offre

Quantité d'un bien ou d'un service qui peut être vendue sur le marché à un prix donné.

ÉCONOMIE

L'offre et la demande sont les composantes centrales de l'analyse des mécanismes économiques. En effet, que l'on procède à une analyse microéconomique ou macroéconomique, que l'on se réclame du libéralisme ou du keynésianisme, que l'on se place dans une économie de marché décentralisée ou dans une économie de planification centralisée, on ne peut éviter l'interprétation de l'économie à travers l'offre et la demande. Cela s'explique par le fait que l'économie est nécessairement associée au marché et qu'un marché se définit comme un espace où se confrontent une offre et une demande. Cependant, l'analyse de l'offre et de la demande se différencie dans les rôles qui leur sont respectivement donnés. Pour schématiser, l'analyse classique, que l'on réduira ici à la loi de Say, fait de l'offre le facteur déterminant du niveau de la production. L'analyse de Keynes, en partant d'une critique de la loi de Say, inverse la causalité en faisant de la demande, qualifiée d'effective, le facteur déterminant du niveau de l'emploi.

Prix, offres et demandes

On peut retracer le mécanisme qui relie et l'offre et la demande par un prix d'équilibre à l'aide d'un exemple rénové du célèbre scénario du commissaire-priseur élaboré par Léon Walras en 1877.

Supposons qu'on veuille établir le prix d'une marchandise bien spécifiée ; supposons aussi que chaque échangiste, acheteur ou vendeur, soit relié à un ordinateur central grâce à un terminal. À l'ouverture du marché, un prix s'affiche sur l'écran, au hasard ; chacun réagit en saisissant au clavier les quantités de marchandises qu'il se propose d'acheter ou de vendre à ce prix ; l'ordinateur centralise les informations, calcule l'écart éventuel entre l'offre et la demande et affiche, conformément à son programme, soit un prix inférieur au prix initial si cet écart est positif, soit un prix supérieur dans le cas contraire. L'opération est répétée jusqu'à ce que l'on parvienne au prix d'équilibre pour lequel offre et demande sont égales ; l'échange a alors lieu à la satisfaction générale, puisque chacun peut effectivement trouver sur le marché la quantité qu'il souhaite acheter ou vendre à ce prix.

Offres, demandes et niveau de l'emploi

Une fois que l'on a montré le mécanisme qui faisait s'ajuster les offres et les demandes par l'établissement d'un prix d'équilibre, il reste à déterminer quel sera le niveau d'emploi correspondant. Pour les classiques, ce niveau est par définition celui du plein-emploi des ressources, mais, pour les keynésiens, rien n'est moins sûr.

La suprématie de l'offre

Elle s'exprime assez simplement par la loi de Say : « L'offre crée sa propre demande. » Selon la célèbre assertion prêtée par Keynes à J.-B. Say — qui affirmait pour sa part que « les produits s'échangent contre des produits » —, c'est donc le niveau de la production qui va déterminer le niveau de l'emploi. Ce propos se justifie par le rôle distributeur de toute production. En effet, toute production nécessite l'emploi de facteurs de production. Ces facteurs correspondent à des distributions de revenus. Le facteur travail est directement un revenu distribué et donc une demande de la part des travailleurs. Le capital (machines, matières premières...) quant à lui est une demande de biens de production. Mais ces biens de production sont eux-mêmes fabriqués à l'aide de facteurs de production. Ainsi, chaque achat de biens de production donne naissance à la distribution d'un revenu et, donc, à une demande. En résumé, une offre de bien est une demande d'autres biens. Notons que ce raisonnement est valable sous la seule condition que la monnaie ne soit qu'un intermédiaire et un instrument de mesure dans les échanges.

La suprématie de la demande

À l'opposé de la perception classique se situe l'analyse de Keynes. Pour celui-ci, la monnaie est recherchée pour elle-même et endosse une troisième fonction, celle d'être un instrument de réserve. Dans ce cas, la loi de Say ne fonctionne plus. Ainsi, Keynes va replacer la demande au cœur de la détermination du niveau de l'emploi en avançant le concept de « demande effective ». Le niveau de l'emploi dépend des plans de production des entrepreneurs. Or, ces plans de production sont déterminés sur la base des anticipations que font les producteurs de la demande qui leur sera adressée. La logique est alors la suivante : les entrepreneurs anticipent la demande en biens de consommation et en biens de production ; ils établissent leurs plans de production en conséquence ; le niveau de l'emploi dépendra de ces plans de production. On voit ici que c'est la demande anticipée ou demande effective qui règle le niveau de l'emploi. L'important n'est pas l'offre, mais les anticipations de la demande, et, comme l'économie est caractérisée par un environnement incertain, rien ne prédit que ce niveau sera celui du plein-emploi. C'est pourquoi la théorie keynésienne est dite « interventionniste » : elle prône l'intervention de l'État pour rétablir l'équilibre.