Il faudra, le calme revenu, quadriller presque militairement Tizi Ouzou pendant plusieurs semaines. Pourtant, Chadli Bendjedid ne cède pas, et le FLN non plus. Les Kabyles ont beau se démarquer des « révolutionnaires kabyles parisiens » d'Aït Ahmed, on continue de les accuser de séparatisme et on voit dans leur action « la main de l'étranger ». L'Algérie doit être une, arabe et musulmane, affirme avec force le président algérien. Le problème, on le voit, est loin d'être réglé.

Angola

Luanda. 6 730 000. 5. *2,3 %.
Économie. PIB (75) : 434. Énerg. (76) : 166. CE (70) : 24 %.
Transports. (74) : 418 M pass./km, 5 461 Mt/km. (73) : 127 300 + 35 700.
Information. (75) : 1 quotidien ; tirage global : 14 000. (76) : *116 000. (72) : 35 700 fauteuils ; fréquentation : 3,7 M. (76) : 32 000.
Santé. (73) : 383. Mté inf. (72) : 24,1.
Éducation. (72). Prim. : 516 131. Sec. et techn. : 79 055. Sup. (71) : 2 660.
Armée.  : 40 000.
Institutions. État indépendant le 11 novembre 1975 (ancienne colonie portugaise). République populaire. Constitution de 1975 modifiée en août 1977 (pouvoirs présidentiels accrus). Président de la République et chef de l'exécutif : José Eduardo Dos Santos, désigné par le MPLA le 20 septembre 1979 et devra être confirmé fin mai 1980 ; succède à Agostinho Neto, décédé.

Dos Santos poursuit une prudente politique d'ouverture

Dans la nuit du 10 au 11 septembre 1979 disparaît l'homme qui incarnait le nationalisme angolais et avait tenté de maintenir l'unité de son pays ; atteint d'un cancer, opéré à Moscou par d'éminents spécialistes, c'est dans la capitale soviétique que meurt A. Neto.

Poète de renom, marxiste de vieille formation, ayant conservé une reconnaissance profonde à l'égard des dirigeants soviétiques pour l'aide militaire et diplomatique qu'ils avaient accordée sans réserve au Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA), dont il restait le chef incontesté, Neto était un nationaliste intransigeant. C'est ce qui explique qu'en contradiction avec une fausse image d'allié inconditionnel de l'Union soviétique il s'attacha, quelques mois avant sa mort, à se soustraire à une trop étroite dépendance de Moscou, à rechercher un terrain d'entente avec l'ancienne métropole — le Portugal —, à se réconcilier avec le Zaïre voisin.

Tension interne

Sans remettre en cause la présence à Luanda d'un corps expéditionnaire de 20 000 Cubains, ni celle de 6 500 assistants techniques civils envoyés par La Havane, ni l'envoi à Cuba même de 1 200 élèves angolais pour y poursuivre divers stages, Neto chercha à engager véritablement le dialogue avec Lisbonne, Paris et d'autres capitales occidentales. C'est cette politique que devait poursuivre José Eduardo Dos Santos, précédemment ministre de la Planification, choisi par le Comité central du MPLA pour succéder à Neto. Préféré à Lucio Lara, homme d'appareil, et à Iko Carreira, qui bénéficiait de l'appui de l'armée, le successeur de Neto était plus proche de ce dernier que ses deux principaux concurrents.

Si les dirigeants de Luanda se sont rapprochés de ceux de Kinshasa en dépit de divergences idéologiques profondes, c'est notamment parce que le développement d'un climat de tension interne a contraint Dos Santos, et son prédécesseur, à marquer une pause dans les polémiques avec le régime du général Mobutu. Le gouvernement angolais rencontre, en effet, outre de sérieuses difficultés économiques et financières, des problèmes de trois ordres :
– luttes entre factions au sein du parti unique ;
– poursuite de la guérilla animée par les deux grands mouvements d'opposition armée que sont l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) de Jonas Savimbi et le Front national de libération de l'Angola (FNLA) de Roberto Holden ;
– incidents meurtriers répétés avec l'armée sud-africaine à la frontière angolo-namibienne.

Roberto Holden, leader du FNLA, expulsé le 11 novembre 1979 du Zaïre, demande, et obtient, en mars 1980, l'asile politique en France ; ses partisans poursuivent la lutte sur place, surtout dans le nord-est de l'Angola. Quant aux maquisards de l'UNITA, ils opèrent sur un immense territoire qui représente, dans le centre, le sud et l'est, les deux tiers de la superficie totale du pays. Dans cette zone, le MPLA ne contrôle que les villes, l'UNITA multipliant les coups de main dans les campagnes et contre la voie ferrée reliant la Zambie et le Shaba au port angolais de Looito. Exutoire de la ceinture de cuivre d'Afrique centrale, Lobito est isolé du monde extérieur, et les exportations zaïroises et zambiennes de cuivre doivent s'effectuer par le littoral de l'océan Indien.