Journal de l'année Édition 1992

Du 01 janvier 1991 au 31 décembre 1991

Ça c'est passé le

France - Sidérurgie

Le groupe Usinor-Sacilor annonce la suppression de 6 700 emplois d'ici à la fin de 1994.

Sommaire

  • Dossiers chronologie
    • Météo : l'Hiver

      La première décade de l'hiver est dominée par la douceur et l'humidité. La majeure partie du pays est traversée par des perturbations plus ou moins actives circulant dans un flux d'O-S-O. Les températures sont de 3 à 9 °C supérieures aux normales ; les 21,6 °C et les 19,5 °C relevés à Mont-de-Marsan et à Bordeaux le 29 constituent de nouveaux records. Au 31 décembre, le rapport R/RU de la réserve d'eau disponible à la réserve utile n'est inférieur à 50 % qu'en Limagne et dans les départements de l'Eure, de l'Eure-et-Loir, des Pyrénées-Orientales et de l'Aude. L'enneigement est bon dans tous les massifs : Haine 45-150 cm, les Arcs 40-185, l'Alpe-d'Huez 70-120, Serre-Chevalier 50-150, Gérardmer 80-100, Font-Romeu 50-70. L'abondance des pluies et le redoux provoquant la fonte des neiges entraînent la montée des eaux des fleuves et des rivières du quart nord-est du pays.

    • Météo : le Printemps

      La première décade du printemps (21-31 mars) se caractérise par un temps maussade. L'arrivée d'air sec et frais depuis le NE entraîne la baisse des températures puis l'apparition de gelées matinales dans la moitié nord du pays entre le 28 et le 31. Dans les régions méditerranéennes, une dépression progressant depuis le sud de l'Espagne vers le golfe de Gênes est à l'origine des fortes pluies qui s'abattent sur l'Aude du 21 au 25 mars (107 mm à Lézignan et 101 mm à Carcassonne en 72 heures) et d'abondantes chutes de neige sur la chaîne des Pyrénées.

    • Météo : l'Été

      La dernière décade de juin débute avec des températures de saison, de 2 à 5 °C supérieures aux normales, et s'achève dans la fraîcheur. Pendant cette période, marquée par le passage de plusieurs perturbations peu actives et le renforcement des pressions les 29 et 30, les précipitations sont faibles. Signalons cependant les violents orages, accompagnés de grêle et très localisés, qui ont salué l'arrivée de l'été. Le 22 juin, Mirecourt, Poussay et Mazirot, dans les Vosges, ont subi un déluge de grêle ; en Bourgogne, une centaine d'hectares des vignes les plus prestigieuses de la Côte-de-Nuits (Chambertin, Charmes, Clos-la-Roche...) ont été ravagés par la pluie et la grêle.

    • Météo : l'Automne

      La période comprise entre l'équinoxe d'automne et le 30 septembre est marquée par la diminution sensible des températures (de 1 à 2 °C inférieures aux normales), des précipitations abondantes et des vents forts. Du 24 au 30, des pluies remarquables ont été relevées sur tout le pays : 42 mm en 3 h à Biarritz, 60 mm en 14 h à Agen, 71 mm en 6 h à Montbeugny le 25 ; 29 mm en 6 h à Cannes le 26, 74 mm à Mirambeau en 24 h le 27 ou 67 mm en 3 h 30 à Borrèze le 28...

  • L'année dans le monde
    • L'année dans le monde

      Écrasement de l'Irak, désintégration de l'Union soviétique : les deux événements majeurs de 1991 ne constituent en un sens que le dénouement – provisoire – des deux grandes crises de 1990, celle de l'Est et celle du Golfe. Mais leur addition a eu un résultat sans précédent : il n'y a plus qu'une superpuissance et il n'est d'autre paix concevable, pour le moment, que sous sa direction.

  • Politique
    • Panorama

      Une année triomphale pour la démocratie, c'est du moins ce que, avec un brin d'angélisme, on pouvait espérer de 1991. La disparition accélérée des régimes marxistes-léninistes en Europe de l'Est et en URSS allait laisser la place à des institutions représentatives que les peuples appelaient, semble-t-il, de leurs vœux. Dans le monde entier, d'ailleurs, exception faite de la Chine, de Cuba et de la Corée du Nord, les dictatures reculaient.

    • Le point sur...

      Non sans difficultés, les États-Unis, auxquels l'effondrement de l'empire communiste a permis d'accéder au statut incontesté de seule superpuissance mondiale, ont essayé d'imposer un nouvel ordre international. Pour ce faire, ils ont eu tout de même besoin de s'appuyer sur l'ONU et d'obtenir l'accord des dirigeants de l'ancienne Union soviétique. Il leur a également fallu le soutien financier – essentiel durant la guerre du Golfe – du Japon et de l'Allemagne.

    • L'année politique en France

      Pour restaurer l'unité du Parti socialiste et pour rétablir son crédit dans l'opinion, Michel Rocard misait à la fin de 1990 sur un long terme limité à 1993 par l'échéance législative. La guerre du Golfe et la volonté du président de la République ne lui en laissèrent pas le loisir.

    • Le point sur...

      Alors qu'ils tentaient de trouver les moyens d'intervenir pour mettre un terme aux tragédies vécues par certains peuples européens et surtout extra-européens, le président de la République et les responsables de la politique étrangère française ont été surpris par l'effondrement du monde communiste. Qu'il s'agisse de l'unification de l'Allemagne ou de l'indépendance des nations qui formaient l'ancien empire soviétique ou la Yougoslavie, M. François Mitterrand a d'abord essayé de retarder les évolutions, et, à l'instar de Metternich, de conserver le statu quo international ; ensuite, le chef de l'État a cherché à rattraper les erreurs commises.

    • La politique régionale

      Logique et relance. Voilà les deux mots clés qui marquent la politique d'aménagement du territoire en 1991. Une politique, au demeurant, qui, au fur et à mesure que se rapprochait l'échéance des élections régionales et cantonales de mars 1992, semblait susciter un intérêt et même des revendications de plus en plus soutenus chez tous les élus locaux et parlementaires, à droite comme à gauche.

    • À travers les Régions

      Située au cœur de l'Europe rhénane, l'Alsace dispose d'atouts de poids pour affronter l'ouverture du grand marché à l'heure où les frontières de l'Europe sont repoussées loin vers l'est.

    • Europe - 1

      Le grand dessein de l'année consistait à jeter les bases d'une Union économique et monétaire (UEM) et d'une Union politique. Tel était l'objet des deux conférences intergouvernementales lancées en décembre 1990 à Rome et conclues un an plus tard à Maastricht. L'objectif a été atteint lors de ce Conseil européen des 9 et 10 décembre, qui, malgré ses insuffisances un peu trop occultées, figurera parmi les dates marquantes de la construction européenne. Les chefs d'État et de gouvernement ont pris les décisions nécessaires pour doter la Communauté, au plus tard au 1er janvier 1999, d'une monnaie commune, l'écu.

    • Le point sur...

      En 1991, les urnes ont partagé l'Europe en deux : au sud se sont retrouvés les pays dont les dirigeants ont su se maintenir au pouvoir ; au nord, les nations où ces derniers ont été contraints de céder la place.

    • Allemagne : après l'unification

      Même si, dès sa naissance et la promulgation de sa loi fondamentale, le 23 mai 1949, la République fédérale s'était fixé pour objectif la réunification, elle fut très vite amenée à admettre que ce but ne serait atteint qu'à long terme. De son côté, le monde occidental se convainquait – certains s'en réjouissaient – que la division de l'Allemagne et de l'Europe allait durer. D'une part, parce que la volonté soviétique de conserver ses acquis de la Seconde Guerre mondiale paraissait immuable ; d'autre part – et en dépit du découpage arbitraire et provisoire des zones d'occupation sur lequel se fondait la partition –, parce qu'on se laissait prendre à l'idée que, par sa vie séparée et ses objectifs divergents, la RDA était en train de développer une personnalité propre qui, malgré la présence des forces soviétiques, lui donnerait peu à peu une vie autonome.

    • Le point sur...

      Même si les communistes ont perdu le pouvoir dans un pays de plus, la Bulgarie, et s'ils ont été contraints de le partager avec l'opposition dans un autre, l'Albanie, la libéralisation est restée bien timide en Europe orientale, et notamment dans l'ancienne Union soviétique, qui s'est disloquée depuis l'échec du putsch conservateur du 19 août.

    • URSS : l'année de la décomposition

      Le communisme institutionnalisé, sorti du cadre peu contraignant du débat idéologique, prit naissance en 1917 en Russie où, au vieil empire en ruines, il substitua l'URSS, base d'expansion, pour ses fondateurs, de la révolution mondiale et du communisme généralisé.

    • La Yougoslavie déchirée

      Guerre « inutile », « insensée », « sale », « d'un autre siècle »..., les qualificatifs n'ont pas manqué pour caractériser le conflit qui a ensanglanté la Croatie pendant les six derniers mois de 1991 et qui, quelles qu'en soient l'issue et la durée, marquera toute une génération de Yougoslaves.

    • Le point sur...

      Encore une année de normalisation en Chine, deux ans après la répression du mouvement démocratique du second Printemps de Pékin, en 1989.

    • La guerre du Golfe

      Au commencement de l'année, la guerre dans le Golfe paraît inéluctable. Quinze jours avant l'expiration de l'ultimatum adressé par le Conseil de sécurité de l'ONU à l'Irak, rares sont ceux qui, à l'instar du président Mitterrand, croient encore « aux chances de la paix ». Dans ses vœux de nouvel an, ce dernier affirme que la fermeté peut encore amener Saddam Hussein à céder sur le Koweït comme il l'a fait sur les otages. Mais ni le voyage « exploratoire » de Michel Vauzelle, président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, à Bagdad, le 2 janvier, ni la rencontre de Genève entre Tarek Aziz et James Baker, le 9 janvier, pas plus que la mission entreprise par le secrétaire général de l'ONU dans la capitale irakienne, le 13 janvier, « en tant que porte-parole de la communauté internationale », ne pourront éviter l'épreuve de force, qui se précise de plus en plus.

    • Le point sur...

      Au début de l'année 1991, la guerre du Golfe domine l'actualité internationale. Le Maghreb n'est naturellement pas à l'abri des secousses politiques et économiques engendrées par l'attaque, le 17 janvier, de l'Irak par les forces armées occidentales. De Nouakchott à Tripoli, la rue plébiscite le président irakien, qui incarne le héros de l'arabisme et de l'islamisme. Partout, l'engagement de la France suscite la colère des populations.

  • Société
    • Panorama

      Si l'on a pu dire en avril 1968 que la France « s'ennuyait », on ne sait quel euphémisme utiliser pour décrire le malaise actuel des Français. Car nul ne peut ignorer qu'ils se sentent de plus en plus mal dans une société qui engendre des inégalités, qui s'inquiète de son avenir et de son identité, qui s'interroge sur sa capacité (ou sa détermination) à trouver sa place dans une Europe aux contours encore flous et aux conséquences incertaines.

    • Banlieues : l'intifada ?

      Huit janvier 1991. Vaulx-en-Velin. Une cinquantaine de jeunes gens harcèlent les forces de l'ordre jusque tard dans la nuit. Ce sont les premiers incidents depuis les émeutes qui, au mois d'octobre précédent, ont suivi la mort de Thomas Claudio, un jeune motocycliste heurté par un véhicule de police. Les premiers d'une longue série. Car le feu couve toujours au Mas-du-Taureau, ce quartier de la région lyonnaise devenu contre son gré le symbole du malaise des banlieues. Un nouveau genre de rodéo – l'art de semer le désordre à bord de voitures volées – y a fait son apparition : les chauffards prennent en chasse des véhicules de police, forcent des barrages, percutent des vitrines de magasin en marche arrière. Les rodéos de Vaulx-en-Velin rythment ainsi le tempo d'une jeunesse sans avenir sur laquelle se penchent, avec une curiosité d'entomologiste, les médias, les sociologues et les pouvoirs publics.

    • Le point sur...

      Stabilité de la natalité et de la fécondité ; baisse continue de la mortalité, avec maintien de la différence élevée en faveur des femmes ; poursuite de la légère remontée du nombre de mariages, amorcée en 1987, et due à des « régularisations » de couples déjà constitués : telles sont les conclusions que l'on peut tirer de la « santé » de la population en 1991. Le mariage n'est plus l'acte fondateur des unions, mais tend à être célébré en cours de vie commune, souvent pour des besoins administratifs ou bancaires. Ce retard, lié au chômage, du « calendrier » de la constitution et de l'agrandissement des familles, pèse sur la natalité.

    • Service public : les avatars de la crise

      Dans le secteur public, le désarroi est profond. Sentiment de paupérisation, diminution de la valorisation sociale tirée du travail effectué, récurrence du discours antiétatique, accusations d'immobilisme, de paresse, voire d'incompétence, difficultés de plus en plus grandes à assumer cette fonction de repoussoir, extension à l'administration de la contestation des institutions : depuis la longue grève de l'automne 1989, qui avait été suivie par les fonctionnaires des impôts, la déprime s'est installée chez de nombreux agents de la fonction publique. Aujourd'hui, le malaise dépasse les revendications purement corporatistes des catégories les plus « remuantes » : infirmières, assistantes sociales, enseignants, personnels des transports publics, etc.

    • Sang contaminé : du drame au scandale

      La contamination par le virus du sida à la suite d'une transfusion sanguine passait jusqu'alors pour une cruelle fatalité. Entre 1980 et 1985, 5 000 personnes dont 1 200 hémophiles en ont été victimes. Mais la multiplication des plaintes déposées par des hémophiles contaminés a fini par attirer l'attention des médias sur le fonctionnement du système transfusionnel français.

    • Le point sur...

      Année 91, année de toutes les références et des créateurs sous de multiples influences. L'essentiel, c'est d'être soi-même en cultivant l'art de la différence dans ce festival de tendances et de courants déroutants, où tout se confronte et se mélange pour mieux se réinventer.

    • Obsédante immigration

      La guerre du Golfe allait-elle raviver en France des tensions communautaires, dresser les Arabes contre les juifs, provoquer une sorte d'intifada ? C'était la grande crainte des pouvoirs publics au début de 1991. Il n'en a rien été : les jeunes d'origine maghrébine, en particulier, ont fait preuve d'un calme exemplaire, ne se distinguant guère du reste de la population. On y a vu le signe d'une « intégration » – concept nouveau, défendu désormais par tous les partis politiques, à l'exception du Front national.

  • Économie
    • Panorama

      L'économie mondiale s'enfonce-t-elle dans le marasme ou va-t-elle vers la reprise ? Telle est l'interrogation majeure de l'année.

    • La croissance soutenable

      La multiplication et l'aggravation des atteintes portées à l'environnement commencent à susciter de grandes inquiétudes. En effet, même si ces agressions ne menacent pas à court terme la survie de la planète, elles peuvent bloquer la croissance de l'économie parce que nous sommes en présence d'une interdépendance totale, la croissance économique étant bien souvent jugée responsable de cette dégradation. L'inquiétude écologique provoque alors une réflexion sur la nécessité d'adopter une nouvelle forme de croissance, plus durable ou plus « soutenable », soucieuse de ménager, pour les générations futures, un capital naturel – renouvelable ou non renouvelable – déjà bien entamé.

    • Le point sur...

      Tout comme par le passé, les marchés financiers et les places boursières internationales ont fait preuve tout au long de l'année d'une instabilité déconcertante, donnant ainsi l'impression d'une grande fragilité aux chocs extérieurs, à caractère essentiellement psychologique.

    • États-Unis : l'Artésienne de la reprise

      Si près des trois quarts des Américains font encore confiance à leur président pour la façon dont il conduit les Affaires étrangères, ils ne sont plus qu'à peine 30 % à lui accorder un soutien mesuré pour ses initiatives économiques qui, pendant des mois, se sont bornées à implorer les statistiques pour qu'elles veuillent bien confirmer une reprise économique sans cesse reportée.

    • Le point sur...

      La dégradation de la situation financière et la réduction des marges de profit des entreprises françaises au début de 1991 contrastaient fortement avec la période de haute conjoncture qui avait commencé à la mi-1987 (considérée comme date de sortie de la crise de 1973) et qui a pris fin à la mi-1990 (avec la crise du Golfe). Au cours de cette phase de forte croissance soutenue par la hausse de la consommation des ménages, les entreprises avaient beaucoup investi (32 % en volume) et créé de nombreux emplois (800 000).

    • L'électronique mondiale dans la tourmente

      Le leader mondial de l'informatique, IBM, fait les yeux doux à Apple, l'enfant terrible de Silicon Valley, au point de coopérer pour définir ensemble le profil du microordinateur de demain. L'événement, peut-être le plus marquant de l'année, laisse sans voix les observateurs de ce marché de pointe. Les deux géants américains ne se livrent-ils pas depuis une décennie une guerre sans merci pour remporter des parts de marché ? Pis, la culture d'Apple, qui séduit tant les utilisateurs français, s'est précisément construite contre celle de Big Blue. Les petits génies californiens, qui ont bricolé leur première machine dans un garage, voulaient offrir aux cadres, version blue-jeans-baskets, un outil convivial et facile à utiliser, bien loin des produits d'IBM, intégrés dans de lourds systèmes informatiques maison. Un univers qui est, lui, plutôt du genre complet bleu trois pièces.

  • Sciences et techniques
    • Panorama

      Alors que le délai séparant les découvertes scientifiques de leurs applications industrielles ne cesse de se raccourcir, l'attribution du prix Nobel de physique 1991 au Français Pierre-Gilles de Gennes prend valeur de symbole. Qualifié d'« Isaac Newton de notre temps » par le jury de l'Académie royale des sciences de Suède, le vingt-quatrième lauréat français du prix Nobel est, en effet, un spécialiste de la physique de la matière condensée qui a toujours pensé la science la plus fondamentale en terme d'applications industrielles.

    • Maux de Terre

      Réuni à Paris du 17 au 26 septembre 1991, le 10e congrès forestier mondial a permis à près de 3 000 experts de réfléchir sur « la forêt, patrimoine de l'avenir ». À neuf mois de la conférence des Nations unies sur l'Environnement et le Développement qui tiendra ses assises à Rio de Janeiro, ce congrès était l'occasion de sensibiliser les responsables politiques et les opinions publiques aux problèmes des forêts et de montrer le rôle déterminant de la forêt, espace de vie, dans l'économie comme dans l'équilibre des relations biosphère-atmosphère.

    • Le point sur...

      Reverrons-nous la comète de Halley près du Soleil, en 2061 ? La question vaut d'être posée après la découverte, à son emplacement présumé, sur des photographies à longue pose prises le 12 février par les astronomes belges Olivier Hainaut et Alain Smette à l'aide du télescope danois de 1,54 m de diamètre de l'observatoire européen austral au Chili, d'un halo de poussière de plus de 300 000 km de diamètre, quelque 300 fois plus brillant que l'éclat escompté du noyau de la comète. Peut-être ce dernier est-il entré en collision avec un autre petit corps du système solaire, mais cela paraît très improbable. Il n'existe, en fait, aucune explication satisfaisante de ce brutal sursaut d'activité, mais certains pensent que la comète pourrait bel et bien avoir explosé.

    • L'océan sous haute surveillance

      Après les années 1980, qui ont été marquées par des découvertes océanographiques majeures (les résurgences hydrothermales ou les oasis abyssales), la mise au point de nouveaux procédés d'investigation (les sondages dits « surfaciques » ou le profilage sismique multitrace) et le lancement de submersibles à vocation scientifique capables d'atteindre des profondeurs réputées inaccessibles (le Nautile, le Shinkai 6500, ou les Mir-I et II), le tournant entre les deux décennies a vu le profond renouvellement des flottilles océanographiques grâce au lancement de quelques grosses unités (de plus de 80 m de longueur et de 3 000 t de déplacement).

    • Le point sur...

      Incontestable réussite, en France, le Minitel a fêté ses dix ans. Lancé et testé en juillet 1981 dans 2 500 foyers de Vélizy-Villacoublay, il a changé les habitudes de l'usager, qui s'est progressivement familiarisé avec son clavier et a ainsi contribué à l'avènement de l'ordinateur personnel : les 5,8 millions de Minitels en service ont enregistré plus d'un milliard et demi d'appels au cours de l'année écoulée, dont la moitié à usage professionnel. Le Minitel à écran plat est devenu un outil indispensable aux techniciens d'entretien ou d'après-vente qui ont besoin d'avoir accès à des banques de données.

    • Les armes du Golfe

      Au soir du 16 janvier, au cours de trois heures de raids d'une précision sans équivalent, l'aviation alliée déversait 18 000 tonnes de bombes sur l'Irak. L'Occident jetait dans la bataille ce que son industrie militaire avait produit de plus performant. Aux antipodes du choc frontal des lourds bataillons d'antan et du pilonnage aveugle de l'artillerie, le recours aux missiles, aux bombardiers, aux satellites assimilait la guerre à une espèce de War Game en grandeur réelle dont l'issue dépendait plus de la maîtrise de l'électronique et de l'informatique que des traditionnelles vertus guerrières. Reportages et journaux télévisés s'enrichissaient d'un lexique jusqu'alors inconnu des profanes : AWACS, Scuds, Patriots, bombardiers furtifs, guidage infrarouge, télémètre laser ou bien encore munitions intelligentes !

  • Culture
    • Panorama

      Dans les mémoires, l'année 1991 restera sans doute marquée par une suite d'événements allant de l'inquiétant au tragique, de la guerre du Golfe au putsch manqué de Moscou, de l'éclatement effectif de la Yougoslavie à la partition annoncée en Union soviétique, de la montée des nationalismes en Europe à la déréliction africaine.

    • Marché de l'art : le marasme

      Depuis le milieu des années 80, on avait pris l'habitude de bilans de fin d'année en forme de chants de victoire. Cette fois-ci, changement de ton : les comptes auraient plutôt des accents de marche funèbre. Les chiffres de l'année 1991 sont éloquents : 6,4 milliards de F pour Sotheby's, 5,8 milliards pour Christie's, 3,2 milliards pour Drouot. Soit des chutes respectives de 54,9 %, 47,7 % et 41,1 %. La dégringolade n'est pas stoppée mais elle semble toutefois se ralentir. Les comparaisons des chiffres des derniers semestres 90 et 91 sont plus présentables : – 31,7 % pour Sotheby's et – 20 % pour Christie's.

    • Le point sur...

      En politique ou en sport, les événements ont une date. Les idées en revanche ne se laissent pas facilement classer par millésime. Découper une tranche annuelle dans les courants multiples et l'évolution de la vie intellectuelle, c'est évidemment un artifice. Cela n'empêche pas 1991 d'avoir une unité relativement cohérente dans le domaine des sciences humaines et de la philosophie. En premier lieu, l'emprise de l'actualité mondiale s'y est fait plus vivement sentir qu'il n'est d'usage.

    • L'année Mozart

      Qui a assassiné Mozart ? La postérité. C'est elle qui l'a empoisonné, avec ses rumeurs, ses médisances, ses affabulations, ses mensonges, ses clichés, ses lieux communs. Mozart a disparu, englouti sous l'enfant prodige.

    • Le point sur...

      Le pritzker price couronne cette année l'œuvre de l'architecte américain Robert Venturi, près d'un quart de siècle après la parution de son ouvrage fondamental Complexity and Contradiction in Architecture (en français, « De l'ambiguïté en architecture ») que beaucoup d'historiens et de critiques considèrent comme le premier cri de révolte théorisée « contre la morale et le langage puritains de l'architecture moderne orthodoxe ».

  • Sport
    • Une année choc !

      Noah Vainqueur de la coupe Davis par Forget et Leconte interposés, 59 ans après les Mousquetaires ; les hommes de Michel Platini invaincus depuis 18 rencontres ; la voile française maîtresse des océans ; Marc Madiot auteur d'une course d'anthologie dans l'Enfer du Nord ; Marie-José Pérec nouvelle étoile du sprint mondial ; le talent des Duchesnay enfin reconnu.

    • Disciplines

      Powell et son fabuleux saut de 8,95 m, Lewis roi du sprint, Krabbe superstar... Mais aussi Bubka, Johnson, Tanui, O'Brien, Morceli, Taniguchi, McColgan, Boulmarka, Panfil. Les championnats du monde d'athlétisme qui se sont disputés à Tokyo ont rappelé à quel niveau se gagnaient désormais les médailles. Dans le sport le plus universel qui soit avec 168 nations engagées, dont les forces émergentes de l'Afrique et de l'Asie, une place sur le podium tient aujourd'hui de l'exploit. Ainsi en est-il du triomphe de Marie-José Pérec sur 400 m plat et de la médaille d'argent obtenue par le relais 4 × 100 m français.

  • Nécrologie

    Bérénice Abbott (93 ans), photographe américaine ; Monson, Maine, le 9.XII.91.