L'IFREMER emploie 1 147 personnes auxquelles s'ajoutent les 400 personnes de la filiale GENAVIR, qui a en charge 13 navires de recherches, et les 50 personnes de la filiale France-Aquaculture, qui diffuse et commercialise les techniques de la nouvelle aquaculture.
Les trois objectifs
Le budget de l'IFREMER est, pour 1984, de 626 millions de F. La priorité est donnée aux programmes technologiques et industriels, dont, en particulier, la mise au point du sous-marin à grande autonomie (Saga, issu de l'ex-Argyronète dont la construction avait été commencée en 1968 et abandonnée en 1971), le préleveur libre autonome et l'étude d'un système de ramassage des nodules polymétalliques en association avec le Commissariat à l'énergie atomique, l'énergie thermique des mers et les technologies navales.
Deuxième secteur prioritaire : les ressources vivantes, c'est-à-dire la transformation et la valorisation des produits de la mer, la gestion des stocks des espèces pêchées et l'aquaculture nouvelle.
Le troisième grand thème privilégié par l'IFREMER, environnement et recherche océanique, regroupe la définition d'un permis minier de nodules polymétalliques, l'hydrothermalisme sous-marin (ces sorties d'eau très chaudes et chargées de sulfures métalliques découvertes pour la première fois en 1978 sur des dorsales sub-océaniques de l'est du Pacifique par une expédition franco-américaine), l'océanographie spatiale, la tomographie acoustique appliquée à l'étude de la circulation et la structure des eaux des océans et l'exploration des grands fonds marins.
Dans ce dernier domaine, la France (représentée par l'IFREMER) s'est jointe à l'Ocean Drilling Program (ODP). L'ODP est le nouveau programme de forages des grands fonds océaniques qui continue le Deep Sea Drilling Project (DSDP) qui s'est déroulé de 1968 à 1983.
Campagnes fructueuses
Le DSDP a été un programme de recherche océanographique extraordinairement fructueux pour l'ensemble de la communauté scientifique des sciences de la Terre. En quatre-vingt-seize campagnes (ou legs), le navire Glomar Challenger a foré, sur 624 sites, 1 105 puits dont la longueur totale est de 325 548 m ; 97 065 m de carottes ont été récupérés, dont l'analyse a montré, entre autres choses, que la théorie de renouvellement constant des fonds océaniques est exacte, que les grands fonds océaniques pouvaient, peut-être, receler des gisements d'hydrocarbures (ce qu'on ne soupçonnait même pas avant 1968). Les carottes ont aussi permis de connaître l'évolution du climat et de la circulation océanique au cours des 180 derniers millions d'années. Le DSDP a été, en outre, l'occasion de premières. Le Glomar Challenger a réussi à forer à travers 7 044 m d'eau et le trépan a pénétré les fonds sédimentaires marins sur une hauteur de 1 741 m. La technique de la réentrée qui permet de réintroduire, à travers plusieurs milliers de mètres d'eau, un trépan neuf dans un puits, même si celui-ci est abandonné depuis un temps indéterminé, cette technique tout de suite utilisée par les pétroliers a permis, au cours du DSDP, de pénétrer la dure croûte océanique basaltique des océans sur une épaisseur de 1 075 m.
D'abord purement américain, le DSDP est devenu international en 1975 sous le nom de International Phase Of Ocean Drilling (IPOD). Moyennant 1 million puis 2 millions de dollars par an, la France, l'Allemagne fédérale, le Japon, la Grande-Bretagne et l'Union soviétique (cette dernière a été exclue de fait du DSDP en 1980 par décision de la Maison-Blanche) ont directement participé au programme. Le DSDP a coûté en tout plus de 200 millions de dollars.
Un nouveau programme
Pour l'ODP, on peut être « membre candidat » pour 200 000 dollars par an (c'est le statut actuel de la France et de la Fondation européenne de la science au nom de l'Italie, de la Norvège, des Pays-Bas et de la Suisse, du Canada, de la Grande-Bretagne) ou membre à part entière (comme dix grandes institutions océanographiques américaines regroupées au sein de la Joint Oceanographic Institutions Incorporated et l'Allemagne fédérale) pour 2,5 millions de dollars par an. L'essentiel des crédits de l'ODP viendra, comme ceux du DSDP, de la National Science Foundation des États-Unis.