Ostrogoths
(« Goths de l’Est » ou « Goths brillants »)
Ancien peuple germanique, constituant l'une des deux grandes fractions des Goths.
Ostrogoths et Wisigoths
Lorsque, au iiie s., le peuple des Goths se divise en deux rameaux, l'Histoire auguste les distingue en les qualifiant de « greutungi » (gens de la grève) et de « tervingi » (gens de la forêt). Puis, sans que l'on puisse préciser la date, ces deux qualificatifs sont respectivement remplacés par « Ostrogoths » et « Wisigoths ».
Dans sa chronique de l’histoire des Goths (De origine actibusque Getarum) achevée au milieu du vie s., l’Ostrogoth Jordanès indique qu’Ostrogoths signifierait « Goths de l'Est » et Wisigoths « Goths de l'Ouest ». Une autre interprétation, s’appuyant pour sa part sur l’étymologie, parle plutôt de « Goths brillants » et de « Goths sages ».
Les Ostrogoths face aux invasions hunniques
Les Ostrogoths s'organisent au ive s. en un puissant royaume s'étendant de part et d'autre du Dniepr. En 370, ils sont parmi les premiers peuples d’Europe qualifiés de « Barbares » à subir le choc des invasions hunniques en provenance d’Asie (grandes invasions). Fuyant vers l'ouest, ils franchissent le Dniepr, remontent le Danube et trouvent refuge en Moldavie où un État, dirigé par Athanaric, est créé. Dans le même temps, une minorité d'Ostrogoths passe dans l'Empire romain et se met au service de Rome.
Asservis par les Huns vers 375, les Ostrogoths sont parfois amenés à les suivre dans leur raids. Il en est ainsi lors de la grande expédition qu'Attila, roi des Huns au milieu du ive s., conduit dans l’Empire romain d’Occident en 451.
Lors de la désagrégation de l'Empire hunnique, les Ostrogoths recouvrent leur indépendance et se rapprochent de l'Empire romain, avec lequel ils concluent un traité de fédérés en 455. Ces rapports, où la bonne entente alterne avec la menace, permettent aux chefs ostrogoths d'obtenir des terres pour leur peuple, et de jouer un rôle politique à Constantinople.
C'est ainsi que Théodoric, de la famille royale des Amales, retenu comme otage et élevé à la cour impériale de Constantinople, prend conscience de la valeur de la civilisation romaine, mais aussi des faiblesses de cet Empire.
Le royaume ostrogoth d'Italie
Devenu roi des Ostrogoths, Théodoric (dit le Grand) obtient l'autorisation de conduire son peuple en Italie, alors aux mains du roi des Hérules, Odoacre, qui a déposé le dernier empereur romain d’Occident en 476.
Les Ostrogoths pénètrent en Italie (489), sous la conduite de Théodoric qui, vainqueur d'Odoacre (493), devient le seul maître de l'Italie et de ses dépendances (Dalmatie, Rhétie, Norique, Pannonie et Provence). Ayant installé sa capitale à Ravenne, il gouverne en s'appuyant sur l'aristocratie romaine et encourage la culture latine. L'État romano-gothique s'effondre lors de la reconquête initiée par l’empereur Justinien de Constantinople et menée à partir de 535 par son général Bélisaire. Malgré la résistance de Vitigès puis de Totila, les Ostrogoths se soumettent définitivement en 555, puis disparaissent en tant que peuple. Cette guerre a épuisé l'Italie, mais aussi Constantinople. Moins de vingt ans après, la domination impériale sur l'Italie est partiellement anéantie par les Lombards, vengeurs involontaires des Ostrogoths.
Convertis à l'arianisme par l'évêque Ulfilas (qui traduit la Bible dans leur langue vers 369), porteurs d'influences hunniques, et défenseurs de la romanité auprès des autres peuples barbares, les Ostrogoths ont joué un rôle important dans la formation de l'Occident chrétien.