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Énergie
Le recul du charbon se confirme
Le ralentissement de la croissance de la consommation française d'énergie, déjà noté en 1965, s'est poursuivi l'an dernier et au cours des premiers mois de 1967.
Les conditions climatiques favorables expliquent, pour une part, cette évolution. Mais le ralentissement de l'expansion en constitue la véritable cause.
D'une façon plus générale, le marché français de l'énergie — comme celui des autres pays européens — connaît depuis plusieurs années une transformation rapide. L'accroissement des capacités des moyens de transport maritimes (qui a entraîné une diminution fort sensible des frets), la découverte d'importantes réserves de pétrole et de gaz naturel ont eu pour conséquence l'abaissement du coût de revient des produits pétroliers, et le charbon national a subi sans pouvoir y résister l'assaut de cette concurrence.
Une situation difficile
Depuis 1965, le charbon a perdu sa place de premier fournisseur d'énergie en France. Ainsi, en 1966, le pétrole a fourni 45 % de la demande totale d'énergie (176,5 millions de tonnes d'équivalent charbon) contre 36 % en 1963, devançant le charbon, lequel a représenté 36 % en 1966 contre 47,4 % trois ans auparavant (et 65 % il y a une dizaine d'années).
Cette transformation profonde pose aux pouvoirs publics des problèmes d'ordre économique (subvention aux charbonnages) et d'ordre social et régional (les mines emploient 200 000 travailleurs et, seules activités industrielles dans de vastes zones géographiques, elles ne peuvent plus assurer l'emploi des jeunes).
La politique française de l'énergie a encore été marquée ces trois dernières années par la mise en place d'une politique de diversification des sources d'approvisionnement en pétrole et la découverte d'importantes réserves de gaz naturel en Europe (Pays-Bas et mer du Nord).
L'ERAP (Entreprise de recherches et d'activités pétrolières) — qui regroupe depuis deux ans les différentes sociétés pétrolières à capitaux d'État — a créé au début de 1967, avec les compagnies pétrolières du Marché commun, indépendantes des groupes internationaux, une association — Deminex — qui pourrait être le premier jalon d'une politique pétrolière commune aux Six.
Le charbon
La consommation française de charbon s'est élevée à 64 millions de tonnes en 1966, en diminution de 7 % par rapport à 1965. Le recul de la demande — notée depuis six ou sept ans — s'est confirmé ; il concerne tous les secteurs (sauf l'Électricité de France). Dans l'industrie, notamment, l'écart, en faveur du fuel, des prix d'investissement et du coût d'exploitation limite de plus en plus la zone où le charbon demeure compétitif.
La production nationale de houille s'est établie à 52,9 millions de tonnes, en diminution d'un million de tonnes par rapport à 1965, conformément au rythme annuel de repli prévu par le Ve plan (le bassin du Nord a fourni la moitié de l'extraction totale et celui de la Lorraine environ 28 %).
D'ici à la fin du Ve plan, le recul de la production houillère (objectif : 48 millions de tonnes) se poursuivra. La fermeture du bassin de la Loire, notamment (2,2 millions de tonnes en 1965), pourrait être décidée au cours des prochaines années.
Le rendement de fond par homme et par jour (2 140 kg) a progressé de 3 % en raison de l'augmentation sensible de l'abattage des mineurs en Lorraine. Le gouvernement, qui a accordé 775 millions de francs de subventions aux Charbonnages de France en 1966, leur versera plus de 1 200 millions en 1967 et 1 500 millions l'an prochain.
En dépit de la réduction des importations — 15,9 millions de tonnes en 1966 contre 17 millions de tonnes en 1965 — et du maintien des exportations de l'ordre de 1 million de tonnes, les stocks sur les carreaux de mines (dans le Nord, le Pas-de-Calais, en Lorraine et dans les Cévennes notamment) se sont accrus de 3,3 millions de tonnes l'an dernier, pour atteindre 12 millions.
Afin de limiter l'accumulation du charbon stocké sur le carreau des mines, les mineurs des différents bassins ont chômé plusieurs jours depuis le début de 1967.