC [Conférence consultative politique du peuple chinois]). Pour être candidat, il faut, au préalable, réunir le soutien de 150 membres du collège. Celui-ci est ensuite invité à choisir parmi la liste ainsi établie.

Le Conseil législatif, quant à lui, est composé depuis 2012 de 70 députés élus pour quatre ans selon deux modes de scrutin. 35 sont élus directement par les résidents hongkongais via cinq circonscriptions géographiques (l'Île de Hong Kong, Kowloon Est, Kowloon Ouest, Nouveaux Territoires Est, Nouveaux Territoires Ouest). 35 députés sont élus dans les circonscriptions corporatistes (29), dont 30 par des collèges professionnels restreints (individus et organismes) et 5 (dans le « second conseil de district ») par l’ensemble des électeurs non inscrits dans les autres circonscriptions corporatistes. L’adoption d’une loi proposée par un membre du Conseil doit obtenir la majorité simple dans chacun des deux groupes. Par ailleurs, tout amendement à la Loi fondamentale nécessite, entre autres, une majorité des deux tiers des représentants de la RAS.

Depuis le début des années 2000, l'introduction du suffrage universel direct constitue une demande récurrente des milieux pro-démocratiques. À l'origine de nombreuses manifestations, elle se révèle le principal enjeu des débats politiques.

2. Dans l'attente du suffrage universel direct

2.1. Le temps des désillusions

Cependant, les cinq années qui suivent la rétrocession sont marquées par un contrecoup tant politique qu'économique. Le climat politique s'assombrit rapidement et les atteintes aux libertés se multiplient, à l'incitation du gouvernement central ou des autorités locales, dirigées par Tung Chee-hwa, le chef de l'exécutif de la RAS. Celui-ci a fait notamment adopter un nouveau système de gouvernement renforçant indirectement l'emprise de la Chine sur Hongkong en affaiblissant le pouvoir de l'administration locale.

Au plan économique et social, le climat paraît également maussade, Hongkong étant très affectée par la crise financière asiatique de 1997, qui provoque l'effondrement du marché boursier puis l'éclatement de la bulle immobilière sur laquelle est adossée la prospérité du territoire. Hongkong subit en outre la concurrence du continent et singulièrement de Shanghaï : elle ne peut renforcer son rôle d'intermédiaire auprès des investisseurs étrangers du fait de la politique d'ouverture entreprise par Pékin, favorisée par son entrée dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. Cette année-là, tandis que le PIB chinois progressait de 7 %, la croissance de Hongkong n'est que de 0,1 % et le chômage frappe 7,4 % de sa population.

Au printemps 2003, la région est en outre gravement atteinte par l'épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) qui cause près de 300 décès. Toutefois, reposant sur un système économique solide, Hongkong renoue dès mi-2003 avec une forte croissance qui bénéficie désormais du dynamisme de la Chine.

2.2. Lentes et timides avancées démocratiques

Sur le plan politique, même si les partis favorables à la démocratie, notamment le parti démocrate (DP) de Martin Lee, remportent régulièrement autour de 60 % des voix aux élections législatives de 1998, 2000, 2004, 2008 et 2012, ce sont les partis pro-Pékin – notamment l'Alliance démocratique pour l'amélioration de Hongkong (DAB) – qui dominent le Parlement local (le Conseil législatif ou Legco), la moitié seulement de ses sièges (40 sur 70 depuis 2012) étant pourvus au suffrage universel.

Le projet de loi sur « la subversion, la sécession et la trahison » est retiré après voir provoqué en juillet 2003 le plus large rassemblement d'opposition (500 000 personnes) depuis les événements de Tian'anmen en 1989.

En 2005, deux ans avant la fin de son second mandat, affaibli par une impopularité croissante et son incapacité à gérer la crise, Tung Chee-hwa annonce son départ de l'exécutif. C'est le candidat de la Chine, Donald Tsang, qui lui succède. Pour la première fois, même s'il n'a aucune chance d'être élu, un candidat pro-démocratie, Alan Leong, se présente face à Donald Tsang, réélu en mars 2007.

Tandis que le dixième anniversaire de la rétrocession de Hongkong à la Chine en 2007 est une nouvelle occasion pour l'opposition de manifester en faveur de l'élection du chef de l'exécutif au suffrage universel direct, le Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire fixe les premières élections totalement démocratiques pour le chef de l'exécutif à 2017, et pour le Conseil législatif à 2020. En 2010, ce dernier adopte un ensemble de « réformes démocratiques » : 10 nouveaux sièges sont ajoutés au Conseil législatif ; le nombre des grands électeurs est porté de 800 à 1 200 pour les élections de 2012.

À l'issue du scrutin du 25 mars 2012, la grande majorité de ces derniers, suivant les consignes de Pékin contraint d'abandonner son favori initial, Henry Tang, un tycoon empêtré dans un scandale, se reporte sur Leung Chun-ying, qui recueille plus de 57 % des suffrages. Surnommé « CY Leung » par les Hongkongais, Leung Chun-ying est membre de la CCPPC. Le 9 septembre 2012, s’il conserve son droit de veto sur les réformes constitutionnelles et vient en tête en nombre de voix, le camp pro-démocrate, divisé, recule aux élections législatives provoquant la démission du président du DP.

2.3. La mobilisation de la société civile

À partir de la fin septembre 2014, le territoire est le théâtre d’un mouvement en faveur de la démocratie sans précédent depuis 1997. Par cette campagne non violente de désobéissance civile orchestrée notamment par le collectif Occupy Central, déclenchée et dominée par les étudiants, les lycéens et des associations de défense des droits humains, les opposants exigent la levée de l’accréditation préalable par Pékin et les grands électeurs des candidats au poste de chef de l'exécutif, dans la perspective du scrutin au suffrage universel prévu en 2017.

Après plus de trois semaines de manifestations, des discussions s’engagent, mais le pouvoir reste sourd aux revendications parmi lesquelles la démission de Leung Chun-ying. Ayant perdu une part de la sympathie dans la population, ce mouvement « des parapluies » (déployés pour se protéger des gaz lacrymogènes) finit par s’éteindre faute d’unité et de direction politique et les dernières tentes dressées par les manifestants sont démontées au milieu du mois de décembre. Si ce mouvement, censuré en Chine continentale et que Pékin parvient à contrer par l’intermédiaire de ses relais dans l’île, est ainsi défait, il révèle l’existence d’une nouvelle opposition et d’importantes fractures au sein des élites locales.

2.4. Du rejet de la réforme électorale aux élections de septembre 2016

Le 18 juin 2015, le projet d’élection au suffrage universel du chef de l’Exécutif est rejeté par le Legco. Il rencontre tout d’abord le veto du camp « pro-démocratie » qui détient une minorité de blocage pour une réforme institutionnelle dont l'adoption requiert une majorité des deux tiers. L’opposition aux conditions restrictives imposées par Pékin finit ainsi par l’emporter sur l’élargissement du corps électoral. Mais le projet suscite également la fronde d’une trentaine de députés de la majorité pro-Pékin, qui décident de ne pas prendre part au vote. Désaveu pour Leung Chun-ying et pour Pékin, ce résultat est accueilli comme une victoire par les opposants malgré le retour au statu quo qui en résulte.

Les élections législatives de septembre 2016 sont marquées par une hausse de la participation et par la percée de nouveaux partis « localistes » : ces partis (Civic Passion, Youngspiration, Demosisto notamment), issus du mouvement « des parapluies » dont plusieurs jeunes leaders font ainsi leur entrée au Conseil législatif, obtiennent 19 % des voix contre 36 % aux partis pro-démocratie traditionnels. Un succès obtenu malgré les pressions et la disqualification de certains candidats pour leur position « indépendantiste ».

Si la majorité des représentants reste acquise à Pékin en raison du système électoral, l’opposition « pro-démocratie » (y compris les représentants « localistes ») conserve son pouvoir de veto sur les questions institutionnelles, avec 30 sièges dont 19 dans les circonscriptions géographiques.

2.5. Le renforcement de l’emprise de Pékin et la révolte de 2019

En juillet 2017, candidate soutenue par Pékin, Carrie Lam, première femme à accéder à ce poste, succède à Leung Chun-ying à la tête de l’Exécutif hongkongais. Déjà tendues depuis les élections de 2016, les relations avec l’opposition ne vont cesser de se détériorer. Après la disqualification de six députés démocrates et « localistes » en 2016, l’opposition sort affaiblie des élections partielles pour cinq des six sièges vacants, en mars et novembre 2018. Les atteintes larvées à la liberté de la presse, l’interdiction pour indépendantisme du Hongkong national Party (septembre 2018) ou la condamnation de militants du mouvement de 2014, contribuent à alourdir le climat politique.

Un projet de loi qui faciliterait l’extradition de suspects vers la Chine continentale met le feu aux poudres à la fin du mois de mars 2019. Après les premières manifestations pour réclamer le retrait de ce texte – mais aussi la démission de C. Lam, ce qu’elle écarte –, le mouvement prend une ampleur inédite en juin, s’accompagnant notamment d’une grève générale en août, et, au fil des semaines puis des mois, d’affrontements de plus en plus violents avec les forces de l’ordre ainsi qu’avec des contre-manifestants.

La mesure incriminée finit par être retirée, en octobre, mais les opposants les plus résolus continuent de se mobiliser. Ils exigent notamment la libération des manifestants emprisonnés, une commission d’enquête indépendante sur le comportement de la police, la démission de C. Lam, ainsi que le suffrage universel pour les élections des députés et du chef de l’Exécutif.

Tandis qu’une frange de militants se radicalise, le gouvernement, sous la pression de plus en plus insistante et explicite de Pékin, décrète l’interdiction pour les manifestants de porter des masques – une mesure déclarée inconstitutionnelle par la Haute Cour de Hongkong, qui est cependant rappelée à l’ordre par les autorités chinoises –, et renforce ses moyens répressifs.

Bien qu’ayant une incidence limitée sur la structure du pouvoir, le triomphe du « camp pro-démocratie » aux élections locales de novembre 2019 (avec une participation massive de plus de 70 %) est un cinglant désaveu pour C. Lam, de même que la loi « sur les droits humains et la démocratie à Hongkong », votée par le Congrès américain et signée par le président des États-Unis. Le mouvement se poursuit et semble s’installer dans la durée, comme l’illustre l’imposante manifestation du 1er janvier 2020.

CINÉMA

Hongkong a d'abord été le refuge des cinéastes chinois fuyant la répression, celle des années 1930, après l'invasion japonaise, comme celle des années 1950 et 1960, sous le régime maoïste. Un cinéaste comme King Hu (1931-1997), se fixe à Hongkong en 1949 et commence sa carrière comme acteur et scénariste pour les frères Shaw, qui viennent d'implanter leurs nouveaux studios à Kowloon (Sons of the Good Earth, 1964). Il se spécialise dans le film historique de style cape et épée à la chinoise comme A Touch of Zen (1972). Il réalise ensuite d'autres films marquants en Corée du Sud (Pluie dans la montagne, 1978) et à Taiwan (Mariage, 1981).

Les principaux genres développés à Hongkong sont, dans un premier temps, le mélodrame de style shanghaïen, la comédie et le film à suspense. Ils sont rapidement dépassés par les films d'arts martiaux, qui connaissent un extraordinaire succès, national puis international, et dans lesquels se spécialise toute une génération d'acteurs. Le plus connu d'entre eux reste Bruce Lee (mort en 1973), dont certains films ont fait le tour du monde (la Fureur du Dragon, 1972 ; le Jeu de la mort, 1978).

Il a été remplacé depuis par Chang Cheh, David Chiang, Michael Hui, et Liu Jia Liang, devenu « superstar ». Bruce Lee avait été engagé par Raymond Chow, patron de l'une des Majors du Sud-Est asiatique, la Golden Harvest. Ces compagnies de production-distribution ont des filières à Singapour, en Malaisie, à Taiwan et aux Philippines. Elles développent de manière intensive les films de kung-fu et produisent des comédies, souvent élaborées et brillantes, qui intègrent des ballets ou des opéras, comme chez King Hu ou Samo Hong (le Fils prodigue, 1981).

En marge de cette production – environ 130 films par an –, des réalisatrices ont signé des œuvres beaucoup plus personnelles : ainsi Shu Shuen (l'Arche, 1968) et Ann Hui (le Secret, 1979 ; Boat people/Passeport pour l'enfer, 1982).

Hongkong
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Norman Foster, banque de Shanghai et Hongkong, Hongkong
Norman Foster, banque de Shanghai et Hongkong, Hongkong
  • 1842 La Chine, après les attaques britanniques de 1840-1841, signe avec la Grande-Bretagne le traité de Nankin. Elle lui cède Hongkong et ouvre cinq ports aux importations d'opium.
  • 1979-1985 Gratte-ciel bancaire, à Hongkong, par N. Foster.
  • 1987 Krach boursier (octobre) : baisses records dans les bourses de Wall Street, Tokyo, Londres, Paris, Hongkong, Francfort.
  • 1997 Le Royaume-Uni restitue Hongkong à la Chine ; mort de Deng Xiaoping.