Sur le plan intérieur, le gouvernement de centre gauche, formé au printemps 1973 après cent soixante-huit jours de crise, consolide sa position. Cependant, malgré l'octroi, en décembre, de pouvoirs spéciaux qui lui permettent de geler les salaires jusqu'au 1er avril, il parvient difficilement à lutter à la fois contre l'inflation et un chômage en augmentation sensible.

Pologne

Varsovie. 33 070 000. 105. 0,8 %.
Économie. Production (71) : G 165 + I 193. Énerg. (*71) : 4 374.
Transports. (*71) : 37 228 M pass./km, 104 334 M t/km. (*71) : 555 600 + 274 000.  : 925 000 tjb. (*71) : 393 M pass./km.
Information. (71) : 44 quotidiens ; tirage global : 7 093 000. (71) : 5 709 000. (71) : 4 709 000. (71) : 585 700 fauteuils ; fréquentation : 140,4 M. (71) : 1 971 000.
Santé. (71) : 51 186. Mté inf. (71) : 29.
Éducation. (69). Prim. : 5 443 132. Sec. et techn. : 1 254 757. Sup. : 322 464.
Institutions. État indépendant le 10 novembre 1918. République démocratique populaire en 1947. Constitution de 1952. Chef de l'État (président du Conseil d'État) : Henrik Jablonski ; succède à Jozef Cyrankiewicz, démissionnaire, le 28 mars 1972. Président du Conseil : Piotr Jaroszewicz. Premier secrétaire du parti : Edward Gierek.

Résultats

Un taux d'accroissement de la production industrielle de plus de 11 %, des salaires augmentés, en moyenne, de 30 % en trois ans, un commerce extérieur qui a presque doublé (pour près de 50 % il se fait avec le monde occidental), des prix alimentaires bloqués, des récoltes records, un peu plus de trois ans après son accession au pouvoir, Edward Gierek aligne des résultats impressionnants.

La réforme économique, dont l'application s'étend maintenant à près de la moitié des entreprises, porte ses fruits. L'agriculture, encore à très large prédominance de l'exploitation individuelle, connaît une période exceptionnellement faste. La consommation est favorisée par l'industrie légère, par l'automobile et par la construction individuelle.

Craintes

Pourtant, les responsables de Varsovie ne peuvent s'empêcher d'éprouver quelques inquiétudes. La première a trait aux crédits obtenus à l'étranger (près de cinq milliards de dollars, dont les deux tiers dans les pays occidentaux). L'échéance du remboursement approche (début 1975) et risque de peser lourd sur l'économie.

Dès à présent, la nécessité de développer les exportations de produits alimentaires a provoqué une certaine pénurie sur le marché national. Pour la première fois depuis trois ans, les queues ont fait leur réapparition devant les boucheries et les magasins d'alimentation.

La deuxième concerne l'absentéisme, qui a pris des proportions particulièrement inquiétantes. En dépit des campagnes lancées par les autorités.

La troisième inquiétude est liée à la « tiédeur idéologique » de la population. Plusieurs sessions du Comité central du Parti polonais ont été consacrées à ce problème (qui n'est pas propre à la Pologne). Les efforts du parti en direction des jeunes, notamment, ou sur les mass media, n'ont pas donné les résultats escomptés. C'est en grande partie cet échec qui explique les remaniements du gouvernement et du secrétariat du parti, décidés en février 1974.

Durcissement

Les ministres de la Culture, Stanislaw Wronski, et de l'Agriculture, Jozef Okuniewski, sont limogés et remplacés respectivement par Jozef Tejchma et Kazimierz Barcikowski. Trois nouveaux secrétaires sont promus : Jozef Pinkowski, Wincenty Krasko et Andrzej Werblan. Le retour de ces deux dernières personnalités (écartées après l'arrivée de Gierek au pouvoir) semble indiquer un durcissement idéologique. Krasko avait longtemps été chargé des affaires culturelles au Comité central. Werblan était responsable de la science et de l'éducation et dirigeait également la revue théorique du parti : Nowe drogi.

À l'issue de la réunion plénière du Comité central du parti de février 1974, Gierek insiste sur la nécessité d'une offensive idéologique : « La priorité aux objectifs économiques ne doit pas affaiblir les tâches du parti en matière d'idéologie ; entre l'acceptation de la politique socialiste et l'assimilation de l'idéologie socialiste, il peut exister et il existe une certaine différence qui peut freiner le développement social et affaiblir la résistance à l'égard des difficultés. »