Journal de l'année Édition 1992 1992Éd. 1992

Épée masculine
Individuel : 1. Chouvalov (URSS) ; 2. Felisiak (All.) ; 3. Kovacs (H) et Kostarev (URSS).
Par équipes : 1. URSS ; 2. France ; 3. Allemagne.

Épée féminine
Individuel : 1. Horvath (H) ; 2. Ittner (All.) ; 3. Varkonyi (H) et Ermakova (URSS).
Par équipes : 1. Hongrie ; 2. France ; 3. URSS.

Sabre
Individuel : 1. Kirienko (URSS) ; 2. Abay (H) ; 3. Nebald (H) et Gutzeit (URSS).
Par équipes : 1. Hongrie ; 2. URSS ; 3. Allemagne ; 5. France.

Coupe des nations

Classement final : 1. URSS ; 2. RFA ; 3. Italie ; 4. Hongrie ; 5. France ; 6. Pologne et Roumanie ; 8. Espagne ; 9. Cuba ; 10. Chine.

Challenge Martini
(Paris, 27-28 janvier)

Fleuret : Romankov (URSS) b. Weidner (All.), 2-0 (6-4, 5-2).

Challenge Monal
(Paris, 16-17 février)

Épée : Srecki (F) b. Kolobkov (URSS), 2-1 (3-5, 6-5, 5-3).

Challenge Rommel
(Paris, 9-10 mars)

Fleuret : Lhotellier (F) b. Weissenborn (All.), 2-0 (5-2, 5-0).

Challenge Martel
(Poitiers, 27-28 avril)

Épée : Schmitt (All.) b. Hegedus (H), 2-1 (5-6, 6-4, 5-3).

Football

Roman noir et conte de fées

Championnat de France

Ce fut la saison de tous les périls, de toutes les folies, de la prison, de l'argent sale, des tribunaux, des inculpations, des caisses noires. Sans scrupule, le football français a étalé à la face du monde toutes les perfidies de ses dirigeants. Il a su aussi manier le paradoxe en faisant croire qu'on pouvait avoir un train de vie de nabab et des poches vides, des salaires ronflants et des stades encore vides. Il a agacé les spectateurs par sa moyenne de buts la plus insignifiante de toute l'Europe, par ses tactiques ultradéfensives. Et, avec 1 milliard de francs lourds de faillite, l'apocalypse était même en vue, sans une ultime et salvatrice prise de conscience de tous les partis concernés.

Mais c'est sans surprise que l'Olympique de Marseille, entraîné par le sorcier belge Raymond Goethals, a remporté un nouveau titre. Le troisième consécutif et le septième de son histoire. Deuxième, l'AS Monaco n'a pu opposer aux vedettes phocéennes que son jeu collectif et la force de percussion de son avant-centre George Weah, hélas blessé au coeur de l'hiver. Magnifiquement servis par Enzo Scifo, les poulains de Guy Roux ont complété le tiercé gagnant, donnant ainsi à Auxerre une nouvelle chance européenne. Une aventure lucrative et très courue à laquelle participeront également les Cannois, transcendés par le retour au front de leur capitaine Luis Fernandez, définitivement guéri d'une grave blessure au genou, et les jeunes pousses lyonnaises de Raymond Domenech, inattendues cinquièmes. Déception, en revanche, pour le Paris-Saint-Germain d'Henri Michel, seulement neuvième et à peine mieux classé que Bordeaux, Brest et Nice rétrogrades en deuxième division par la Ligue nationale pour dépôts de bilan. C'était le prix à payer pour que le football français retombe sur ses pieds au moment où ses résultats sportifs sont au zénith. Avec 23 buts dont 4 penalties à son actif, Jean-Pierre Papin a terminé en tête pour la quatrième année de suite des meilleurs réalisateurs de la division 1.

JPP : no 1

Élu meilleur joueur de l'année par le mensuel anglais World Sorcer et par Onze Mondial, Jean-Pierre Papin a également reçu le Ballon d'or 1991 décerné par l'hebdomadaire France Football et qui désigne le footballeur européen no 1 de la saison écoulée. Une reconnaissance internationale pour celui qui ira, dès 1992, exercer ses talents de chasseur de buts en Italie.

Palmarès

Né le 5 novembre 1963 à Boulogne-sur-Mer ; 1,77 m pour 70 kg.

– Commence sa carrière en juniors à Valenciennes (1981) puis est transféré au FC Bruges (1985) avant de rejoindre l'Olympique de Marseille (1986).

– Sous le maillot de l'Olympique de Marseille (1986-1991) :
Titres : champion de France (1989, 1990 et 1991).
Meilleur buteur de division I en 1988 (19 buts), en 1989 (22 buts), en 1990 (30 buts) et en 1991 (23 buts).
Vainqueur de la Coupe de France 1989, inscrit 3 des 4 buts de la victoire marseillaise sur l'AS Monaco, battue (4 à 2).

– Sous le maillot de l'équipe de France (1986-1991) :
Première sélection le 26 février 1986 contre l'Irlande du Nord, à Paris (0-0).
32 sélections à ce jour et 17 buts, dont 9 lors des poules éliminatoires pour la phase finale de l'Euro 92.

Équipe de France

Huit victoires pour autant de matches. Le sans-faute que les joueurs de Michel Platini ont accompli dans leur poule éliminatoire de l'Euro 92 a constitué un fait historique. Un exploit sans précédent. Un grand chelem qu'aucune autre équipe n'avait encore réussi. La folle réussite de ce groupe au remarquable esprit de corps a réhabilité le football français de ses excès, de la mégalomanie de quelques-uns de ses dirigeants. Reste que cette qualification n'est qu'une étape. Invaincus depuis 18 rencontres, les Tricolores figurent, en effet, au même titre que les Allemands, les Anglais ou les Néerlandais parmi les favoris de la phase finale qui se disputera en Suède (du 10 au 26 juin 1992). Michel Platini, qui avait pris, en novembre 1988, le commandement d'un navire à la dérive pour redresser la barre en vue de la Coupe du monde 1994 aux État-Unis, n'avait pas prévu cela. En tout cas, tout au long de sa campagne européenne, l'équipe de France aura au moins démontré qu'elle avait acquis une certaine maîtrise tactique et collective, qu'elle savait aussi exploiter les moindres faiblesses ou défaillances de son adversaire et que l'énorme confiance en soi transmise par son patron-sélectionneur l'avait rendue quasiment inébranlable, voire invincible. Des buts, des gestes techniques, de l'ardeur défensive, un archarnement à toujours aller de l'avant, une débauche exceptionnelle d'énergie, une ossature marseillaise, elle a désormais tout pour réussir. Rien ne lui fait plus peur, aucune tâche ne paraît hors de sa portée. Sans compter qu'elle a dans ses rangs le meilleur avant-centre mondial actuel, Jean-Pierre Papin. Un atout maître, un joueur clé dont les buts décisifs n'en finissent plus de créer la différence. Une chose est sûre : dans six mois, en Suède, la France aura suffisamment d'arguments pour prétendre au titre de champion d'Europe, comme en 1984.

Quelle désillusion !

Toujours pas de Coupe d'Europe des clubs champions pour la France. Après Reims (1956 et 1959) et Saint-Étienne (1976), l'Olympique de Marseille a échoué aux portes de son rêve. Sur le fil à l'issue d'une finale cadenassée, étouffante, qu'il a perdue aux tirs au but face à l'Étoile rouge de Belgrade, pourtant dominée dans tous les compartiments du jeu. Vraiment de quoi pleurer, de quoi crier à l'injustice, lorsqu'on sait que, pour participer à cette apothéose, les hommes de Bernard Tapie s'étaient qualifiés aux dépens du Milan AC, monstre de richesse et de rigueur, et du Spartak Moscou, le tombeur aux tours précédents de Naples et du Real Madrid. La Coupe, ce sera donc pour plus tard ! Mais, cette fois, le doute n'est plus permis. L'OM et son trio magique Papin-Pelé-Waddle sont bien entrés dans le cénacle très fermé des meilleurs clubs de football du Vieux Continent. Il y a eu Séville en 1982. L'histoire retiendra à présent Bari et 1991 au nombre des batailles perdues.

Le parcours de l'OM

– Seizièmes de finale