Auparavant, face à Renault, entreprise nationale, et à Simca, passée sous le contrôle de Chrysler en 1963, Citroën et Peugeot avaient durant un temps songé à s'entendre. Mais la tentative d'accord entre les deux firmes avait finalement échoué.

Quelques mois plus tard, le 2 mai 1967, Citroën concluait un nouvel accord avec la firme allemande NSU ; la création de la Compagnie européenne de construction de moteurs automobiles pour le lancement sur le marché d'une voiture à piston rotatif était décidée.

Avec les Soviétiques

Autre événement marquant de l'année : la venue des pays de l'Est à la civilisation de l'automobile allait permettre à la Régie Renault de réaliser d'importants contrats.

Les plus considérables furent conclus par Pierre Dreyfus avec les dirigeants soviétiques Renault apporte à l'URSS une coopération technique et industrielle devant permettre à celle-ci de développer son industrie automobile sur une grande échelle, avec notamment la modernisation des usines produisant près de Moscou les automobiles Moskvitch.

Renault réalisera en particulier deux chaînes de carrosseries. Le montant du contrat atteint 500 millions de francs.

Ces accords sont fondamentalement différents de ceux qui ont été conclus par Renault avec d'autres pays de l'Est, comme la Bulgarie ou la Roumanie : dans ces pays, en effet, la Régie construira des usines qui monteront des modèles Renault, comme elle le fait déjà dans vingt pays dans le monde.

Ce ne sont pas seulement les constructeurs français qui installent des usines à l'étranger. À la fin de 1966, la General Motors annonçait la réalisation prochaine à Strasbourg d'une usine produisant des boîtes de vitesse pour ses filiales Opel et Vauxhall.

Les deux-roues

1 160 000 cyclomoteurs (équipés d'un moteur ne dépassant pas 50 cm3) ont été produits en 1966 par les constructeurs français. L'augmentation de la production (+ 4 % par rapport à 1965) provient surtout de la vive hausse des exportations, qui ont progressé de 40 % : sur trois cyclomoteurs fabriqués en France, un a été exporté.

Dans cette catégorie des deux-roues, la production française représente environ 40 % de la production mondiale.

La place de l'automobile dans la vie économique du pays

Avec un chiffre d'affaires annuel de 18 milliards de francs, la construction automobile est la première activité industrielle du pays.

L'automobile rapporte chaque année à l'État plus de 15 % de ses ressources fiscales.

Le chiffre d'affaires des entreprises de réparation et d'entretien de l'automobile atteint 13 milliards de francs.

L'automobile joue un rôle moteur dans l'activité de nombreux secteurs industriels : la sidérurgie (21 % des tôles minces et la moitié des aciers fins et spéciaux sont utilisés dans la construction automobile), les métaux non ferreux (la moitié des pièces moulées en aluminium), l'industrie du caoutchouc, la moitié de la production du verre et de la glace.

Elle utilise le cinquième du parc français de machines-outils.

En exportant 40 % de sa production, l'industrie automobile représente 8 % du total des exportations françaises.

310 700 personnes sont employées dans l'industrie automobile et des cycles, mais un nombre beaucoup plus important travaillent chez ses sous-traitants ou dans le commerce et la réparation automobile.

Au total, on estime que 1 400 000 personnes travaillent, directement ou indirectement, pour l'automobile, soit environ 7 % du nombre de personnes actives du pays.

Aéronautique

La réorganisation s'amorce

Les industries aéronautique et spatiale françaises ont connu, au cours des années 1966-67, une période de transition délicate.

Face à la pression de la concurrence américaine et au sein d'une conjoncture européenne difficile, nos industries aérospatiales ont dû opérer des choix importants dans le domaine de la production, renforcer la politique de coopération internationale, notamment avec la Grande-Bretagne, et amorcer un mouvement de restructuration.

Le plan de réorganisation préconisé par les pouvoirs publics à la fin de 1966 visait à spécialiser les entreprises dépendant de l'État, en opérant des transferts d'activité entre elles, Sud-Aviation se consacrant à la construction des cellules et Nord-Aviation à celle des engins. En outre, la SEREB (Société pour l'étude et la réalisation d'engins balistiques) devait voir ses responsabilités limitées à celles d'un architecte industriel. Devant l'ampleur des réactions des syndicats et des milieux professionnels, le gouvernement s'est contenté, au début de 1967, de remplacer, à la tête de Sud-Aviation, le général Puget par Maurice Papon, ancien préfet de police ; à celle de Nord-Aviation, Jean Cahen-Salvador par le général Crépin. La mise en place du plan de réorganisation devait s'étaler sur un an.