bien

ÉCONOMIE

La notion de bien économique est une notion assez large : est considéré comme bien économique tout bien produit destiné à satisfaire un besoin. Tous les biens économiques ont donc un coût de production et un prix.

Diversité des biens

Il existe plusieurs types de biens : les biens corporels ou matériels (maison, stock de matières premières, véhicule) et les biens incorporels (brevet, créance, droits d'auteur). Suivant leur destination, on considère les biens de production ou biens de capital (ils servent à produire d'autres biens et de services : immeubles, machines, équipements) et les biens de consommation, qui sont destinés à l'usage des individus. Ces derniers se divisent en biens non durables (détruits immédiatement après usage : aliments, médicaments), biens semi-durables (ceux qui se dégradent par un usage régulier, comme les vêtements) et biens durables (dont l'usage s'étend sur une longue période : une maison par exemple).

Les théoriciens du libéralisme économique distinguent deux grandes catégories de biens : les biens privés – leur production et leur consommation sont individualisables – et les biens collectifs, dont la production ou la consommation ne sont pas privatisables.

Les biens économiques privés

Tout bien dont l'allocation (correspondance entre la production et la consommation) est assurée par le marché est considéré comme un bien privé. C'est donc le cas de la majorité des biens que nous consommons (nourriture, électroménager, habillement, etc.). Ces biens sont analysés par la microéconomie. L’analyse se résume par celle de l'offre (production), de la demande (consommation) et de la formation des prix (confrontation entre l'offre et la demande). Les biens sont produits en fonction des coûts et des techniques de production, ils sont achetés en fonction de leur prix et du revenu des ménages. Leur prix varie en fonction du rapport entre l'offre et la demande et, à l'équilibre, il égalise offre et demande. Il existe certains biens dont l'offre et la demande ne dépendent pas exclusivement des prix. L’analyse microénomique permet d’étudier ces variations.

Biens capitaux

Un bien capital est un bien dont la durée de vie dépasse une période. Il s'agit surtout des machines et outils nécessaires à la production. Pour appréhender le prix d'un bien capital, il faut donc dépasser la notion d'offre et de demande. Son prix sera égal à la valeur actualisée des « services » qu'il rend pendant toute sa durée de vie.

Biens inférieurs, biens normaux et biens supérieurs

Cette classification élaborée par l’économiste allemand Ernst Engel (1821-1896) résulte de l’analyse des variations de la demande en un bien en fonction du niveau des revenus.

Les biens inférieurs se caractérisent par la relation suivante : leur demande baisse quand le revenu augmente. En fait, cela résulte du comportement de consommation du ménage. Lorsque son revenu augmente, le ménage augmente sa consommation et modifie la composition de son panier de biens. Un revenu supérieur lui permettra d'accéder à des biens mieux considérés s'ils répondent aux mêmes besoins. C'est le cas de la margarine et du beurre. La margarine est un bien dit inférieur dont la demande baisse au profit du beurre quand le revenu augmente.

La demande peut aussi augmenter moins ou aussi vite que le revenu ; il s'agit alors de biens normaux (c’est le cas de l’habillement par exemple).

Enfin, lorsque la demande évolue plus vite que le revenu, on parle de biens supérieurs (c’est le cas des biens culturels par exemple).

Biens substituables et biens complémentaires

La notion de substitution indique que deux biens répondent globalement aux mêmes besoins de consommation ; c'est le cas du thé et du café. Dans le cas de biens substituables, la variation de la demande d'un bien ne provient pas seulement de ses variations de prix mais aussi de celles des biens que l'on peut lui substituer. Une forte augmentation du prix du café entraîne une augmentation de la demande de thé. C'est l'effet de substitution.

Les biens complémentaires se consomment en revanche conjointement : le café et le sucre, par exemple. Si le prix du café augmente, sa consommation va diminuer et entraîner une baisse de la demande de sucre.

Biens « Giffen »

Les biens dits « Giffen », du nom de l’économiste anglais Robert Giffen (1837-1910), sont des biens inférieurs qui ne connaissent pas l'effet de substitution. Quand leur prix augmente, leur consommation aussi. C'est le cas d'un bien que le ménage considérera comme vital ; il préférera baisser sa consommation d'autres biens qui lui semblent moins importants – on parle aussi d’« effet Giffen ».

Les biens économiques collectifs

Dans les pays à économie de marché, le marché assigne à l'État le rôle de favoriser la concurrence en neutralisant tout ce qui peut l'affaiblir. Mais, par définition, l'État démocratique doit aussi garantir l'intérêt collectif, celui de l'ensemble des citoyens. Le décalage entre les multiples missions de l'État et les exigences du marché est la source première des limites de ce dernier.

Un certain nombre de biens ne font pas l'objet d'un usage privatif, car leur consommation n'entraîne pas leur appropriation individuelle. Ce sont donc des biens collectifs, qui présentent deux particularités :
– la consommation d'un individu ne réduit pas la quantité disponible pour les autres (l'éclairage des rues, par exemple) ;
– il est impossible d'empêcher ceux qui ne le paient pas d'en profiter (la protection de l'environnement, par exemple).

La valeur monétaire d'un bien ou d'un service indivisible ne peut être fixée : c'est le cas de la Défense nationale, de la Justice et du maintien de l'ordre, mais aussi d'une grande partie des infrastructures routières. L'hypothèse d'une privatisation de tels biens est absurde en soi : la loi est par définition la même pour tous, les routes ne peuvent être toutes soumises à péage, sous peine de voir limiter gravement la libre circulation des personnes et des biens. L'État est donc conduit à fournir ces biens et à les financer par le recours à l'impôt.

Toutefois, certains biens collectifs ne sont pas foncièrement indivisibles : en France, l'électricité relève de cette catégorie, de même que l'éducation, en partie publique et en partie privée. On appelle ces biens des biens tutélaires (sur lesquels l’État exerce sa tutelle). Comme ces services publics constituent des acquis de longue date, la privatisation de certains d'entre eux (comme celle des services postaux, des réseaux de transports ou de télécommunications) soulève de vives controverses.

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