La nouvelle équipe dirigeante, qui doit faire face à la guérilla déclenchée par les Moudjahidin du peuple, est à son tour décapitée, avec la disparition de M. Radjaï et D. Bahonar, tués le 30 août au cours d'un attentat contre le siège du conseil des ministres.

Le Conseil provisoire de la présidence, qui assure l'intérim du pouvoir, désigne aussitôt à la tête du PRI l'hodjatoleslam Ali Khamenei, lui-même blessé au cours d'un attentat. Mahdavi Kani, le ministre de l'Intérieur, est chargé de présider le nouveau gouvernement. Le 2 octobre 1981, Ali Khamenei est élu à la magistrature suprême avec 97 % des voix.

L'assassinat de M. Radjaï et D. Bahonar, suivi le 5 septembre de celui du procureur général de la révolution, l'ayatollah Ali Ghodoussi, un modéré, intensifie la campagne de répression. Malgré les recommandations de l'imam Khomeiny, qui demande aux responsables des tribunaux islamiques « de ne pas perdre le contrôle d'eux-mêmes et de ne pas transgresser la loi et l'ordre de l'islam », les juges des tribunaux révolutionnaires multiplient les exécutions avec la froide détermination de noyer dans le sang toute opposition armée au régime.

Dans les prisons où sont entassés des milliers d'opposants, la torture devient une pratique courante. Les 21 et 22 septembre 1981, 182 sympathisants Moudjahidin arrêtés au cours d'accrochages avec les Pasdaran (Gardiens de la Révolution) sont fusillés à l'issue de procès expéditifs. Depuis la destitution de l'ancien président Bani Sadr, qui s'est réfugié le 29 juillet à Paris en compagnie de Massoud Radjavi, le chef des Moudjahidin, plus de 1 800 personnes ont été exécutées dans le pays.

Les relations entre Paris et Téhéran se dégradent rapidement. L'ayatollah Khalkhali exige, dès le 30 juillet 1981, des mesures contre l'ambassade de France et l'extradition des deux dirigeants iraniens accusés d'être à l'origine du terrorisme antigouvernemental, qui a fait en quatre mois près d'un millier de morts. Des manifestations hostiles sont organisées devant le bâtiment de l'ambassade.

Opposition

Craignant le pire, Paris rappelle, le 5 août 1981, l'ambassadeur Guy Georgy et invite les ressortissants français à regagner la France. L'exode des 116 résidents français, un instant retardé par les autorités iraniennes, se termine le 12 août sans incident notable. Les strictes dispositions que Paris avait prises pour empêcher tout contact entre la presse et les opposants iraniens, réfugiés à Auvers-sur-Oise, sont aussitôt levées. Ces derniers multiplient les déclarations prédisant « la fin imminente de la dictature sanguinaire de Téhéran ».

Un nouveau grief s'ajoute bientôt contre Paris avec le détournement, au large de l'Espagne, du Tabarzin, l'une des trois vedettes livrées par la France. Les auteurs de l'opération, d'inspiration monarchiste, obtiennent l'asile politique en France, qui devient ainsi pour Téhéran « le refuge des traîtres ». La rupture entre les deux pays est désormais consommée. Radio Téhéran regrette « l'ère Giscard d'Estaing » et accuse F. Mitterrand de « déshonorer la France ».

Bani Sadr confie le 1er octobre à M. Radjavi, président du CNR (Conseil national de la résistance), la direction d'un gouvernement provisoire iranien. Cette décision reste cependant lettre morte, le CNR ne parvenant pas à grouper l'ensemble de l'opposition réfugiée à l'étranger. Les groupements royalistes n'y sont pas admis, tandis que les diverses organisations d'inspirations libérale et marxiste refusent d'y adhérer, en raison de la présence de Bani Sadr, contesté « pour avoir collaboré avec le régime islamique ».

Antisubversif

Soumis à une répression d'une extrême brutalité, les Moudjahidin, le plus puissant mouvement de l'opposition, commencent à perdre du terrain. Le procureur général Tabrizi estime, le 20 octobre, que le problème du terrorisme est partiellement réglé et laisse prévoir une « diminution du nombre des exécutions, en raison du succès de la lutte antisubversive ».

La disparition du chef militaire des Moudjahidin, Moussa Khiabani, tué le 8 février 1982 avec presque tous les membres de son état-major, porte un coup sévère à l'organisation. Privés de leur direction centrale, pourchassés dans leurs caches par les Pasdaran, qui semblent disposer d'informations précises sur le mouvement, les Moudjahidin ne se manifestent plus qu'en ordre dispersé et d'une manière sporadique. Leur appareil organisationnel est virtuellement démantelé.