surmoi

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Trad. de l'allemand, Über-Ich (n. neutre), « sur-moi ».

Psychanalyse

Instance psychique à laquelle sont attribuées « l'auto-observation, la conscience morale et la fonction d'idéal »(1). Le surmoi, la « grosse voix », signifie toutes les répressions, acquises au cours de l'éducation.

Construisant l'instance du moi, Freud lui adjoint une instance qui « observe sans cesse le moi et le mesure à l'idéal »(2). Conscience morale, elle est responsable de l'introspection, de l'autocritique, de la censure du rêve et des délires d'observation. Comme le montrent deuil et mélancolie, elle prend le moi pour objet et le juge avec férocité, ce qui est éprouvé comme culpabilité et peut conduire au suicide.

Le « surmoi » (1923) s'instaure avec le déclin du complexe d'Œdipe : les amours passionnelles pour les deux parents, atténuées, sont pour partie remplacées par des identifications. Elles héritent de la toute-puissance attribuée par l'enfant aux figures parentales. Elles imposent des interdits contradictoires (« tu ne dois pas et tu dois être comme ton père », par exemple) et certains idéaux rudimentaires liés au surmoi des parents. Sous l'influence des figures d'autorité, le surmoi s'enrichit des valeurs sociales et culturelles. Dans une masse, le guide incarne le surmoi, permet l'identification des moi entre eux et soulage leur culpabilité.

Soumis à la dynamique des pulsions de vie et de mort, le surmoi peut devenir une « pure culture de pulsion de mort »(3). Sa genèse implique la dimension paradoxale de « ce qu'il y a de supérieur en l'homme »(4), la morale, et sa dangerosité pour les individus et les collectivités : « Quand le moi souffre de l'agression du surmoi ou même succombe, son destin fait pendant à celui des protistes qui périssent du fait des produits de décomposition qu'ils ont eux-mêmes fabriqués. Un semblable produit de décomposition, au sens économique, telle nous apparaît la morale à l'œuvre dans le surmoi.(5) »

Christian Michel et Michèle Porte

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Freud, S., Neue Folge der Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse (1932), G.W. XV, « Nouvelles conférences sur la psychanalyse », Gallimard, Idées, Paris, p. 90.
  • 2 ↑ Freud, S., Zur Einführung des Narzismuss (1914), G.W.X, « Pour introduire le narcissisme », in la Vie sexuelle, PUF, Paris, p. 99.
  • 3 ↑ Freud, S., Das Ich und das Es (1923), G.W. XIII, « Le moi et le ça », in Essais de psychanalyse, Payot, Paris, p. 268.
  • 4 ↑ Ibid., p. 248.
  • 5 ↑ Ibid., p. 272.

→ ça, censure, conscience, culpabilité, Œdipe, guide, idéal, identification, inconscient, masses (psychologie des), mélancolie, moi, narcissisme, pulsion, refoulement, sado-masochisme, topique, trait d'esprit