Beaucoup d'opérettes, bien sûr, et une création qui va faire le tour de France, la Mélodie des strapontins, de Gérard Calvi et Pierre Tchernia.
Les festivals
En France, l'été lyrique tourne autour de deux pôles, Orange et Aix-en-Provence. En affichant, dans Don Carlos, cinq super-vedettes, les Chorégies d'Orange renouaient avec leurs fastes passés ; la réunion de Montserrat Caballé, Grace Bumbry, Giacomo Aragall, Renato Bruson et Simon Estes se révélait bien plus concluante que la distribution de Carmen quelques jours plus tard, malgré la présence de José Carreras. Aix décevait avec un Barbier de Séville consternant à tous les points de vue, mais se rattrapait avec La Finta Giardiniera de Mozart, grâce à la mise en scène de Gildas Bourdet et Alain Milianti et à une équipe homogène. Succès d'estime à Vaison-la-Romaine pour l'Isola disabitata qui continue le cycle Haydn commencé par Guy Coutance et Cyril Diederich en 1979 à Carpentras, ce dernier rendez-vous musical bénéficiant cette année de la présence d'un nouveau directeur, Georges François Hirsch, auquel on doit entre autre la redécouverte du Roi d'Ys. À Lyon, en revanche, le festival Berlioz n'arrive pas encore à réellement s'imposer.
À Bayreuth, pas de nouvelle production et rien à remarquer si ce n'est le départ de Georg Solti et de Peter Hall, peu avant le début des représentations du Ring. À Salzbourg, on avait sans doute trop attendu du nouveau Macbeth, malgré la direction de Riccardo Chailly et, dans les rôles principaux, Ghena Dimitrova et Piero Cappuccilli. Quant à Munich, sa seule production nouvelle, le Barbier de Bagdad de Cornelius, n'a convaincu personne. Glyndebourne fêtait son cinquantenaire avec deux réalisations de qualité, portant la marque distinctive de ce lieu privilégié, Arabella et le Couronnement de Poppée.
La contestation atteint le Mai florentin, où le Rigoletto du Soviétique Youri Lioubimov divise l'Italie, tandis que Luciano Berio adapte l'Orfeo de Monteverdi, qui n'avait certes pas prévu que son héros mourrait déchiqueté par une horde de motards. À signaler absolument, Martina Franca, qui offre sans conteste le programme le plus courageux et le plus enrichissant : Il Giuramento de Mercadante, Adelaide di Borgogna de Rossini et Le Astuzie femminili de Cimarosa. Hors concours : Pesaro, qui rassemble l'élite des rossiniens du moment pour la résurrection du Voyage à Reims (jugez-en : au pupitre, Claudio Abbado ; mise en scène : Ronconi ; et les voix de Lucia Valentini Terrani, Lella Cuberli, Katia Ricciarelli, Leo Nucci, Enzo Dara, Samuel Ramey...), suivi, quelques jours après, du nouveau Comte Ory dû à Pizzi.
Il est difficile de conclure, si ce n'est en constatant que l'indifférence du public à l'égard des créations lyriques correspond à celle qui frappe le domaine musical dans son ensemble. Retrouver le grand répertoire, entendre des voix exceptionnelles sont les préoccupations essentielles de la plupart des « lyricomanes », qui sont, nous l'avons dit, des passionnés avant tout. De là à faire de l'opéra un objet de musée, il n'y a qu'un pas ; s'il n'a plus à prouver qu'il peut être un art total, il lui faut lutter sans cesse pour faire reconnaître sa modernité. Rien n'est perdu, toutefois, tant que l'enthousiasme demeure, même s'il faut se méfier de ses excès.
Étranger : la palme à la monnaie de Bruxelles
Peu de grands événements en Allemagne : signalons quand même une nouvelle production signée Jean-Claude Riber de l'Ange de feu à Bonn (mars) et la Pie voleuse à Cologne (mai).
Mavra de Stravinski (février), un remarquable Idoménée (mars), dans une mise en scène de François Rochaix sous la direction musicale de Jeffrey Tate ; l'Amour des trois oranges vu par Andrei Serban (septembre) : Genève maintient sa tradition de qualité.
I Lombardi alla prima crociata (avril) et, en juin, un spectacle Leonard Bernstein (Trouble in Tahiti/A quiet place) marquent la saison de la Scala de Milan. Venise se distingue par son originalité en proposant à la Fenice la création mondiale scénique des Scènes de Faust de Schumann tentée avec succès par Virginio Puecher. La tendance italienne semble être la redécouverte d'une partie de son répertoire national : Il Nascimento dell'Aurora (mars) à Venise, grâce à Claudio Scimone, la Schiava liberata de Jommelli à Naples (juin), la Vestale à Gênes (avril), l'Ajo nell'imbarazzo de Donizetti à Turin (mars) en sont le parfait exemple. Mais c'est à Vérone qu'il faut aller pour entendre Manon Lescaut d'Auber qui revit par les soins de Jean-Pierre Marty, Dominique Delouche et Mariella Devia.