C'est dans cette atmosphère tendue que, le 4 juin, le secrétaire aux affaires publiques du Saint-Siège, Mgr Casaroli, débarquait à Madrid, où il s'était déjà rendu le 1er novembre précédent. Les visites du prélat ont pour objet l'élaboration d'un nouveau concordat, l'actuel (qui remonte à 1953) étant ressenti par l'Église comme un assujettissement de plus en plus lourd au régime franquiste.

Dressant le bilan des premiers mois de gouvernement d'Arias Navarro, la presse espagnole le qualifiait de « marqué par la confusion en toutes choses, sauf dans le maintien de l'ordre public ».

Ultras

Il est certain que la composition du cabinet désigné le 4 janvier, après la disparition de l'amiral Carrero Blanco, marque un net coup de barre à droite. La principale victime du remaniement ministériel a été Lopez Rodo, ministre des Affaires étrangères depuis six mois, après avoir détenu pendant dix ans le portefeuille de l'Économie. Le départ de cet ami du prince Juan Carlos, membre de l'Opus Dei, marque la fin de la longue période d'influence de la célèbre compagnie. Sans que l'on puisse le considérer plus favorable que son prédécesseur à une tendance quelconque, le gouvernement Arias se situe, sans nul doute, dans le sens d'une consolidation des institutions.

Aussi, certains ultras commencent-ils à relever la tête, persuadés que, leur disgrâce touchant à sa fin, « l'heure des caudillos et des guerriers a sonné », comme le prétend Blas Pinar, conseiller national du mouvement, qui, après avoir critiqué la politique du nouveau gouvernement (qu'il qualifie d'« ouverture sur la subversion »), affirme qu'il « faut reconnaître que la guerre [civile] est loin d'avoir pris fin ».

Mais, plus que de ces combats d'arrière-garde, la population espagnole s'inquiète de la montée du coût de la vie : 2,17 % au mois de mars, 2,19 % en avril, ce qui donne à penser que l'on peut s'attendre à une hausse des prix de 20 % pour 1974. Le gouvernement a bien relevé le salaire minimal journalier, qui passe à 225 pesetas (18 francs), mais ce rajustement apparaît bien insuffisant.

D'autant plus que, le 22 janvier, les autorités monétaires de Madrid ont décidé de laisser flotter la peseta. On estimait que cette mesure correspondait à une dévaluation de l'ordre de 6 à 7 %. Une note du ministère des Finances expliquait : « La peseta a été, depuis le milieu du mois de juillet 1973, réévaluée face à l'ensemble de la Communauté européenne de 18,9 %, réévaluation seulement dépassée par le mark allemand et le franc suisse. » Enfin, le déficit commercial a augmenté de 35 % l'an passé.

Économie

Cependant l'OCDE envisage la situation économique espagnole avec un certain optimisme. Dans son rapport annuel, l'organisation internationale estime qu'en dépit de la hausse des prix du pétrole le pays ne devrait pas connaître en 1974 de problèmes de balance de paiements aussi graves que ceux que connaîtront vraisemblablement un certain nombre d'autres pays.

Le gouvernement demeure très prudent dans le maniement des mesures destinées à combattre les effets déflationnistes de la crise actuelle. Il craint d'augmenter la masse du nombre des chômeurs, qui ne représente pour le moment que 156 000 individus, soit 1,2 % à peine de la population active.

Il hésite également à réformer le système fiscal, qui repose essentiellement sur l'impôt indirect (65 % des recettes fiscales). La réorganisation de l'imposition directe, outre les aspects économiques, poserait des problèmes sociaux et politiques.

Et cela, le gouvernement espagnol ne le veut surtout pas.

Finlande

Helsinki. 4 680 000. 14. 0,4 %.
Économie. PNB (71) 2 436. Production : G (70) 147 + A (*71) 112 + I (71) 164. Énerg. (*71) : 4 334. C.E. (71) : 21 %.
Transports. (*71) : 2 349 M pass./km, 5 759 M t/km. (*71) : 752 900 + 121 900.  : 1 630 000 tjb. (*71) : 568 M pass./km.
Information. (71) : 65 quotidiens. (71) : 1 792 000. (71) : 1 076 000. (71) : 100 900 fauteuils ; fréquentation : 13,7 M. (71) : 1 290 000.
Santé. (71) : 5 112. Mté inf. (71) : 12.
Éducation. (69). Prim. : 393 942. Sec. et techn. : 497 535. Sup. : 58 444.
Institutions. République indépendante proclamée le 6 décembre 1917. Constitution de 1919. Une réforme constitutionnelle est en préparation. Président de la République : Dr Urho Kekkonen ; une loi spéciale, du 18 janvier 1973, proroge de quatre ans le 3e mandat présidentiel. Premier ministre Kalevi Sorsa.

France

Paris. 51 700 000. 94. 0,9 %.
Économie. PNB (70) 2 901. Production : G (70) 148 + A (*71) 127 + I (71) 160. Énerg. (*71) : 3 928. C.E. (70) : 12 %.
Transports. (*71) : 41 100 M pass./km, 67 000 M t/km. (*71) : 13 400 000 + 2 921 000.  : 7 420 000 tjb. (*71) : 10 714 M pass./km.
Information. (69) : 106 quotidiens ; tirage global : 11 957 000. (71) : 16 025 000. (71) : 11 655 000. (71) : 2 012 000 fauteuils ; fréquentation : 176,9 M. (71) : 9 546 000.
Santé. (70) : 68 000. Mté inf. (71) : 14.
Éducation. (69). Prim. : 5 019 837. Sec. et techn. : 4 106 647. Sup. : 615 326.
Institutions. République. Constitution du 4 octobre 1958. Président de la République : Valéry Giscard d'Estaing, élu le 19 mai 1974 ; succède à Georges Pompidou décédé. Premier ministre : Jacques Chirac.

Grande-Bretagne

Londres. 55 790 000. 228. 0,4 %.
Économie. PNB (71) 2 412. Production : G (71) 124 + A (*71) 122 + I (71) 125. Énerg. (*71) : 5 507. C.E. (71) : 16 %.
Transports. (*71) : 30 129 M pass./km, 24 443 M t/km. (*71) : 12 516 500 + 1 760 400.  : 28 625 000 tjb. (*71) : 18 275 M pass./km.
Information. (66) : 106 quotidiens ; tirage global : 26 700 000. (70) : 18 390 000. (71) : 16 569 000. (71) : 1 381 300 fauteuils ; fréquentation : 176 M. (71) : 16 543 000.
Santé. (71) : 72 923. Mté inf. (71) : 18.
Éducation. (69). Prim. : 5 835 093. Sec. et techn. : *3 950 000. Sup. : 417 736.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution : charte de 1215, complétée par plusieurs lois fondamentales. Souverain : Elisabeth II ; succède à son père George VI, décédé. Premier ministre : Harold Wilson.

Le système britannique semble bloqué

Il fallut attendre l'aube tant la lutte fut serrée. Mais alors, avant la fin du dépouillement des quelques quarante millions de bulletins de vote, le résultat était évident : Edward Heath avait perdu son pari du 28 février 1974. Ayant remis en jeu son mandat de Premier ministre huit mois avant l'échéance, le leader conservateur n'avait pas obtenu le vote de confiance qu'il sollicitait du pays. Les travaillistes ne l'emportaient pas pour autant. Cette fois, le système électoral britannique (majoritaire à un tour) n'avait pas rempli sa fonction : il n'avait pas permis de dégager un vainqueur incontestable.