identification
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin identificare : idem, « même », facere, « faire ». En allemand : Identifizierung.
Psychanalyse
Processus inconscient qui constitue et modifie le psychisme en le rendant semblable aux éléments du monde extérieur qu'il assimile, de façon partielle ou globale.
L'identification est illustrée par de nombreuses créations mythologiques et littéraires de l'humanité, puisqu'elle participe à toute la vie psychique et constitue des modes de relation au monde et aux autres. La création de l'homme à l'image de Dieu trahirait un sens « centrifuge » de l'identification (le sujet identifie l'autre à sa propre personne) ; quand Mercure prend les traits de Sosie, il réalise une opération réflexive (le sujet identifie sa personne propre à une autre) plus proche du sens psychanalytique ; identifier, c'est aussi connaître et reconnaître le monde et les autres – un trait sur le corps de l'enfant trouvé indique son appartenance à la généalogie royale, son identité.
Chez Freud, le terme désigne d'abord le vœu d'« être comme » et un mécanisme du rêve qui figure la relation de similitude entre représentations(1). Une signification plus technique paraît avec l'identification hystérique, qui exprime par un trait symptomatique le vœu inconscient d'une communauté avec une autre personne. Ensuite, les identifications secondaires sont conçues comme l'élaboration psychique des relations perdues avec des personnes ou des objets, tandis que l'identification primaire postule un processus d'inscription de tout nouveau-né dans sa famille et sa culture, avant toute différenciation du « je » et du « non-je ».
Freud n'a pas exploré tous les mécanismes intimes des identifications et exprima en 1932 son insatisfaction quant aux résultats obtenus(2). Après lui, l'extension du concept a varié, notamment à cause de l'éventail des modalités que l'identification comporte – du mimétisme animal à la création d'idéaux chez les humains. Les théories biologiques et mathématiques modernes montrent que les identifications relèvent de la fonction d'aliénation du système nerveux qui « permet à un être vivant d'être (sémantiquement, imaginairement) autre chose que son être spatial »(3). Ces théories rendent intelligibles certaines identifications qui néanmoins relèvent toujours du domaine de la recherche.
Mauricio Fernandez
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Freud, S., Die Traumdeutung, 1900, G. W. II-III 325, l'Interprétation des rêves, PUF, Paris, 1967.
- 2 ↑ Freud, S., Neue Folge der Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse, 1932, G. W. XV, Nouvelles Conférences sur la psychanalyse, Gallimard, Paris, 1984.
- 3 ↑ Thom, R., Stabilité structurelle et morphogenèse, InterÉditions, Paris, 1977, p. 298.
→ hystérie, mélancolie, moi