investissement
(anglais investment)
Emploi de capitaux visant à accroître la production d'une entreprise ou à améliorer son rendement.
ÉCONOMIE
Les types d'investissement
Investissement productif et investissement improductif
Une première distinction oppose l'investissement productif à l'investissement improductif. L'investissement est productif si la valeur cumulée des biens produits et des satisfactions obtenues est supérieure au coût immédiat. Dans le cas contraire, si par exemple le nombre d'heures nécessaires à une machine pour fabriquer un produit est supérieur au nombre d'heures nécessaires pour obtenir le même produit sans cette machine, l'investissement est improductif.
Il est évident que tout investissement est présumé productif par son auteur, sinon il ne l'aurait pas effectué. Mais il est très possible que ses prévisions se révèlent erronées, soit que le coût immédiat ait été sous-évalué, soit que la durée du capital ait été surévaluée ou encore que les résultats apparaissent, à l'usage, décevants. Les exemples d'investissements improductifs les plus caractéristiques se rencontrent dans les secteurs d'activité à progrès techniques rapides, où les inventions nouvelles viennent diminuer la valeur économique des capitaux créés avant même que ceux-ci aient pu être utilisés. Mais l'investissement improductif désigne également l'affectation de revenus à la mise en place d'équipements destinés à produire des services répondant à la satisfaction de besoins collectifs, comme la construction d'un hôpital ou d'une école.
Les investissements de remplacement
À côté de cette distinction théorique, l'usage s'est introduit de différencier, d'une manière assez vague, les investissements selon qu'ils sont effectués pour des biens de production ou pour des biens de consommation, les premiers étant pour certains économistes – notamment les marxistes – les seuls qui soient productifs. D'autre part, au cours du temps, le capital créé va se détériorer physiquement ou économiquement. On distingue donc les investissements de remplacement, qui ont pour seul objet de maintenir le capital en l'état, et les investissement nouveaux, qui accroissent le capital existant.
L'investissement net mesure le volume des investissements nouveaux ; l'investissement brut mesure le total des investissements, qu'ils soient nouveaux ou de remplacement. Autrement dit, l'investissement net prend en compte les charges d'amortissement.
Épargne et investissement
La notion d'investissement, qui implique un prélèvement sur des disponibilités qui n'ont pas été consommées, est étroitement liée à celle d'épargne. La définition des deux concepts a été l'objet de longues controverses entre économistes. À chacune des deux conceptions est attaché le nom d'un économiste célèbre : Knut Wicksell pour la première, John Maynard Keynes pour la seconde.
Le point de vue de Wicksell
Dans le concept wicksellien, épargne et investissement peuvent ne pas être égaux. Selon que l'investissement est inférieur ou supérieur à l'épargne, il y aura déflation ou expansion. Cette théorie avait l'avantage de fournir l'explication des crises économiques.
L'analyse de Keynes
Avec Keynes, on revient au principe selon lequel épargne et investissement sont égaux. Mais, alors que, chez les théoriciens classiques, ce principe découlait du postulat de l'équilibre fondamental, cette égalité nécessaire apparaît, chez Keynes, comme une égalité de définition : l'investissement et l'épargne sont définis de telle manière qu'ils ne peuvent pas ne pas être égaux. Tout dépend du fait que l'on tient compte – théorie de Wicksell – ou non – théorie de Keynes – du revenu perçu pendant la période précédant le calcul de l'épargne. En définitive, la divergence initiale des définitions adoptées tient au fait d'admettre ou non un décalage entre la perception du revenu et son emploi. La théorie keynésienne, qui a une vue globale pendant une période suffisamment longue pour que la situation ex ante se dilue dans la période post, l'a emporté.
La fiction de l'égalité investissement-épargne
Les comptabilités nationales et les travaux statistiques pratiquent actuellement l'égalité investissement-épargne. En termes de compte d'exploitation, l'épargne et l'investissement sont la part non consommable du revenu global d'une période. En termes de bilan, l'épargne ou l'investissement d'une période sont l'accroissement, au cours de cette période, de l'actif net. Il n'en demeure pas moins que, s'il y a égalité, l'identité n'est que mathématique. Épargne et investissement obéissent à des motifs différents et sont effectués par des agents économiques différents. Il en découle que cette égalité est purement fictive et conçue sur une longue période.
Dans la vie économique quotidienne, l'investissement est toujours différent de l'épargne. Il appartient à l'État de faire en sorte, par les mécanismes régulateurs dont il dispose, que la réalité rejoigne la fiction et que cette rencontre se situe au plus haut niveau.