Genetic Systems aura l'exclusivité de la commercialisation du test sur le marché américain, l'IPP se réservant la Communauté européenne. Les deux sociétés se partageront le reste du marché mondial.
La compétition reprend donc de plus belle, car les équipes américaines du professeur Gallo à Bethesda ont de leur côté passé des accords de recherche et de développement avec cinq grandes firmes pharmaceutiques américaines, afin de commercialiser un test basé sur les anticorps au virus HTLV-3, dont la validité dépendra de la confrontation des deux virus (sans cesse reportée depuis près d'un an), et de l'incontestable antériorité des travaux français.
Surveillance médicale
En toute hypothèse, l'ensemble de ces recherches autorisent déjà la détection parmi les groupes à haut risque des personnes qui ont porté ou portent le virus, dans l'espoir de les soigner plus tôt. On ne parvient pas encore aujourd'hui à rétablir le capital immunitaire de ces patients. Mais l'analyse minutieuse des phases précoces de la maladie, désormais possible par sa détection à grande échelle, facilitera la compréhension de son mécanisme. S'il joue un rôle essentiel, le virus n'est probablement pas la cause unique de cette affection.
Il reste donc à identifier les cofacteurs indispensables à l'apparition du SIDA. On sait désormais dans quelle direction orienter les recherches. Il reste à élaborer une véritable prévention et à trouver un traitement efficace du SIDA, et l'on doit espérer que l'actuelle rivalité des scientifiques français et américains n'y fera pas obstacle.
Martine Castello
Archéologie
Les trésors découverts
En France, il y a peu d'années encore, les destructions de sites archéologiques par les chantiers de travaux publics et de construction l'emportaient de loin sur les fouilles. Cette situation désastreuse paraît en train de changer. Les fouilles de sauvetage (programmé ou urgent) ont été environ 900 en 1984, un nombre à peu près équivalent à celui de 1983. Elles n'étaient que de 350 vingt ans auparavant.
Moyen Âge
Les découvertes importantes semblent effectivement se faire plus nombreuses. Ainsi pour le Moyen Âge. À Pithiviers par exemple, on retrouve une crypte romane oubliée..., elle appartenait à un monument de même ampleur que Saint-Benoît-sur-Loire. À La Grande-Paroisse, en Seine-et-Marne, une fouille de sauvetage dans une sablière montre les restes d'un village remontant à l'époque de Charlemagne et de ses successeurs : site exceptionnel, qui contient d'ailleurs aussi des traces d'habitats protohistoriques.
À Charavines, près de Grenoble, la fouille en plongée d'un habitat médiéval submergé, reprise en 1984, produit une masse énorme de restes périssables conservés dans l'eau : des grains, des fruits et même un peu de cuir en plus du bois et des ossements d'animaux. Les recherches menées dans les environs du site commencent à permettre de voir vivre et changer un pays dans cette période charnière qu'a été le xie siècle.
Avec le développement de l'archéologie urbaine (notamment cette année au Louvre, à Paris) et les nombreuses fouilles de châteaux et d'églises, le Moyen Âge français devrait bientôt recevoir des éclairages nouveaux.
Découvertes gallo-romaines
C'est ce qui se produit pour la période gallo-romaine que l'on croyait pourtant bien connue. La surprise de ces dernières années a été la découverte de très nombreux édifices en terre. À Lyon, Vienne, Nîmes (et dans une trentaine de villes méditerranéennes), à Metz et aux portes de Nantes sont apparus des restes de maisons ou même de quartiers entiers dont les murs étaient faits de briques crues avec ou sans colombages, ou de torchis et clayonnages. Non, l'Antiquité ne construisait pas en pierre seulement... Des aspects inconnus du monde gallo-romain se découvrent avec, par exemple, l'étude d'une exploitation vinicole à Donzère (Rhône).
Spectaculaire a été la découverte d'un trésor romain du iiie siècle à Vienne, avec plusieurs plats en argent massif, mais encore plus remarquable pour les spécialistes, quoique tenu secret sur le moment, a été le dégagement à L'Hospitalet-du-Larzac, en 1983, d'une inscription en langue gauloise qui est la plus longue actuellement connue : 57 lignes, inscrites en lettres latines sur le couvercle en plomb d'une urne funéraire. Un séminaire de recherche de plusieurs mois a permis de dévoiler, en décembre 1984, certains aspects de ce texte, déchiffré en partie : il y est question d'une « magie des femmes » et les noms qu'on y trouve sont tous féminins, pour moitié romains ou romanisés, pour moitié gaulois. Le texte écrit par deux personnes fait apparaître une désinence de l'accusatif qu'on ne connaissait pas. Cette urne se trouvait dans une nécropole très postérieure à la conquête romaine et tout près de la voie menant aux grands ateliers de céramique de la Graufesenque (Millau). Elle montre un fonds indigène toujours vivace un siècle après César.