La demi-brouille Pékin-Washington ne semble pas favoriser un rapprochement Pékin-Moscou, malgré les offres répétées du Kremlin de reprendre les négociations sur les frontières communes interrompues par la Chine après l'invasion de l'Afghanistan. Malgré tout, en mars 1982, trois économistes chinois font un stage discret à Moscou, et un accord est signé sur la navigation des fleuves frontaliers. Des athlètes soviétiques sont accueillis à Pékin en juin 1982, pour la première fois depuis 17 ans.

Mais, quelques jours plus tard, Pékin « rejette fermement les attaques lancées contre la Chine » à Tachkent par Leonid Brejnev, qui assortit de critiques maladroites une nouvelle offre de négociations, obtenant pour toute réponse : « Nous ne tenons compte que des actes concrets de l'Union soviétique. »

Autres opérations anti-hégémonistes : l'accueil à Pékin en avril 1982 du Premier ministre roumain, connu pour sa relative indépendance vis-à-vis de Moscou, et le séjour en mars d'une délégation du Parti communiste français. « Preuve de notre indépendance vis-à-vis du Kremlin », souligne Georges Marchais, apprenant qu'il est, à son tour, officiellement invité en Chine.

Après avoir renoué avec le PC italien en 1979, avec le PC espagnol en 1980 et le PC français en 1982, la Chine populaire encourage un eurocommunisme qui déplaît à l'URSS, et elle prépare peut-être un 12e congrès où tous les partis frères invités donneront de Pékin une image de pôle d'attraction mondial, concurrent de Moscou.

Mode

Cette stratégie marxiste-léniniste n'empêche pas, en matière de consommation, de viser parfois beaucoup plus haut que la simple satisfaction des besoins du peuple : le 25 novembre 1981, jour de la Sainte-Catherine, Pierre Cardin inaugure à Pékin une première boutique de mode avec défilé de mannequins chinois, femmes et hommes. Et il annonce la création d'une usine qui fabriquera 7 000 costumes par jour. Il installera aussi un restaurant Maxim's à l'hôtel Pékin, inaccessible au tourisme moyen.

Christian Dior ouvre, en mars 1982, 14 boutiques à Canton, Shanghai et Pékin, où, entre-temps, Carmen se chante en chinois dans une mise en scène française. À Paris, le Comité France-Chine ajoute à sa revue française Économie et commerce une revue rédigée en chinois destinée aux délégations et touristes éventuels venus de Chine. Ils viendront plus nombreux si la « nouvelle révolution » de Deng Xiaoping réussit.

Mariages mixtes ? Oui mais...

Une Française, Catherine Dezaly, épouse, le 30 décembre 1981, à Pékin, un Chinois, Wang Keping. Après plus de six mois d'attente, leur autorisation de mariage a sans doute bénéficié, a contrario, de l'interdiction d'un autre mariage mixte entre une Chinoise, Li Shuang, et un Français, Emmanuel Bellefroid, attaché culturel près l'ambassade de France à Pékin. Poste qui, logiquement, obligeait le diplomate à fréquenter les artistes, considérés presque tous comme dissidents politiques. Et une artiste-peintre justement, Li Shuang, membre du groupe Xing-xing (« Les étoiles »), devient sa concubine : elle habite chez lui dans le ghetto strictement réservé aux étrangers. C'est au poste de garde qu'elle est arrêtée le 9 septembre 1981 ; elle est très vite condamnée à deux ans de « rééducation par le travail ». Alors, le mariage interdit devient affaire d'État : présent à Pékin, le ministre Michel Jobert proteste au plus haut niveau, annule des rendez-vous, écourte son séjour. Chassés-croisés de communiqués, interventions à tous niveaux, manifestations à Paris d'un Comité Li Shuang, déferlement des médias internationaux... Rien ne fait céder les Chinois, qui ne le pourraient plus sans perdre la face. Alors, pour faire un cas particulier de l'affaire Li Shuang, deux semaines après son inculpation, ils autorisent une autre Chinoise à épouser un autre Français, garde de sécurité à l'ambassade de France. Par ailleurs, ce n'est pas une coïncidence si Wang Keping, autorisé, lui, à épouser Catherine Dezaly, est un jeune sculpteur, vedette du groupe Xing-xing auquel appartenait la malheureuse Li Shuang.

Chypre

Nicosie. 630 000. 68. 0,1 %.
Économie. PIB (78) : 2 224. Productions (78) : A 11 + I 29 + S 60. Énerg. (80) : 1 917. CE (78) : 25 %. P (76) : 148. Ch. (78) : 2 %.
Transports. (*78) : 77 700 + 18 700. (*80) : 2 091 000 tjb. (78) : 525 pass./km.
Information. (76) : 13 quotidiens ; tirage global : *72 000. (76) : 200 000. (76) : 57 000. (78) : 92 000.
Santé. (77). 478. Mté inf. (79) : 16,9.
Éducation. (77). Prim. : 55 166. Sec. et techn. : 49 358. Sup. (76) : 782.
Institutions. République indépendante le 16 août 1960. Président de la République et chef de l'exécutif ; Spyros Kyprianou, élu le 26 janvier 1978 ; succède à Mgr Makarios, décédé. Proclamation, le 13 février 1974, d'un État autonome turc, laïc et fédéral, ayant à sa tête Rauf Denktash, réélu pour un deuxième mandat, le 28 juin 1981.

Panhellénisme

Apparemment, rien ne vient troubler le statu quo imposé par l'armée turque, qui occupe, pour la huitième année consécutive, plus du tiers de l'île. Le plan Waldheim, proposé le 22 octobre 1981 par celui qui était alors le secrétaire général de l'ONU, déçoit toutes les parties. Les voyages du président Kyprianou à Paris et Washington (décembre 1981) demeurent sans lendemain. Les pourparlers intercommunautaires butent toujours sur la détermination des Chypriotes turcs et d'Ankara à transformer l'île en un État confédéral. Alors que Nicosie et Athènes prônent un État centralisé.