Quant aux détaillants indépendants, ils n'assureront plus que la moitié du chiffre d'affaires de la profession en 1970, contre 70 % en 1962. En revanche, les indépendants organisés au sein de chaînes volontaires (les détaillants y sont liés à un grossiste) ou de groupements d'achats (le grossiste disparaît dans cette formule) vont accroître de façon très importante leur part sur le marché, qui sera de 25 % en 1970 contre 13 % en 1962.

Accords de regroupement

Ce mouvement de concentration n'empêche pas le nombre des établissements commerciaux d'augmenter. Si, en effet, 164 800 établissements ont disparu entre 1962 et 1966, 185 770 ont été créés pendant cette même période. Le solde des créations-disparitions avait été négatif jusqu'en 1960. Mais il est devenu positif depuis (4 300 en 1966), sous l'effet conjugué de l'expansion démographique et de l'augmentation du pouvoir d'achat des différentes catégories sociales. Ces deux facteurs permettent que se créent et se développent des établissements à petites surfaces très spécialisées (loisirs, sports, mode) ou que subsistent des boutiques qui ont souvent l'avantage d'être situées plus près des lieux d'habitation que les supermarchés.

Le commerce n'échappe pas au mouvement de regroupement que connaît l'industrie. En 1966, 26 accords ont été signés : 15 concernent des fusions-absorptions, 2 des prises de participation, et 12 des accords de portée limitée. Les principaux regroupements ont été :
– dans le négoce des vins : Préfontaines-Postillon, d'une part ; Margnat-Société des vins de France (Kiravi-Valpierre), d'autre part.
– commerce de gros d'alimentation : fusion Disco-Lambolez.
– succursalisme constitution du conseil supérieur Gro.
– commerce associé : adhésion de Ucodaf à Unico.

Les principaux accords de portée limitée sont :
– succursalisme : constitution de Niprim par Nicolas et Primistère. Association Docks de France et Établissement français.
– Entre formes différentes de commerce : adhésion du Gagmi à l'accord Una-Bon Marché. Constitution de la Socadip par Berthier-Saveco, Baud, Garco, Viniprix, la Beaujolaise. Constitution de la Sogara par Carrefour et Guyenne-Gascogne.

Les sociétés étrangères ont jusqu'ici très peu pénétré le commerce français. Seul le groupe canadien Weston a pris en 1963 le contrôle de la société des entrepôts Dubuffet. Depuis, aucune installation n'a été signalée. Mais on attend l'ouverture de plusieurs supermarchés par la société des supermarchés Montréal, dont 40 % du capital appartiennent à la société canadienne Steinberg.

Coup de frein aux achats

La progression du chiffre d'affaires du commerce de détail s'est nettement ralentie depuis 1964. Le plan de stabilisation lancé à la fin de 1963 a profondément modifié le comportement des consommateurs : le ralentissement de la hausse des prix, une augmentation plus faible des revenus ont incité les consommateurs à freiner leurs achats.

À ces facteurs s'ajoute un niveau d'équipement en biens durables qui, dans certains secteurs, est proche de la saturation. La tendance est à une progression plus rapide de l'épargne des particuliers, en partie pour satisfaire les besoins de logements.

Cependant, la consommation progresse au rythme annuel moyen de 4 %, même si des à-coups réguliers donnent à la courbe une allure en dents de scie. Ce changement de comportement est ressenti par le commerce. Le chiffre d'affaires des grands magasins ne progresse plus que de 3 à 4 % par an, contre plus de 10 % avant 1964.

Agriculture

Le revenu a progressé d'environ 5 %

Un calendrier et des chiffres : il est difficile de résumer de façon différente la situation de l'agriculture française.

Pour nul autre secteur de l'économie française, les perspectives ouvertes par la réalisation du Marché commun n'ont pesé d'un plus grand poids au cours des dernières années. La crise européenne du 30 juin 1965 a ainsi été vivement ressentie dans les milieux agricoles.

La mise en œuvre de la politique agricole commune s'exprime dans un échéancier rigoureux : en juillet 1967, la libération des échanges entre les Six et l'adoption de prix communs sont intervenues pour les céréales et certains produits obtenus par leur transformation (viande porcine, œufs et volailles). Les autres dates importantes sont le 1er avril 1968 (marché commun des produits laitiers et de la viande bovine), juillet 1968 où s'appliquera le prix commun du sucre. De nombreux règlements sont encore à compléter, mais d'ores et déjà la machine communautaire est en marche.

Le géant de l'Europe verte

La France apparaît comme le géant de l'Europe verte. Presque la moitié du territoire agricole des Six (46,5 %) est français, 28,4 % de la terre agricole de la Communauté sont en Italie, 19,4 % en Allemagne et 5,7 % dans le Benelux.