Tout en restant la première formation politique du pays, le parti travailliste recueille à peine 35 % des voix et perd 12 sièges au Storting (Parlement). Jamais, depuis la guerre, il n'était descendu aussi bas. Ses positions sont entamées par l'alliance électorale de gauche, qui permet le retour à la Chambre du parti communiste, lequel n'y était plus représenté depuis 1961. Sur leur lancée, communistes et socialistes de gauche décident de fusionner et de créer avant le 1er mars 1975 un parti socialiste populaire. À droite, le mécontentement contre l'accroissement de la charge fiscale (les impôts représentent quelque 45 % du PNB) permet le succès spectaculaire du Parti contre l'impôt animé par un démagogue fantaisiste, ami des animaux, Anders Lange.

Bien que ne disposant que de 62 sièges sur 155 au Storting, Trygve Bratteli, chef du parti travailliste, forme un gouvernement minoritaire homogène. Il propose de lutter énergiquement contre l'inflation (en novembre la couronne est réévaluée de 5 %) et de transformer les banques en « institutions de la société », non pas en les nationalisant, mais en faisant nommer les conseils d'administration par les collectivités locales. Toutefois, en juin, il annonce qu'il quittera la direction du parti travailliste en 1975.

Pétrole

Sur le plan extérieur, Trygve Bratteli se rend en mars à Moscou, où il décide les dirigeants soviétiques à ouvrir à l'automne des négociations sur le partage de la mer de Barents. Le règlement de cette question faciliterait les recherches pétrolières dans la région.

Grâce aux gisements de la mer du Nord, la Norvège sera exportateur d'or noir dès 1975.

Pays-Bas

Amsterdam. 13 330 000. 325. 1,2 %.
Économie. PNB (71) 2 784. Production : G (70) 150 + A (*71) 128 + I (71) 187. Énerg. (*71) : 5 069. C.E. (71) : 38 %.
Transports. (*71) : 8 114 M pass./km, 3 233 M t/km. (*71) : 2 800 000 + 340 000.  : 4 972 000 tjb. (*71) : 6 408 M pass./km.
Information. (71) : 93 quotidiens ; tirage global : *4 100 000. (71) : 3 719 000. (71) : 3 211 000. (71) : 187 800 fauteuils ; fréquentation : 25,7 M. (71) : 3 721 000.
Santé. (70) : 15 644. Mté inf. (71) : 11.
Éducation. (69). Prim. : 1 450 647. Sec. et techn. : 1 117 020. Sup. : 211 513.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1814. Souverain : Juliana ; succède à sa mère Wilhelmine. Premier ministre : Joop Den Uyl.

Embargo

De tous les pays européens frappés par la crise pétrolière, les Pays-Bas sont celui qui est le plus durement touché. Victimes, à partir du 17 octobre 1974, d'un embargo de la part des pays producteurs d'or noir, les Néerlandais livrent pendant tout l'hiver une véritable « guerre du froid ».

Les pays arabes restent insensibles à toutes les concessions faites par le gouvernement de La Haye. Ils ne tiennent aucun compte, en particulier, de son adhésion, le 6 novembre, à la résolution des Neuf qui admet que le problème palestinien n'est pas une simple question de nature humanitaire, mais qu'il est aussi de nature politique.

Les Pays-Bas sont les premiers à décider des mesures d'interdiction de circuler le dimanche pour les automobiles. Le 12 janvier, le rationnement de l'essence est institué ; il dure jusqu'au 4 février. Chaque automobiliste a droit à 15 litres d'essence par semaine. Les partenaires européens, et en particulier la France, se montrant réticents à manifester leur solidarité, Joop Den Uyl, Premier ministre, menace de stopper les exportations de gaz naturel hollandais. La menace n'est pas mise à exécution, mais La Haye décide de développer la production de gaz à destination nationale.

L'efficacité de l'embargo est cependant limitée en raison de deux facteurs : l'industrie néerlandaise est moins dépendante que les industries française ou allemande, par exemple, des importations de pétrole ; d'autre part, l'embargo est tourné de diverses façons, et les pays non arabes, tels le Venezuela, le Nigeria ou l'Iran, ont augmenté leurs livraisons vers les Pays-Bas.

Chômage

Le sort spécial fait à la Hollande est la conséquence de la volonté de certains pays arabes, notamment l'Arabie Saoudite proaméricaine, de créer la zizanie dans le camp européen afin d'empêcher son unité. Mais la manœuvre est déjouée par les pays de la Communauté. La France, réservée au début, déplore ensuite le maintien de l'embargo, et, en juin, les Neuf donnent le feu vert pour l'ouverture du dialogue euro-arabe. Les Américains ne peuvent qu'approuver.