Diplomatiquement, la Libye a noyauté les rencontres de Lagos en août et de Douggia en novembre. C'est à cette occasion qu'à 60 kilomètres de la capitale les négociateurs décidèrent, une première fois, du départ des troupes françaises et de leur remplacement par une force interafricaine, de l'organisation d'élections générales avant dix-huit mois, de la démilitarisation (jamais réalisée) de N'Djamena. Ce sont les Libyens qui s'opposèrent à la désignation, à Douggia, du Dr Abba Siddick comme ministre des Affaires étrangères du GUNT, imposant à ce poste Ahmat Acyl, considéré comme plus malléable. C'est au cours de cette rencontre que le Dr Trikki, ministre des Affaires étrangères de Libye, développa les rapports entre Tripoli et les FAT, dont le chef, le colonel Kamougué, avait pourtant solennellement dénoncé, dès le 6 septembre, les accords de Lagos.
Trois tendances
Cette série de renversements d'alliances et de retournements de situations ne contribue pas à simplifier la compréhension d'une évolution complexe. Du moins comprend-on que seules comptent trois grandes tendances : celle des FAN, celle des FAP et celle des FAT, les deux dernières composant momentanément pour isoler, puis abattre la première. Pour obtenir ce résultat, Goukouni Oueddeï, qui, en août, accusait Hissène Habré d'empêcher ses troupes de combattre l'envahisseur libyen, compose aujourd'hui avec ce dernier. En avril, il a même directement et personnellement appelé le colonel Khadafi à l'aide, après avoir exigé le départ immédiat des troupes françaises.
Non seulement nul ne saurait prévoir l'issue du conflit, mais tout le monde ignore combien il a déjà fait de victimes. Économiquement, la situation est catastrophique à N'Djamena où, dans la seule fonction publique, on estime à 13 millions de F CFA les salaires impayés. La récolte de coton s'effectue normalement dans le Sud, mais l'exploitation et la recherche pétrolières sont stoppées. Militairement, chacun veut « aller jusqu'au bout », mais nul n'est en mesure de triompher de façon décisive.
Politiquement, aucune négociation n'est possible, car personne ne veut composer ou transiger. Même avant la reprise des combats à N'Djamena en mars, quotidiennement des civils tombaient victimes de balles perdues ou d'attaques de pillards. Après cette reprise, on estime que 2 000 personnes ont été tuées en deux semaines.
Ce qui est certain, c'est que des milliers d'innocents ont été blessés, que des centaines de combattants sont morts inutilement. Ce qui est miraculeux, c'est qu'au cours de cette période seuls un militaire français ait été tué et un autre blessé. Quatre-vingts ans après que les colonnes françaises lancées à la conquête de l'Afrique centrale ont fait leur liaison à Kousseri pour, le 22 avril, y écraser les troupes de l'esclavagiste Rabah, c'est de nouveau le chaos au Tchad, zone de parcours ravagée par des chefs de bande qui s'affrontent sans cesse pour la confiscation du pouvoir.
Togo
Lomé. 2 410 000. 42. 2,6 %.
Économie. PIB (75) : 269. Productions (72) : A 34 + I 21 + S 45. Énerg. (76) : 85. Ce (75) : 21 %.
Transports. (74) : 65 M pass./km, 22 Mt/km. (*74) : 13 000 + 7 000.
Information. (75) : 1 quotidien, tirage global : 7 000. (76) : *52 000. (75) : 3 200 fauteuils ; fréquentation : 0,1 M. (70) : 10 000.
Santé. (77) : 128.
Éducation. (76). Prim. : 395 381. Sec. et techn. : 81 374. Sup. (75) : 2 353.
Armée. : 3 250.
Institutions. Indépendance le 27 avril 1960. République (30 août 1956). Nouvelle Constitution, adoptée par référendum le 30 décembre 1979. Président de la République et chef du gouvernement : général Ghansimgbe Eyadema, confirmé dans ses fonctions par référendum le 30 décembre 1979 ; il proclame la IIIe République le 13 janvier 1980.
Tunisie
Tunis. 6 080 000. 36. *2,3 %.
Économie. PIB (77) : 821. Productions (76) : A 17 + I 26 + S 57. Énerg. (76) : 456. CE (77) : 15 %.
Transports. (*77) : 709 M pass./km, 1 331 Mt/km. (75) : 102 600 + 67 000. (77) : 1 040 M pass./km.
Information. (75) : 4 quotidiens ; tirage global : 190 000. (76) : *810 000. (76) : *208 000. (73) : 50 100 fauteuils ; fréquentation : 12,5 M. (77) : 144 000.
Santé. (76) : 1 196.
Éducation. (77). Prim. : 991 908. Sec. et techn. : 230 868. Sup. (76) : 23 137.
Armée. : 22 300.
Institutions. État indépendant le 20 mars 1956. République proclamée le 25 juillet 1957. Constitution de 1959, amendée en 1969, 1975 et 1976. Président de la République à vie (novembre 1974) : Habib Bourguiba. Premier ministre : Mohamed Mzali.
Solidarité nationale après Gafsa
Pour fêter ses 76 ans, le président Bourguiba convoque la télévision tunisienne, arrive en maillot de bain, plonge dans sa piscine et nage vigoureusement. Veut-il ainsi prouver qu'il a complètement recouvré la santé et qu'il entend bien revenir effectivement aux affaires du pays ?