Cette année reste surtout celle des grandes manœuvres pour la constitution de quatre grands pôles français de productique. Objectif : pouvoir répondre à la concurrence des puissants conglomérats américains, comme Westinghouse, Gould, General Electric et... IBM, qui vient de confirmer son engagement dans ce secteur de l'informatique industrielle. Sans oublier les Japonais Matsushita, Fanuc et Hitachi.
Vers les robots multiservices
L'année prochaine verra l'aboutissement du projet de recherche Ara (Automatique et Robotique avancées) lancé en 1980. Piloté par le CNRS, il rassemble 45 laboratoires et 250 chercheurs. Les recherches servent à la mise au point des robots de la troisième génération, notamment pour l'assemblage : un poignet actif pneumatique à six axes, mis au point par le Cert-Dera à Toulouse ; des architectures multiprocesseurs étudiées par Midi-Robots, transfuge du CNRS, avec la société AKR, qui construit des robots de peinture ; des capteurs de vision à Toulouse, dont la plus petite caméra du monde ; deux préhenseurs avec perception tactile, dont l'un fait appel aux fibres de carbone, expérimentés dans deux laboratoires universitaires, à Poitiers et à Metz...
Un nouveau programme de recherche a été lancé le 18 avril par le Centre d'études des systèmes et technologies avancées (Cesta) sous le nom de projet RAM (Robots automoteurs multiservices). C'est l'une des retombées du programme Technologie-croissance-emploi, défini au sommet de Versailles de juin 1982. Ce projet de coopération technique internationale rassemble sept pays : Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, RFA. Il vise à mettre au point d'ici dix ans une série de robots mobiles polyvalents qui viendront assister l'homme dans diverses tâches : travaux domestiques, nettoyage industriel, agriculture, exploitation des usines et de l'océan...
Apprendre la robotique
Outre la recherche et l'industrie, la production doit aussi mobiliser l'enseignement, avec la mise en place d'une robotique pédagogique. L'Afri a recensé en France quelque 175 machines didactiques, toutes d'origine étrangère. Le ministère de l'Éducation et l'Agence de l'informatique ont lancé cette année un appel d'offres pour la construction d'une première tranche de 100 robots pour les lycées et établissements du secondaire. Deux constructeurs ont été retenus : Sirtès, du groupe Renault, et la PME grenobloise AID, qui a mis au point pour son robot un réducteur mécanique original qu'elle a breveté...
Cette robotique pédagogique devrait aussi bénéficier du renfort d'un phénomène nouveau : la robotique domestique. Des robots vont entrer dans les foyers à côté de l'ordinateur personnel et de la chaîne hi-fi. Plus de 10 000 robots Hero 1 ont été vendus outre-Atlantique : c'est le premier modèle commercialisé par Heathkit dans une optique essentiellement pédagogique. On compte déjà aux États-Unis une dizaine de fournisseurs de tels robots, mais l'engagement sur le marché des constructeurs de micro-informatique est imminent : la plupart des modèles sont pilotés par un ordinateur personnel, dont ils deviennent, en quelque sorte, les périphériques mobiles. Selon certains experts, le marché de cette robotique domestique atteindra 2 milliards de dollars en 1990 !
À l'occasion de l'exposition Productique 84, qui s'est tenue à Paris en juin, l'AFRI (Association française de robotique industrielle) a effectué avec les autres associations européennes un recensement du parc mondial des robots. Avec 2 010 robots en service, la France se situe au deuxième rang européen et au quatrième dans le monde, derrière le Japon (16 500 robots), les États-Unis (8 000) et l'Allemagne fédérale (4 800). Viennent ensuite, presque à égalité avec notre pays, la Suède (1 900 robots), l'Italie (1 800) et le Royaume-Uni (1 750), puis la Belgique (500) et l'Espagne (400).
À la fin de cette année, l'AFRI prévoit que le parc français atteindra 2 700 unités. La croissance de ce secteur reste spectaculaire : 40 % en moyenne, avec des taux de progression jusqu'à 100 % pour certaines applications comme l'assemblage ; 80 % des robots sont installés dans des entreprises françaises de plus de 1 000 personnes, dont 70 % dans l'industrie automobile. Enfin, quelque 300 robots français seulement ont été exportés.