Deux modes de transports continuent à progresser à grande allure : les transports aériens intérieurs, ou internationaux, les transports routiers.

Le succès d'Air Inter a été presque immédiat et reste impressionnant. Depuis 1961, date de la seconde naissance de la compagnie, l'offre s'essouffle à suivre la demande. En 1966, Air Inter a atteint et dépassé le million de passagers transportés. Son trafic a augmenté entre 1965 et 1966 de 50 %. Pendant ce temps, celui des deux compagnies françaises internationales progressait de 16 à 26 %. Air France, à l'image d'ailleurs de la plupart de ses concurrentes internationales, a, pour la première fois depuis de nombreuses années, réalisé en 1966 des bénéfices.

On retrouve un dynamisme comparable sur la route. Le nombre des automobiles individuelles a augmenté de 12 % entre 1965 et 1966. Les transporteurs routiers ont vu leur trafic progresser à un rythme comparable.

Résorber le déficit

Les chemins de fer ont enregistré un léger repli de leur trafic marchandises, tandis que leur trafic voyageurs piétinait. La RATP, de son côté, gagnait d'une année à l'autre moins de 5 000 voyageurs.

La concurrence est un stimulant. Les efforts de modernisation de la SNCF ou de la RATP le montrent ; modernisation du matériel, mais aussi et surtout de l'exploitation. La SNCF poursuit le regroupement de ses services d'expédition de colis de détail, et étudie la suppression de lignes déficitaires.

Le problème vient de ce que les entreprises de transport les plus menacées sont des entreprises nationales. Les pouvoirs publics se trouvent donc directement concernés par leur évolution, indirectement par celle de l'ensemble du marché des transports.

Ils ont d'abord un intérêt immédiat à essayer de résorber le déficit croissant des sociétés nationales. Les progrès des nouvelles techniques de transport leur imposent, d'autre part, des investissements très importants. Ils doivent construire de nouveaux ports pour les bateaux géants, de nouveaux aéroports pour les avions supersoniques, de nouvelles autoroutes. En 1967, les pouvoirs publics ont pris des mesures pour redresser les tarifs : augmentation des tarifs marchandises de la SNCF de 5,85 % en juin, des tarifs banlieue de 30 % en juillet et des tarifs grandes lignes de voyageurs de 5 % en octobre, tandis que les tarifs de la RATP étaient relevés de 60 % en juillet.

Distribution

Le commerce se modernise lentement

La distribution évolue vite en France. Le signe le plus visible de cette transformation est l'ouverture de nombreux supermarchés : 110 en 1966, probablement 135 en 1967 si tous les projets connus se réalisent.

Il y avait 673 supermarchés ouverts au début de 1967. Il y en aura 810 au début de 1968 et probablement 1 200 en 1970. Un autre signe de l'évolution du commerce est l'adoption par de nombreux établissements du système de vente en libre-service. Chaque année, environ 1 000 commerces se créent ou adoptent le libre-service, et l'on prévoit qu'en 1970 plus de 25 % des ventes au détail de produits alimentaires seront assurées par ce système.

Le grand commerce

Ce sont surtout les formes concentrées du commerce qui sont à la base de cette évolution. Ainsi, en 1967, les maisons à succursales multiples doivent entrer pour 38,4 % dans les créations de supermarchés, les chaînes volontaires pour 29,2 %, les magasins populaires pour 13,9 %, les coopératives de consommation pour 6,6 %. En d'autres termes, on peut dire que 9 supermarchés sur 10 seront ouverts en 1967 par le grand commerce.

Cependant, malgré la nette modernisation de nos structures commerciales, la distribution de la majeure partie des produits de consommation est encore assurée par les indépendants. Dans trois ans, le commerce concentré (grands magasins, magasins populaires, sociétés à succursales multiples, coopératives de consommation, discounts) réalisera seulement le quart du chiffre d'affaires de la profession. Cette proportion marquera cependant une forte progression par rapport à 1962, où le commerce concentre représentait 16 % du chiffre d'affaires de la profession.