La consultation, fixée au 4 décembre, s'est traduite par l'affaiblissement très net des formations traditionnelles, de droite comme de gauche, et l'émergence spectaculaire de mouvements nouveaux : c'est le cas en particulier du parti du progrès, fondé par un avocat pittoresque, Mogens Glistrup, partisan de l'abolition progressive de l'impôt sur le revenu et de la suppression de l'armée et des fonctionnaires. C'est le cas aussi du centre démocratique créé à la veille du scrutin par Erhard Jacobsen et qui réussit la performance de conquérir 14 sièges. Il est piquant de noter qu'en juin le Parlement a voté la levée de l'immunité parlementaire de M. Glistrup pour fraude fiscale.

Au total, cinq partis font leur entrée au Folketing, dont trois pour la première fois : il s'agit, outre le parti du progrès (28 sièges) et celui du centre démocratique, du parti chrétien populaire (7 sièges), des communistes (6 sièges) et des géorgistes (5 sièges).

Le parti chrétien populaire, fondé en 1970, s'est fait le défenseur des valeurs spirituelles et familiales traditionnelles. Le parti des géorgistes est un très vieux parti, puisqu'il a été créé en 1919 ; il se réclame des théories de l'économiste américain Henry George. Quant aux communistes, ils n'avaient pas été représentés au Parlement depuis treize ans.

Toutes les autres formations subissent des pertes, parfois considérables comme pour le parti social-démocrate, qui ne recueille plus que le quart des suffrages et voit le nombre de ses députés fondre d'un tiers. Les positions des trois partis bourgeois sont, elles aussi, entamées, surtout celles des conservateurs. Les socialistes du peuple, situés à gauche des travaillistes, n'échappent pas à la désaffection générale pour les partis traditionnels.

Déficit

En dépit de sa défaite, Anjer Joergensen préside, le 15 décembre 1973, le sommet des Neuf à Copenhague. Le 20, Poul Hartling, président du parti libéral, impuissant à former une coalition bourgeoise, décide de constituer un gouvernement libéral nettement minoritaire : il ne dispose de l'appui assuré que de 22 députés sur 179. La dégradation de la situation économique (7 milliards de couronnes de déficit prévus pour la balance commerciale) contraint le nouveau gouvernement à prendre, en mai, de sévères mesures pour limiter les importations.

Espagne

Madrid. 34 490 000. 68. 1,1 %.
Économie. PNB (71) 1 081. Production (71) : G 162 + A *117 + I 213. Énerg. (*71) : 1 614. C.E. (71) : 8 %.
Transports. (*71) : 13 533 M pass./km, 9 103 M t/km. (*71) : 2 784 700 + 793 000.  : 4 300 000 tjb. (*71) : 5 046 M pass./km.
Information. (71) : 115 quotidiens ; tirage global : 3 396 000. (71) : *7 174 000. (71) : *4 520 000. (71) : 4 524 000 fauteuils ; fréquentation : 293,8 M. (71) : 5 129 000.
Santé. (70) : 45 335. Mté inf. (70) : 28.
Éducation. (69). Prim. : 3 789 135. Sec. et techn. : 1 766 488. Sup. : 194 515.
Institutions. Des lois fondamentales tiennent lieu de Constitution. Monarchie dotée d'un conseil de régence, instituée par la loi de succession de 1947. Chef de l'État à vie : général Francisco Franco. Successeur désigné le 22 juillet 1969 : le prince don Juan Carlos, qui portera le titre de roi. Premier ministre : Carlos Arias Navarro ; succède, le 29 décembre 1973, à l'amiral Luis Carrero Blanco, assassiné le 20 décembre 1973.

L'après-franquisme s'élabore lentement

Le 15 juin 1974, le général Manuel Diez Alegria a été remplacé à la tête du haut état-major espagnol par le général Carlos Fernandez Vallespin.

Bien que parvenu au sommet de la hiérarchie, le général Diez Alegria était un militaire peu conformiste. Avocat et ingénieur, frère d'un prêtre de gauche, auteur d'un livre (Armée et société) dans lequel il préconisait la neutralité politique de l'armée, grand voyageur et honni des ultras, il avait une réputation de libéral. Aussi, depuis le coup d'État de Lisbonne, recevait-il dans son courrier de nombreux monocles. Allusion transparente.

Cette destitution est un épisode du jeu d'équilibre pratiqué tout au long de son règne par Franco, qui avait relevé de ses fonctions, le mois précédent, le général Carlos Iniesta Cano, directeur de la garde civile et connu pour ses opinions d'extrême droite.

Attentat

Les deux chefs militaires s'étaient heurtés le 21 décembre 1973, au lendemain de l'assassinat de l'amiral Carrero Blanco ; Diez Alegria s'était opposé aux projets de représailles des ultras, amis d'Iniesta Cano.