concurrence

(de concurrent)

Bourse des valeurs de New York
Bourse des valeurs de New York

Structure d'un marché qui se caractérise par une pluralité d'entreprises en compétition les unes par rapport aux autres pour bénéficier de la préférence des consommateurs.

ÉCONOMIE

Introduction

La concurrence, comme mécanisme de régulation de l'activité économique, est l'élément fondamental de l'économie de marché. Elle est facteur de progrès technique, de qualité des biens et des services, en même temps que de stabilité des prix pour les consommateurs.

Concurrence et économie de marché

L'économie de marché est le système économique qui prédomine dans le monde depuis la quasi-disparition des économies se réclamant du socialisme. Dans une économie de marché, la régulation de l'activité économique est assurée par la confrontation de l'offre et de la demande. L'offre est déterminée par la production des entreprises ; la demande découle des intentions d'achat des consommateurs, qui cherchent à satisfaire leurs besoins. Un système de prix permet d'équilibrer les quantités offertes par les entreprises et les quantités demandées par les consommateurs. Encore faut-il que l'offre de produits soit sous-tendue par plusieurs entreprises pour que le marché puisse répondre de façon optimale aux sollicitations des consommateurs. En prenant l'exemple du marché des biens durables (matériels informatiques, téléviseurs, automobiles), on voit que la foule des consommateurs se retrouve face aux diverses entreprises qui proposent leurs produits à leur clientèle. Les consommateurs arbitrent entre les différents constructeurs en orientant leur choix vers le produit qui semble correspondre le mieux à leurs attentes, tant du point de vue de ses qualités intrinsèques que de son prix. Ainsi apparaît l'effet bénéfique de la concurrence, sans laquelle le marché ne pourrait permettre de concourir à la réalisation du bien-être des agents économiques.

La concurrence est appréhendée par les théoriciens de l'économie comme une source d'efficacité du système économique. En effet, les entreprises sont dans l'obligation de chercher sans cesse à satisfaire les consommateurs. Aussi la concurrence est-elle à l'origine du développement de l'innovation (progrès technique), qui permet l'amélioration de la qualité des produits. Parallèlement, les consommateurs étant en quête du meilleur rapport qualité-prix, les contraintes issues du système concurrentiel constituent un gage de stabilité des prix. Une entreprise qui offrirait des produits à un prix plus élevé que ses concurrents, pour une qualité identique, risquerait à terme de disparaître.

La concurrence pure et parfaite

À la fin du xixe s., l'économiste français Léon Walras (1834-1910) a imaginé un marché idéal, qui se caractériserait par une situation optimale du point de vue de la concurrence. Ce marché idéal repose sur le principe d'une « concurrence pure et parfaite », qui requiert cinq conditions.

1° L'atomicité de l'offre et de la demande. La première condition de ce marché idéal est liée au grand nombre de vendeurs, du côté de l'offre, et au grand nombre d'acheteurs, du côté de la demande. On constate alors une forte atomicité de l'offre et de la demande. La multiplicité des participants sur le marché a pour conséquence qu'aucun d'entre eux ne peut influer, d'une quelconque façon, sur le niveau global des transactions. Aucun vendeur, aucun consommateur ne peut, par son activité individuelle, modifier la demande et l'offre globale, et ainsi imposer ses prix sur le marché.

2° L'homogénéité des produits. Les produits sont tous semblables et on ne peut les différencier les uns des autres, c'est-à-dire qu'une automobile est semblable à toutes les autres automobiles. Les produits sont substituables les uns aux autres. Un consommateur reste indifférent dans son choix entre un véhicule proposé par un premier vendeur et un véhicule proposé par un second vendeur. Il n'existe pas de marques, pas de modèles différents, pas d'options. La concurrence pure et parfaite est une construction théorique. Dans l'économie réelle, chaque firme essaie de distinguer ses produits de ceux de la concurrence, le plus souvent de façon artificielle.

3° La libre entrée dans l'industrie. Il n'existe pas de blocages qui viendraient contrecarrer l'entrée d'un nouvel entrepreneur dans une branche de l'économie réalisant un produit donné. Une nouvelle entreprise peut toujours s'insérer au sein d'un tissu d'entreprises plus anciennes. Le marché d'un produit reste toujours ouvert.

4° La transparence du marché. Les vendeurs, tout comme les acheteurs, possèdent la totalité des informations nécessaires à leurs transactions. Les uns et les autres sont parfaitement au courant des quantités offertes et demandées, de même qu'ils le sont des prix auxquels se déroulent les transactions. Léon Walras prend l'exemple de la Bourse des valeurs : chaque investisseur boursier, qu'il soit acheteur ou vendeur de titres, sait à tout moment à quel prix sont faites les cotations.

5° La fluidité du marché. La fluidité du marché est relative à la mobilité des facteurs de production, c'est-à-dire le travail et le capital. Il s'agit de la liberté d'entrée et de sortie des facteurs de production par rapport à une activité économique particulière. Ainsi, un investisseur peut déplacer ses actifs d’une activité à une autre, jugée plus avantageuse. Si une activité économique connaît des difficultés, les entrepreneurs de la branche considérée peuvent s'établir dans d'autres secteurs de l'activité économique. Les travailleurs sont également considérés comme mobiles : ils peuvent se déplacer d'une activité professionnelle à une autre.

La concurrence pure et parfaite est un idéal théorique sans rapport avec la réalité économique. L'atomicité du marché est contredite par l'l'existence des grandes firmes, qui se partagent la totalité d'un marché, et la mise de fonds pour entrer sur le marché est telle qu'on ne peut parler de libre entrée dans l'industrie. Les produits ne sont guère homogènes, la fluidité est très réduite et la transparence apparaît quasiment impossible.

La concurrence imparfaite

Lorsque l'une des cinq conditions requises pour la concurrence pure et parfaite n'est pas réalisée, on considère que la concurrence est imparfaite. Ainsi, les marchés réels sont des marchés imparfaits, tels que le monopole ou l'oligopole, dont les structures s'opposent à l'idée d'atomicité de l'offre de la concurrence pure et parfaite.

Le monopole, ou marché monopolistique, est un marché caractérisé par la présence d'un seul vendeur face à la multiplicité des consommateurs. L'existence d'un monopole est l'antithèse de l'esprit de la concurrence, puisque le monopole rend cette dernière impossible. Aussi l'existence d'une firme unique sur un marché est-elle généralement combattue par les pouvoirs publics, comme c’est le cas aux États-Unis depuis l'adoption, en 1890, par le Congrès du Sherman Antitrust Act, qui interdit les ententes entre firmes, mais aussi toute tentative de monopolisation des marchés. Le droit communautaire interdit également l’apparition de firmes à caractère monopolistique et la France s‘est dotée, en 1986, d‘un Conseil de la concurrence.

L'oligopole, ou marché oligopolistique, se caractérise par la présence de quelques vendeurs face à la multiplicité des consommateurs. Pour l'économiste américain John Kenneth Galbraith (1908–2006), la plupart des marchés relatifs aux biens durables sont des marchés de type oligopolistique. Dans le Nouvel État industriel (1967), Galbraith explique que les grandes firmes pratiquent des prix relativement élevés de façon à dégager les marges nécessaires au financement de leur développement ; elles seraient ainsi à l'origine de l'inflation qui a frappé les pays industrialisés au cours des années 1960.

La concurrence monopolistique

La notion de « concurrence monopolistique » souligne paradoxalement la coexistence d'un système concurrentiel et de pratiques proches du monopole. Cette approche a été formulée par l'économiste américain Edward Chamberlin (1899-1967), dans la Théorie de la concurrence monopolistique (1933). La concurrence monopolistique prend comme base la présence de plusieurs entreprises sur un même marché. Il y a donc situation de concurrence face à l'ensemble des consommateurs. Cependant, chaque entreprise cherche à particulariser son produit (ou sa gamme de produits) comme étant unique sur le marché. Chaque vendeur différencie ses produits par des signes distinctifs clairement repérables par les consommateurs, tels que la marque, le logo ou l'emballage. Le recours au message publicitaire accentue la spécificité des produits d'une marque par rapport aux produits des firmes concurrentes. Ainsi, on est proche d'une situation de monopole. Cependant, le caractère monopolistique apparaît relativement limité, puisque les consommateurs ont toujours la possibilité de substituer un produit à un autre, et cela d'autant plus facilement que la plupart des produits présents sur le marché ont des caractéristiques très voisines, qu'il s'agisse des lessives, des pâtes alimentaires ou des biens durables. (→ consumérisme.)

          

Le Conseil de la concurrence



Créé le 1er décembre 1986, le Conseil de la concurrence a pour objet de faire respecter le principe de la liberté des prix et de la concurrence. Institution indépendante, il exerce un rôle consultatif. Il peut être saisi de demandes d'avis, sur toutes questions de concurrence ou propositions de lois, par le gouvernement, par des commissions parlementaires ou par des collectivités territoriales. Il peut aussi être consulté par des organisations professionnelles ou syndicales et par des associations de consommateurs.

Le Conseil de la concurrence dispose d'attributions contentieuses, c'est-à-dire de contrôle et, le cas échéant, de contrainte, et, notamment, il peut prendre des sanctions pécuniaires. Il peut être saisi lors d'une entente ou d'un abus de position dominante, si l'un ou l'autre fausse le jeu de la concurrence sur le marché.

Par exemple, en 1999, le ministre français de l'Économie, des Finances et de l'Industrie d'alors a suivi l'avis du Conseil de la concurrence qui s'est opposé à la prise de contrôle d'Orangina par l'américain Coca-Cola. Si Coca-Cola avait acquis Orangina, la firme américaine aurait été en position de quasi-monopole sur le marché des boissons gazeuses sans alcool. Cette situation aurait pu se solder par une augmentation du prix de ce type de produit, au détriment du pouvoir d'achat des consommateurs.

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