Pour beaucoup, le Macintosh et le QL sont la riposte d'Apple et de Sinclair à la formidable percée d'IBM sur le marché des ordinateurs personnels. En effet, en l'espace de 3 ans, le géant de l'informatique s'est approprié 34 % du marché mondial de la micro avec une seule machine, appelée tout simplement le PC (Personnal Computer). Et IBM comptait bien poursuivre sur sa lancée et continuer à grignoter les parts des autres en annonçant aux États-Unis la venue du petit frère du PC, baptisé le Junior. Cette machine, qui est à cheval sur l'ordinateur familial et l'ordinateur professionnel, se connecte sur un écran de télévision ; il peut y dessiner en 16 couleurs ; son clavier n'est pas rattaché à l'ordinateur, mais communique avec lui par l'intermédiaire d'une liaison infrarouge. Avantage : on peut s'installer dans son canapé et jouer sur l'écran situé à plus d'un mètre de là. Mais, comme tous les coups d'essais ne peuvent pas être des coups de maître, le PC Junior ne remporta pas, aux États-Unis, le succès attendu ; on lui reprochait son clavier peu pratique et sa petite mémoire. Au mois d'août, IBM promit de remédier à ces défauts et une nouvelle version va être présentée sous peu. À la même époque, la firme annonçait l'arrivée du grand frère du PC, le PC-AT (Advanced Technology), rapide, puissant, et dont la mémoire peut être 5 fois plus importante que celle du PC.
Outre Apple et Sinclair, IBM va devoir faire face aux attaques de ATT, le géant américain de la téléphonie, qui, lui aussi, en cette année 1984, a décidé de se lancer à l'assaut du marché des ordinateurs personnels. En s'alliant avec la firme Olivetti, ATT a présenté son ordinateur M24, une machine de 25 000 F, entièrement compatible avec le PC d'IBM.
Qui sera le vainqueur sur ce marché de l'ordinateur personnel qui se chiffre, à l'échelle mondiale, en milliards de francs ? Les années à venir nous le diront.
Françoise Harrois-Monin
Câble
Un pari audacieux
Cinquante milliards de F en vingt ans, deux millions et demi de prises installées chez les particuliers dès la fin 1986. En lançant le programme de câblage du pays en fibres optiques, le gouvernement français a, le premier au monde, misé à fond sur l'avenir de la télédistribution dans sa version la plus moderne technologiquement. Un pari audacieux comparé par les commentateurs à ceux d'Ariane et de l'Airbus ou de... Concorde, selon leur opinion quant à son résultat.
L'engagement
Le principe du câblage progressif de la France était déjà acquis depuis un certain temps. Mais le véritable feu vert a été donné le 3 mai, quand le Conseil des ministres adopta le projet de décret du plan câble. Un texte un peu complexe, un peu flou sur certains points, mais qui fixe les grandes lignes de cette vaste entreprise.
Tout d'abord, ce sera de la fibre optique. Certaines collectivités locales souhaitaient pouvoir choisir entre les modernes cheveux de lumière et le classique câble de cuivre coaxial, moins performant mais nettement moins coûteux. Elles n'ont pas été entendues bien que Gaston Defferre ait répercuté leur souhait dans une note interne destinée aux membres du gouvernement. Les réseaux câblés locaux ne pourront excéder 60 km dans leur plus grande longueur, et les limites de deux départements. Des sociétés d'économie mixte présidées par un élu local assureront l'exploitation des réseaux, mais l'État en restera propriétaire et en assurera la réalisation et l'entretien, par l'intermédiaire de la DGT (Direction générale des télécommunications, branche télécommunications des PTT) pour les infrastructures du câble lui-même, et de TDF pour les têtes de réseau ou centres serveurs. Le financement sera assuré par les PTT et les collectivités locales dans le cadre de conventions passées cas par cas, la part respective des deux partenaires n'étant pas déterminée par le décret. Enfin, les réseaux auront l'obligation de diffuser les trois chaînes de télévision nationale et un minimum de 15 % des programmes originaux, locaux ou non, sur le total du volume des émissions offertes. Ils pourront aussi retransmettre des chaînes étrangères mais dans la limite de 30 % du nombre de canaux du réseau. Leurs cahiers des charges concernant la publicité et la diffusion de films sont alignés sur ceux des chaînes nationales.
Expérience pilote
Le 21 mai, moins de trois semaines après la décision du Conseil des ministres, le câble et la fibre optique revenaient sous les feux de l'actualité avec l'inauguration officielle du réseau de Biarritz. Une expérience pilote lancée en 1980 sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing. Une quarantaine d'abonnés aujourd'hui (pour 692 prises dont près de 600 pour les cinq grands hôtels de la ville), 1 500 prévus fin 85. Des cobayes heureux qui disposent déjà de 15 chaînes télé et 12 programmes hi-fi. Le clou de cette fête des télécommunications fut une conversation par visiophone entre Biarritz et le palais de l'Élysée à Paris. À un bout de la ligne, Louis Mexandeau, ministre des PTT, à l'autre, le président François Mitterrand.